Du haut de ses 17 ans, Noah Rondeau, ministre de la protection civile, entend mener une politique autoritaire qui conduira à la création d’une milice sur le territoire de la Colombie-Britannique. Une idée qu’il défendra avec ardeur face à ses camarades parlementaires…même s’il ne la soutient pas du tout : « J’ai proposé ce projet de loi pour des raisons satiriques », avance le jeune étudiant scolarisé à l’école Victor Brodeur à Victoria. Un jeu de rôle bien dans l’esprit du Parlement Jeunesse francophone dont la 16ème édition se déroulera du 16 au 19 janvier. Rassemblés au sein même des bâtiments du Parlement de Victoria, les 120 participants francophones et francophiles âgés de 14 à 25 ans revêtiront pour ces quelques jours les costumes de députés, journalistes, activistes ou encore de pages. Une occasion pour eux de s’initier à la vie politique dans une ambiance conviviale.
Encourager la participation citoyenne
Quatre projets de loi imaginés par les jeunes ministres seront débattus cette année. Une discussion qui fera suite à un travail de préparation méthodique : « les projets de lois ont été retenus par le cabinet et rédigés pendant plusieurs semaines par les ministres avec l’appui de l’Association des juristes francophones de Colombie-Britannique. Nous avons aussi créé un lien pédagogique avec les professeurs pour qu’ils soient un relai d’information auprès des étudiants qui viendront participer à l’évènement », confie Rémi Marien, directeur général du Conseil Jeunesse francophone, organisateur de l’évènement. Informés de ces projets grâce à une page Facebook spécialement créée en amont pour l’occasion, les parlementaires seront quant à eux invités à donner leur point de vue sur ces idées plus ou moins réalistes. « L’important est de réfléchir aux enjeux de société autour de thématiques qui pourront créer le débat », détaille Rémi Marien. Un avis partagé par Forrest Wakarchuk, 19 ans, étudiant à SFU et accessoirement ministre de l’éducation : « Je défendrai un projet sur l’ajout d’une année supplémentaire à l’école secondaire. Au-delà de l’idée même, je voulais déposer un projet de loi qui prête à discussion. Il s’agit aussi de montrer aux jeunes que nous pouvons avoir une voix qui porte au sein du système éducatif », assure-t-il.
Un exercice d’expression
Au parlement plus qu’ailleurs, l’art oratoire revêt une importance particulière. Une rhétorique visiblement recherchée par les participants, notamment les plus expérimentés. Président de l’Assemblée, Stéphane Gaudet, 19 ans, a gravi les étapes pas à pas puisqu’il en sera cette année à sa 9ème participation. Une assiduité qui lui a valu la reconnaissance de ses pairs et l’occasion de diriger la chambre pour la première fois. « J’adore parler en public », confie l’intéressé. « A l’école, je participe souvent à des concours d’art oratoire. Participer au Parlement me permet de développer des talents interpersonnels et je me sens donc prêt à assumer mon rôle dans quelques jours. » Une motivation également affichée par Noah Rondeau, trois participations au compteur, pour qui ces jeux de rôles offrent l’opportunité de « s’entraîner en travaillant sur ses capacités. »
Communiquer avec d’autres francophones
Hormis l’intérêt pédagogique, l’évènement permet aussi de développer un sentiment d’appartenance à la communauté francophone comme le pense Noah Rondeau : « Le parlement est mon élément. A chaque édition, je me sens membre d’une grande famille, celle de la francophonie britanno-colombienne qui est assez diverse. Contrairement à des provinces comme le Québec, je pense qu’il s’agit d’une communauté d’immigration au sein de laquelle les gens s’identifient davantage à la langue française plutôt qu’au territoire d’origine. » Un amour pour la langue qui explique aussi la participation de quelques francophiles à l’image de Forrest Wakarchuk, dont les parents sont anglophones : « J’ai grandi dans un environnement très multiculturel où mes amis parlent souvent deux langues. En tant que Canadien, je me sentais donc obligé d’être bilingue », affirme-t-il dans un français parfait. Quant à Stéphane Gaudet, scolarisé au collège Camosun, l’idée de retrouver ses amis francophones chaque année suffit à son bonheur : « Je n’ai pas souvent l’occasion de parler français alors qu’il s’agit de ma langue maternelle. Pouvoir le faire au sein du parlement, c’est génial ! ». L’objet d’une prochaine loi ?