A la fin septembre, j’ai passé une semaine à Montréal et Ottawa, ce qui m’a donné l’occasion de les comparer à Vancouver. Cela s’est avéré un exercice fascinant pour diverses raisons. Montréal est bien sûr la plus peuplée, suivie de Vancouver et d’Ottawa. Mais quand on ne compte que la population de la ville elle-même, et non pas sa grande région métropolitaine, Ottawa passe devant Vancouver. En effet Vancouver compte 600 000 habitants et Ottawa plus de 800 000. En fait saviez-vous que Vancouver est la 8ème en importance au pays, après Toronto, Montréal, Calgary, Ottawa, Edmonton, Mississauga et Winnipeg ?
Ces trois villes illustrent bien les débats entre les tenants de la densification urbaine, soit développement des transports communautaires, apaisement de la circulation, espaces verts et pistes cyclables et les tenants des banlieues, soit grande cour arrière, piscine creusée ou hors terre, garage double et le terrain de 6000 pieds carrés.
L’arrondissement du Plateau-Mont Royal à Montréal, dont la densité de population est plus élevée que celle de Vancouver, dirigé par son maire Luc Ferrandez, est comparable à Vancouver sur plusieurs plans. Gregor Robertson et Luc Ferrandez sont de la même génération, leurs philosophies politiques se ressemblent beaucoup. Luc Ferrandez est un universitaire de haut niveau, militant en environnement urbain, spécialiste en communication et consultant en gestion. Gregor Robertson est tour à tour fermier, homme d’affaires et député provincial néo-démocrate avant de devenir maire.
Luc Ferrandez n’hésite pas à bloquer des rues, renverser les sens uniques et créer des culs-de-sac pour empêcher les automobilistes d’ailleurs de transiter par son arrondissement. On est loin des quelques petits ronds points et culs-de-sac du West End. Mais l’effet recherché est le même. Imaginez un peu les réactions ici, si pour des raisons semblables, le conseil municipal de Vancouver décidait d’interdire la circulation aux non résidents de Point Grey road, par exemple…
Il y a des pistes cyclables partout sur le Plateau, et elles sont bien utilisées. En fait le maire Ferrandez a été critiqué l’hiver dernier pour les avoir déneigées avant les trottoirs et les rues. Vancouver l’année dernière, vous souvenez-vous ?
La quantité d’utilisateurs des parcs est aussi frappante sur le Plateau. J’ai traversé à plusieurs reprises et à différents moments de la journée, le Parc Wilfrid-Laurier, où il y avait toujours plusieurs familles, couples ou jeunes personnes qui profitaient soit d’un banc, d’une aire de pique-nique ou des tables de tennis sur table…en béton, ou simplement qui se détendaient sur l’herbe. Oui, ici à Vancouver on voit la même chose, mais en été, car une fois la bise venue, peu de monde.
Depuis la défusion de 2005, Montréal compte 19 arrondissements, avec maires et conseillers municipaux, en plus du maire de Montréal. En tout il y a 103 postes électifs, dont près de la moitié siègent aussi sur le conseil de Montréal.
À Vancouver, il y a neuf conseillers et un maire et il n’y a même pas de conseillers municipaux de quartier, ce qui est une anomalie pour une ville de cette taille. Ce qui pourrait expliquer en partie l’opposition que rencontre le conseil de ville, à faire accepter ses nouveaux plans de développement urbain pour le West End, Grandview Woodlands, Marpole et le Downtown East Side. Aucun des conseillers qui siègent à l’Hôtel de Ville, ne parlent en leur nom. Toutefois, les tenants de ce système vous diront que tous les conseillers parlent au nom des résidents de tous ces quartiers.
Un référendum sur la question a déjà été battu en octobre 2004. A suivre.
Pour ce qui est d’Ottawa, je dois avouer avoir passé mes quelques journées à l’extérieur du centre-ville, dans les quartiers de Riverview et d’Orléans. En fait ce sont des exemples typiques de quartiers résidentiels de banlieues, dans lesquels il est à peu près impossible de faire quoique ce soit sans auto.
J’allais oublier. La Ville de Mont-Royal ne fait plus partie de Montréal et oui, la clôture qui longe le boulevard L’Acadie la sépare toujours du quartier de Parc Extension. Semblerait que l’on cadenasse encore les portes de la clôture le soir d’Halloween, pour ne pas devoir partager les friandises destinées aux enfants d’un bord de la clôture avec ceux de l’autre bord.
À Ottawa les clôtures que j’ai vues, étaient autour des ambassades, des résidences du Gouverneur général, du Premier ministre et du Chef de l’Opposition officielle.
Mais il n’y a pas de croix sur quelque montagne ou colline d’Ottawa ou de Vancouver…On ne peut pas en dire autant de Montréal !