L’important ce n’est pas la rose comme le prétend Gilbert Bécaud. Non, l’important c’est ce qui vous importe. C’est ce qui vous distrait ou, au contraire, ce qui vous absorbe. L’important c’est de savoir ce que l’on veut. C’est aussi savoir ce qui compte. Et je compte sur vous pour le savoir. Si j’aborde cet important sujet, ce n’est pas par ennui ni par excès d’oisiveté. Et ce n’est certainement pas le fruit d’une réflexion gratuite. En fait, c’est l’actualité qui me pousse à en parler.
Ce qui était important il y a un mois ne l’est plus aujourd’hui. Ce qui ne l’était pas l’est devenu. Ainsi, le scandale des sénateurs voleurs qui nous a tant occupés, à défaut de nous préoccuper, en fin d’année dernière, me laisse indifférent, presque morose, ces jours-ci. Je n’y attache que peu d’importance. Quand on m’en parle, je fais la moue. Ma réaction est molle. Je préfère m’intéresser à l’avenir de notre huard qui, ces derniers temps, prend du plomb dans l’aile. Ne tirez plus sur notre canard national, me suis-je surpris à dire, en attendant de savoir si cette chute de notre valeureuse monnaie fait mon affaire ou pas. Vais-je pouvoir me payer des vacances aux Caraïbes cet hiver ou, faute de moyen, ne m’offrir qu’un petit séjour au camping de Chilliwack cet été ? L’enjeu est énorme, d’où son importance.
Il faut se rappeler que ce qui est important pour les uns l’est peut-être moins pour les autres. Je connais des gens qui montent aux barricades afin de protéger le patrimoine canadien, proie facile de promoteurs immobiliers peu scrupuleux. J’en connais d’autres qui s’en moquent comme de l’an quarante. L’avenir de l’ancien cinéma Hollywood pourrait servir d’exemple. L’important dans ce cas-là, c’est de se positionner, me rappelait un ami qui était bien mal placé pour me donner des conseils. L’important, lui ai-je répondu du tac au tac, pendant que mon cœur faisait tic toc, c’est de s’impliquer. Tu t’es impliqué ? m’a-t-il demandé ricaneur. Non, lui ai-je répondu, l’air pitoyable. Qu’attends-tu ? La venue du Messie ? a-t-il ironisé. Pas du tout, fut ma réplique. J’attends la venue d’un mécène. Il prit alors un air maussade. Mais si, c’est d’un mécène dont on a besoin, ai-je rajouté, histoire de le convaincre, et un mécène n’apparaît pas par miracle.
On ne rigole pas avec ces choses là, m’a-t-il reproché. C’est trop important. Sur ce, je me suis tu. Depuis, quand je le vois, on se vouvoie. Peut-être attachons-nous trop d’importance aux choses importantes ?
Dans un tout autre ordre d’idée, mais sans en minimiser l’importance, alors que la question revient sur le tapis en Ontario et au Québec, nous sommes en droit de nous demander s’il est raisonnable d’avoir des accommodements raisonnables ?
Je pense que oui, dès l’instant où ça ne nuit pas à autrui. Question donc de sentiment. Pensez à la formule de Pascal : le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Ce qui est important, c’est de ne pas créer une tempête dans un verre d’eau gazeuse. Tout cela me donne soif. Il est important de se désaltérer. C’est fait.
Voici maintenant, sans ordre d’importance, une série de questions et de réponses non importantes.
L’important, c’est de tenir ses promesses ? Oui mais, malheureusement, j’ai déjà manqué à toutes mes résolutions prises le 1er janvier.
L’important, c’est l’environnement ? D’accord, j’arrête de fumer comme une cheminée de mine de charbon et je promets de ne plus me soulager quand je me baigne dans le lac du castor castré.
L’important, c’est le détachement ? Je veux bien, mais que vais-je faire de mon ego ? Personne n’en veut.
L’important, c’est la fidélité ? Peut-être ben que oui, peut-être ben que non. Je me demande ce qu’en pense François Hollande qui a été pris le casque à la main dans le sac ? Il peut toujours se défendre en prétendant que ce n’est pas lui mais son sosie que les photographes ont saisi. Pauvre François. Pauvres Français. Pauvre France. Maintenant il faut passer à confesse. Je ne suis pas sûr que son homonyme au Vatican accorde l’absolution à cet infidèle.
Et pour finir sur une note de sagesse, il faut savoir que l’important, c’est de se taire quand on n’a rien à dire, surtout lorsqu’on ne vous a rien demandé. J’ai compris. Je ne me le ferai pas dire deux fois.