Dans un monde en perpétuelle évolution, les nouvelles générations vont avoir de nombreux défis à relever au cours des prochaines décennies, qu’ils soient d’ordre économique, écologique ou d’urbanisme. Selon les estimations de la Banque Mondiale, plus d’un quart de la population mondiale se situe dans la tranche d’âge de 10 à 24 ans. Une donnée confirmée par Statistiques Canada qui avance qu’en 2011, 24% de la population canadienne est âgée de moins de 20 ans.
La question du partage intergénérationnel apparaissant donc légitime, la ville de Vancouver fut l’une des premières à la prendre au sérieux : comment inciter les jeunes à s’impliquer dans la vie de la société ? Telle est la réflexion que mènent les élus depuis presque vingt ans.
Vancouver, pionnière en la matière
Depuis 1995, le Conseil municipal de Vancouver s’est doté d’une politique visant à engager les jeunes dans la vie publique. Steven Dang, qui travaille depuis sept ans dans le département de la division de politique sociale pour la ville de Vancouver, développe les objectifs fixés : « Nous cherchons à ce que les jeunes s’engagent dans leurs communautés, mais également pour la ville. C’est très important ! Nous essayons d’innover pour impliquer les citoyens des différentes communautés qui vivent ici. » Pour ce faire, il est nécessaire de toucher les personnes qui travaillent avec eux. C’est pourquoi des actions sont menées dans les écoles.
L’un des exemples marquants provient de la consultation des jeunes dans le processus de plani-
fication du projet de la voie verte, reliant False Creek à Stanley Park. Fin 2011, plusieurs membres du département de Steven sont allés à la rencontre de centaines de jeunes (de 7 à 17 ans) dans les quatre écoles du centre-ville afin qu’ils puissent partager leur vision de l’avenir, par la réalisation de la Comox-Helmcken Greenway. La consultation s’est faite sous forme de dessins, de commentaires mais aussi de questions autour du projet. C’est en cela que l’initiative démarque la ville de Vancouver des autres. Ce qui touche au bien public peut être débattu avant que le projet ne commence.
Quand la jeunesse s’exprime d’une seule voix
Auparavant, la consultation sur la planification du quartier Mount Pleasant, en collaboration avec le voisinage avait également pris en compte l’avis de la jeunesse. « Plusieurs jeunes ont utilisé des photographies du quartier et réalisé deux montages vidéos pour solliciter d’autres idées, d’autres avis. Ils ont présenté leur résultat au Conseil de la ville de Vancouver. » La méthode, développée par Caroline C. Wang et Mary Ann Burris, de l’Université du Michigan se base sur l’idée que les images ont un pouvoir d’attraction plus fort qu’un discours et peuvent ainsi influencer la politique publique.
Plus récemment, enfants et adolescents ont été impliqués dans d’autres projets tels que le Cambie Corridor, un plan d’aménagement urbain qui s’étend sur Cambie street depuis la rivière Fraser au sud et la 16e avenue au nord. En mai 2010, les planificateurs ont rencontré les étudiants de l’école Churchill pour discuter des perspectives futures de ce quartier. En octobre, un atelier y fut organisé et les étudiants, avec un film réalisé dans les parcs et les rues, ont pu exposer leur point de vue. « Lorsque l’occasion leur est présentée en classe, les jeunes s’engagent vraiment pour résoudre les problèmes. Ils aiment débattre à n’importe quel âge. »
Si la démarche d’écouter la voix de la jeunesse est un acte démocratique à ne pas négliger, Steven apporte un bémol : « Après l’école, il est difficile de continuer à impliquer les jeunes. De 18 à 25 ans, ils sont plus difficile à atteindre. » C’est la raison pour laquelle la ville a créé un conseil consultatif permanent de 21 membres. Réunis à la même table, le plus jeune a 8 ans tandis que le plus âgé approche les 80 printemps. « Un tiers des sièges est réservé aux moins de 14 ans, un autre pour les 15 à 21, et le reste pour les adultes. Selon nos recherches, c’est le premier et le seul conseil de ce type en Amérique du Nord. »
L’implication des jeunes dans la société civile les responsa-
bilise et crée ainsi un sentiment d’appartenance et de solidarité qui ne peut être que bénéfique pour le futur. Apprendre à vivre ensemble, ce n’est pas seulement une question d’origine ethnique mais aussi savoir écouter ceux qui prendront la relève.
Pour en savoir plus : www.vancouveryouth.ca/