Site d’enfouissement sanitaire, décharge municipale, incinérateur, recyclage, collecte des ordures : voilà ce qui compose une grande partie de l’ensemble des éléments de la gestion des ordures ménagères d’une agglomération urbaine comme celle de la grande région de Vancouver.
La chaîne de traitement des ordures et des déchets est relativement simple. Vous consommez, donc vous produisez différents types d’ordures dont vous vous empressez de vous défaire. En principe, en bon citoyen que vous êtes, vous réduisez l’utilisation de ce qui est possible de réduire, vous recyclez tout ce qui est possible de recycler et réutilisez tout ce qui est possible de réutiliser… que ce soit bouteilles, contenants de yogourt, papiers et journaux… n’est-ce pas?
Si vous habitez une résidence unifamiliale, vous recyclez aussi les ordures ménagères organiques puis, comme tout le monde, vous jetez le reste aux ordures en prenant bien soin de ne pas y jeter de l’huile à moteur, des batteries d’auto ou d’autres produits interdits, tels que cartouches d’imprimantes, vieil ordinateur ou poste de télé à lampe… n’est-ce pas? Le service de cueillette des ordures ménagères s’occupe du reste, enlève le tout et la ronde recommence.
Mais où vont toutes les ordures qui ne sont pas recyclables? Les matériaux de construction se retrouvent dans le site d’enfouissement de Delta, spécialisé dans ce domaine : à eux seuls ils représentent 22% du million de tonnes d’ordures générées dans la grande région de Vancouver.
L’incinérateur de Burnaby, géré par la compagnie Covanta Burnaby Renewable Energy, traite, en moyenne, 80 décharges de camions d’ordures, sept jours par semaine, soit 800 tonnes par jour ou 285 000 tonnes de déchets par année, approximativement 25% de la quantité d’ordures générées par la grande région de Vancouver depuis 1988. Ce qui veut dire que nous produisons plus d’un million de tonnes d’ordures par année, dont les trois quarts sont enfouies, soit à Delta ou à Cache Creek, où elles sont laissées à se décomposer au fil des ans.
Mais puisque la région métropolitaine de Vancouver est en pleine expansion, cette installation sera bientôt insuffisante et c’est pourquoi les préparatifs pour en construire une sont en cours. Il s’agit d’un projet de plus de 500 millions de dollars, qui serait construit dans un endroit qui reste encore à déterminer, mais dont l’éventualité suscite déjà les réactions typiques du genre : « Pas dans ma cour ! » Déjà six endroits sont considérés, dans quatre municipalités, soit 2 à Delta, 2 à Nanaimo, un à Squamish et un à Vancouver, au Sud de Marine Drive, près du Fraser, sur la rue Heather.
La technologie d’incinération des ordures a progressé à pas de géant au cours des dernières années et se présente maintenant comme étant la solution la plus propre disponible. Elle est largement utilisée en Europe, où, de pair avec la réduction des systèmes de chauffage au bois et au charbon, elle a contribué à une réduction importante de la pollution de l’air. Elle présente en prime l’avantage de produire de l’énergie, d’abord sous forme de vapeur qui produit ensuite de l’électricité, comme c’est le cas du centre de Burnaby qui revend son électricité à BC Hydro en quantité suffisante pour alimen-
ter près de 16 000 foyers, ou le chauffage résidentiel de quartier. Voilà qui semble être une combinaison gagnante : faire disparaître les ordures en produisant de l’énergie.
Il faut toutefois mentionner que tout ce qui est brûlé dans ces centrales n’est pas complètement transformé en vapeur et en électricité. Il y a aussi une bonne quantité de cendres volantes, dont une partie peut servir à la fabrication de béton, une autre partie est récupérée et envoyée au site d’enfouissement sanitaire de Cache Creek, et enfin une dernière partie s’envole dans l’atmosphère. C’est cette dernière qui, contenant des dioxines et des nano-particules, soulève les inquiétudes des environnementalistes.
Il n’y a pas de système qui ne génère pas de pollution. Notre société n’est pas conçue de cette façon et le principe des trois « r », soit réduire, recycler et réutiliser, a des limites inhérentes. Il reste que ce principe demeure pertinent, qu’il doit être encouragé et que son utilisation doit être poussée au maximum. Mais il ne peut constituer, à lui seul, l’unique solution à cet énorme problème de notre société de consommation. Comme pour tant d’autres aspects de notre société moderne, il faut trouver l’équilibre entre la protection de l’environnement et la réalité de notre quotidien.
Comme le concède Metro Vancouver, « …il faut reconnaître que de nouvelles sources d’émissions seront nécessaires et inévitables, mais qu’elles peuvent être acceptables si elles sont gérées correctement de manière à être bénéfiques à la région et à son bassin atmosphérique. »
Est-ce que ça sent la fumée ?