C’est peut-être le fait que le tout ait connu son summum en plein été quand les nouvelles dans le monde politique tendent à être, elles aussi, en vacances, mais cette affaire des dépenses au Sénat a reçu une attention hors du commun. Ne concluez pas que je veux être un apologiste des gestes posés. S’il y a eu des gestes illégaux, et bien les individus concernés devront en payer le prix. Mais pourquoi donc toute cette attention ?
En écoutant et en lisant les très nombreux reportages sur les habitudes de voyage et les rapports de dépenses de la sénatrice Wallin, j’ai reconnu certains comportements qui, ma foi, ne m’apparaissent qu’être l’exclusivité de madame Wallin. Il est vrai que le tout fait sourciller par les nombreux exemples de dépenses soi-disant reliées à son travail de sénatrice alors qu’il semble que cela ne soit clairement pas le cas. Mais pour d’autres, celles où elle mariait l’utile à l’utile, c’est-à-dire une petite rencontre ou deux dans le cadre de son rôle officiel qui parfois tombait, que le hasard fait bien les choses, au moment où se tenaient des activités partisanes dans les parages, il faut dire qu’elle n’a pas inventé le stratagème.
Elle n’est certainement pas la première ni la dernière membre du Sénat à se trouver au bon endroit au bon moment lors de déplacements officiels. Ce n’est pas une raison pour lui faire l’absolution complète, mais la virulence de la tempête médiatique autour de ce dossier m’étonne quand même un peu. Comme je le mentionnais d’entrée de jeu, cela ne peut que s’expliquer par la période estivale.
C’est comme si on avait consciemment fait en sorte que le rapport tombe en ce moment pour, peut-être, vouloir que tous les yeux se tournent vers le Sénat. Pas des yeux tout doux. Non ! Des yeux remplis de colère et assoiffés de vengeance. Se pourrait-il que ce triste épisode soit la fameuse goutte qui puisse faire déborder le vase ? Bref, bien qu’il paiera certainement un prix politique à court terme, est-il possible que ce scandale sénatorial permette au gouvernement Harper de s’armer d’arguments pour enfin pouvoir faire progresser son agenda de réformes du Sénat ? Pas impossible. On le verra sans doute lors du prochain énoncé de l’agenda politique du gouvernement lorsque sera présenté le prochain discours du Trône.
Je veux quand même revenir sur l’espace médiatique qu’a occupé cette affaire ces dernières semaines. Un sondage réalisé aux États-Unis lève un peu le voile sur ce que pense la population sur le rôle des médias. Il explique un peu pourquoi les médias portent une telle attention sur nos leaders. En fait, selon le centre de recherche Pew, bien que nos voisins du sud soient très critiques des médias, plus des deux tiers pensent que leur rôle de chien de garde fait en sorte que nos leaders ne font pas ce qu’ils ne devraient pas faire.
Pour le reste, le sondage ne contient rien de bien réjouissant pour les médias. Une très faible proportion d’Américains pense qu’ils sont factuels, équitables, ou indépendants. Cela peut expliquer pourquoi les médias non-traditionnels gagnent en popularité.
Mais, pour en revenir à madame Wallin et à la classe politique en général, ils devront se faire à l’idée que les journalistes vont continuer plus que jamais à braquer les projecteurs sur leurs comportements lorsque ceux-ci ne semblent pas passer le test de la probité. Il semble que ce soit un de leurs derniers retranchements.