Afin de prévenir toute polémique, comme ce fut le cas lors de ma dernière chronique, et surtout avec la bonne intention de ne froisser personne, surtout pas ceux qui le méritent, je me vois dans l’obligation de pondre une chronique sans queue ni tête. Une de plus, me direz-vous. Je vous préviens. Ce qui suit n’est pas sérieux. Que dire lorsque l’on n’a rien à dire ? Rien. Tais-toi, m’a conseillé mon petit doigt qui, par mégarde, s’était infiltré dans mon oreille. N’écoutant que moi-même, et non mon auriculaire, je fis fi de ce conseil pour le moins malveillant. J’ai un devoir à remplir. Je le remplirai. Je me suis engagé, pour le meilleur et pour le pire, avec ce journal et ses lecteurs. Je ne peux faire faux bond.
Je vais, une fois n’est pas coutume, plagier ouvertement et sans gêne, les oracles des génies d’antan. Je me suis en fait lancé, en temps de pénurie cérébrale, le défi d’écrire cet article en faisant appel tout simplement aux célèbres proverbes, locutions et dictons français. Contrairement à ce que vous pourriez croire, la tâche n’est pas des plus faciles. Mais, comme chacun le sait, à l’impossible nul n’est tenu. Sachant fort bien qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, je me suis lancé, comme vous pouvez vous en rendre compte, dans l’aventure. Après tout, advienne que pourra. Aide-toi, le ciel t’aidera, me rappelait sans cesse ma chère mère profondément athée. Je l’ai d’ailleurs consultée, car deux avis valent mieux qu’un. De la discussion jaillit la lumière, dit-on.
Je n’en étais pas plus avancé. J’aurais dû le savoir. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Ainsi, déçu, je suis allé m’allonger. La fortune vient en dormant, paraît-il. Je me suis donc endormi sur mes deux oreilles et non sur mes lauriers. J’avais un peu faim mais, comme chacun le sait, qui dort dîne. J’ai donc bien mangé cette nuit là. Je me suis réveillé repu. J’ai ensuite décidé de mettre les bouchées doubles et ne plus remettre au lendemain ce que je pouvais faire le jour même. J’ai donc pris le taureau par les cornes, car il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et puis je voulais absolument démontrer que j’avais bien la tête sur les épaules.
Par ailleurs, me suis-je rappelé, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Ce à quoi mon cousin Gaspard, qui n’a pas la langue dans sa poche, m’a fait valoir que c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maçon. L’occasion, paraît-il, fait le larron. J’ai suivi son conseil et sur la première pierre, j’ai commencé par bâtir mon église, afin de prêcher pour ma paroisse. J’ai voulu, excusez l’expression, péter plus haut que mon cul. Jouer avec le feu ne me réussit pas. En effet, à vouloir faire des économies de bouts de chandelle, j’ai fini par la brûler par les deux bouts. J’espère avoir appris ma leçon. J’ai parlé de mes déboires avec ma cousine Germaine, la plus belle fille du monde, qui ne peut donner que ce qu’elle a. Germaine, qui aime bien laver son linge sale en famille, m’a fait comprendre qu’il ne fallait pas jeter le bébé avec l’eau du bain et que je devais reprendre du poil de la bête. Elle est du genre, fais ce que je te dis, pas ce que je fais. Je ne lui en veux pas car, comme l’enfer, elle est pavée de bonnes intentions. Sa fille est comme elle. Après tout, les chiens ne font pas des chats.
Comprenant que nul n’est prophète en son pays et qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, j’ai décidé de couper le cordon ombilical qui me retenait jusqu’alors à ma terre natale. Et puis, appelons un chat un chat. Je dois redorer mon blason. Pour cela, il faut que je cesse de prendre des vessies pour des lanternes. J’ai finalement compris que c’est comme on fait son lit qu’on se couche.
Toute cette histoire, je suis le premier à le reconnaître, est un peu tirée par les cheveux. Elle a peut-être mis à bout votre patience et sans doute offensé votre intelligence. Elle a le mérite toutefois de n’avoir offusqué personne. Du moins je l’espère. Il s’agissait d’un jeu. À vous de trouver, si le cœur vous en dit, le nombre de locutions, dictons ou proverbes utilisés dans ce texte pris hors contexte. Bonne chance.
Rappel : il n’y a rien à gagner. Même pas des cacahuètes.