Les statistiques le confirment année après année, la Grande-Bretagne est la troisième destination préférée des touristes canadiens, après les États-Unis et le Mexique. Mais pour ceux qui sont passionnés d’histoire canadienne, la grande métropole britannique présente un intérêt tout particulier. Après tout, il fût un temps où cette ancienne capitale impériale était un peu la capitale de toutes les colonies et dominions de l’Empire, le Canada compris. Ces liens historiques ont laissé beaucoup de traces.
Canada House, sur la place Trafalgar est, depuis 1925, l’élément le plus visible de cette présence canadienne à Londres. C’est avant tout un centre culturel qui présente les œuvres d’artistes canadiens. C’est sur la place Trafalgar que la fête nationale du Canada est célébrée à Londres. Cette année, l’évènement a attiré plus de 90 000 personnes. Mais dans le passé, toutes les provinces canadiennes avaient des bureaux permanents dans la capitale de l’Empire. Ils avaient pignon sur rue dans les beaux quartiers. Certains ont fermé boutique pour raison d’économie et quelques-unes de ces provinces ont vendu les imposants bâtiments qu’elles possédaient dans cette ville où chaque mètre carré vaut une fortune. Certaines provinces veulent continuer à maintenir une présence à Londres. C’est le cas du Québec qui possède un joli bâtiment du XVIIIe siècle sur la prestigieuse avenue Pall Mall.
À l’époque de l’Empire britannique, au sein duquel le Canada portait fièrement le titre de senior dominion, Ottawa a tenu à avoir un imposant monument tout près du palais de Buckingham. De fait, si vous vous tenez devant le palais, tournez-vous vers la droite et admirez l’immense portail qui marque l’entrée de Green Park. C’est le Canada Gate, érigé en 1906. Jaloux, les autres dominions ont demandé à avoir eux aussi leurs portes commémoratives près du palais. C’est pour ça qu’à l’entrée du Parc St James, se trouvent les portes des autres dominions. Mais la porte du Canada est de loin la plus grande et la plus imposante pour bien marquer qu’il s’agissait là du senior dominion.
Je ne m’attarderai pas sur les statues à l’honneur du général Wolfe, vainqueur de la bataille de Québec, ça ne risque pas d’attirer les Canadiens français en masse. Il est également dommage que la compagnie de la Baie d’Hudson, dont la maison-mère était à Londres jusqu’en 1970, ait laissé si peu de traces. Tout juste une girouette en forme de castor sur un bâtiment du quartier des affaires. Quant aux armes de la compagnie de la Baie d’Hudson taillées dans la pierre, elles ont été préservées quand l’ancien bâtiment a été détruit mais pour les voir, il faut entrer dans le hall de la tour de la Banque royale du Canada à Londres ce qui ne vaut sans doute pas le déplacement.
En ce qui concerne plus spécifiquement la Colombie-Britannique, on peut mentionner le totem de Windsor Great Park, sculpté par Mungo Martin aux Îles Haida Gwaii et érigé dans ce parc royal en 1958. Mais cette fois, j’ai choisi la tombe du capitaine George Vancouver. Cet explorateur qui nous a « mis sur la map » est mort à l’âge de 40 ans (en 1798) et a été enterré dans le cimetière du village de Petersham (maintenant dans la région métropolitaine de Londres) où il résidait. En 1920, le représentant de la Colombie-Britannique à Londres a découvert que la tombe, enfouie sous les ronces, était oubliée de tous. Il a entrepris sa restauration avec l’aide d’historiens amateurs. Maintenant, la ville de Vancouver finance l’entretien de la tombe. Ce ne sera sans doute jamais un grand site touristique. Cette année, l’ambassadeur du Canada à Londres, qui n’est nul autre que Gordon Campbell, l’ex premier ministre de Colombie-Britannique, a présidé une petite cérémonie sur la tombe du grand navigateur. Il n’y avait qu’une vingtaine de personnes et je soupçonne que bon nombre d’entre elles ont été recrutées parmi les 250 employés de l’ambassade.
Est-ce que tous ces lieux historiques font que les Londoniens pensent souvent au Canada ? Pas vraiment, mais il est vrai que la ville regorge de noms et de choses qui évoquent l’ancien empire britannique. Par contre, ils ne cessent pas de penser à nous quand ils se promènent dans un parc et marchent dans les excréments d’oiseaux. En 1665, quelqu’un a eu l’idée géniale d’offrir des oies provenant des colonies nord-américaines au Roi Charles II qui les a placées dans le Parc St James, au centre de Londres. Ces bernaches (Canada goose en anglais) se sont reproduites d’abord lentement jusqu’à la 2ème moitié du XXe siècle, où elles ont atteint une masse critique et ont commencé à envahir l’Angleterre. Cette explosion démographique em…….erde tout le monde et suscite de nombreuses discussions au sujet du Canada goose problem.