Nous sommes au bout du rouleau. 2013 n’en peut plus. L’année s’essouffle. Elle souffre. Petit à petit, elle s’éteint, prête à rendre l’âme. Entendez ses derniers soupirs. Elle agonise. Nous sommes tous là, à son chevet. Personne ne pleure. Pas une larme n’est versée pour cette dame. Pas d’apologie non plus. 2013 n’a pas été un bon millésime, malgré nos souhaits du premier janvier. Avant qu’elle ne soit tout à fait morte, l’envie me prend de l’enterrer. Certes, c’est un peu prématuré mais, puisque c’est ma dernière chronique de l’année, j’y suis bien obligé.
Donc, de 2013, je fais mon deuil dès maintenant. Cela m’arrange. Je serai, comme tout le monde, j’imagine, excessivement occupé et trop préoccupé par les festivités de fin d’année pour préparer ses funérailles. J’ai bien d’autres choses à considérer. Dois-je partir au soleil ou rester ici ? Quel cadeau offrir à ma belle-sœur que je ne porte pas dans mon cœur ? Dois-je inviter mon cousin qui, aux Etats-Unis, vote pour le parti Républicain ? Est-ce que je dois amener une bûche ou une tarte à la crème, chez mon patron qui, tout au long de l’année, me maltraite ? Autant de soucis et de préoccupations qui viennent compliquer et troubler le temps des fêtes. Je pourrais facilement me passer de ces années qui s’apprêtent à trépasser. Mais je dois m’y faire. C’est un mauvais moment à passer. Je le surpasse. J’en ai vu d’autre n’est-ce pas ? Vous n’avez pas à répondre. Je me parle à moi-même. Comme je ne me dis rien de particulièrement intéressant, je décide de revenir à mes moutons qui sont allés paître je ne sais où pendant la transhumance. Je les retrouverai plus tard. Maintenant c’est l’heure de l’eulogie.
Eulogie pour 2013. Une année banale qui ne marquera pas les annales, si ce n’est pour sa pauvre performance. Cette eulogie, je l’ai préparée d’avance en cas de pépin. On ne sait jamais. L’année n’est pas finie. Et si elle décide de s’en prendre à moi comme elle s’en est prise aux autres, je risque de payer cher mes insolences. Mon eulogie donc, pour revenir à mes moutons que j’ai retrouvés, consiste en un long plaidoyer pour des jours meilleurs. Loin de moi l’idée de faire une rétrospective. Encore moins un bilan. D’autres s’en chargeront. Non. Je préfère revenir très brièvement sur ce qui m’a marqué en 2013 et adresser à cette année maudite, qui n’en peut plus de finir, tout mon désarroi. Pour se faire, moi qui passe mon temps à ne rien faire, j’ai cru bien faire de noter non pas les hauts, mais les bas de Dame 2013. J’ai remarqué que, contrairement à madame Obama, elle n’en portait pas. Choqué, j’ai porté mon regard ailleurs et l’ai plongé dans un autre univers: celui d’une profonde réflexion. La vérité m’a alors sauté aux yeux. C’était d’une telle évidence que je m’en suis voulu de ne pas l’avoir remarqué plus tôt. 2013 ne pouvait être autre chose qu’une année porte-malheur. Le chiffre 13, c’est ça. Je n’étais pas superstitieux, mais je le suis devenu.
Comment justifier tous ces désastres et catastrophes qui ont marqué 2013 ? Comment ignorer tous les scandales entourant le monde de la politique canadienne? Je ne vois pas d’autres interprétations. Le réchauffement de la planète, les gaz à effet de serre ? Voyons. Vous n’êtes pas sérieux. Un cas isolé de brebis galeuses sénatoriales? Vous ne savez pas de quoi vous parlez. 13 est un chiffre qui porte malheur. Voilà l’explication. Cette année vient de le prouver. Et le malheur des uns faisant le bonheur des autres, ceux qui nient l’existence des changements climatiques peuvent se réjouir de ma théorie. Théorie que j’avance sans ambages et que je compte soumettre, le plus tôt possible, au conseil privé des sciences numérologiques, connues pour leur totale absence de logique. Quant aux politiciens, qui espèrent s’en tirer à bon compte et attendent avec impatience la fin de cette année porte-malheur, qu’ils patientent. 2014 n’est pas loin. L’année bénite, salvatrice s’en vient à grands pas. N’est-ce pas papa ? Et avec elle apparaîtra peut-être le temps des remords et du repentir, comme disait l’abbé Bette. Disons donc adieu à cette année qui aura duré 365 jours. Un âge normal pour une année non bissextile d’après les extraterrestres qui comptent toujours sur nous pour les informer de nos us et coutumes.
Alors, adieu 2013 et bienvenue à 2014. Une année qui promet : les Jeux Olympiques de Sotchi, la Coupe du monde de soccer au Brésil, ou de football, pour ceux qui savent jouer, la course aux Oscars et aux Félix, la marche des pingouins, l’élection de Miss Squamish, la traversée du désert de Justin Bieber, la descente aux enfers de Stephen Harper, la déconfiture de Justin Trudeau, la découverte de l’Ouest par Thomas Mulcair, la vente aux enchères des chaussettes de Rob Ford et j’en passe. Je sens qu’on va s’amuser en 2014. J’ai hâte d’y être. J’en trépigne d’impatience. Déroulons vite le tapis rouge pour l’accueillir en bonne et due forme. 2014, je vous aime déjà.