Historien, muséologue et également président de la Société Historique francophone de la Colombie-Britannique depuis 4 ans, Maurice Guibord est aussi un homme heureux. Il suffisait de voir le large sourire arboré sur son visage le mercredi 12 mars dernier pour s’en convaincre. Et pour cause. Après une longue attente et de nombreux efforts menés avec son équipe de bénévoles, la Société historique francophone proposait en cette soirée une ouverture de ses archives au public. Un évènement qui s’est déroulé à la Maison de la francophonie de Vancouver en présence d’une quarantaine de personnes. Une satisfaction pour le président qui « attendait cela depuis longtemps afin de faire redécouvrir notre réalité francophone à la population. » Un objectif qui prend forme désormais, même si de nombreuses tâches restent
à effectuer.
Mettre de l’ordre
Mais que représentent donc ces archives ? Curieux, les visiteurs sont invités à jeter un œil dans ce bureau d’une vingtaine de mètres carrés où des centaines de boites sont amoncelées. Que peut-on y trouver ? Nul ne peut le déterminer avec précision à ce jour. Si l’on sait que certains documents datent du début des années 1900 et que des livres de la fin du XIXe siècle sont également disponibles, le contenu global reste encore à étudier et à classifier. Il faut dire qu’en 1997, 15 à 20% de ses archives avaient disparu avant d’être finalement retrouvées… à quelques exceptions près. Alors disponible en ligne, le catalogue de l’époque se serait en effet volatilisé. Une période qui correspond aux heures sombres de l’organisation alors appelée Société historique francophone britanno-colombienne. Plombée par des soucis financiers, l’ancienne structure avait d’ailleurs dû fermer en 1993 avant de rouvrir ses portes il y a six ans avec un nouveau nom et une nouvelle équipe, un élan qui devrait permettre d’importantes avancées dans un futur rapproché. « Nous allons travailler avec des étu-
diants en histoire et des bibliothécaires pour étudier le contenu des archives. Nous souhaitons aussi numériser des documents et refaire un catalogue. Si tout va bien, d’ici un an et demi, nous serons en mesure de proposer un libre accès régulier au public », s’enthousiasme Maurice Guibord. D’ici peu, la petite équipe va ainsi se pencher sur la numérisation du Soleil de Colombie-Britannique, ancien journal francophone dont la dernière parution remonte à 1998.
Pédagogie et découvertes
Au-delà de la curiosité qu’elles suscitent, ces archives pourraient bientôt avoir des vertus pédagogiques. Alors que le programme enseigné en histoire dans la province est en train d’évoluer, de nombreux professeurs, dont des anglophones, réclament davantage de sources et de matériel sur lesquels s’appuyer lorsqu’il s’agit d’aborder l’histoire des francophones en Colombie-Britannique, demande à laquelle devrait pouvoir répondre prochainement la Société historique francophone. « Outre les écoles d’immersion qui ont des besoins en ce sens, le Conseil scolaire francophone nous soutient activement et nous bénéficions aussi de l’appui du Bureau des affaires francophones et francophiles de SFU », se réjouit le président.
Pas certain néanmoins que les trésors que recèlent ces boites soient suffisants pour comprendre l’histoire des francophones dans la province de façon détaillée. Relativement méconnu, le sujet est néanmoins le thème de prédilection de l’historienne Jean Barman qui publiera prochainement une étude approfondie à cet effet. Une bonne nouvelle pour la Société historique qui collabore étroitement avec l’enseignante de UBC. Autre projet, celui de l’histoire des communautés noires francophones implantées dans la province. « Ces communautés en provenance d’Afrique et d’Haïti ont une histoire dans la province qui reste assez mystérieuse à ce jour. Nous aimerions donc nous rapprocher des différents centres culturels communautaires pour travailler de façon conjointe et en apprendre davantage », avance Maurice Guibord.
En attendant, le président aura pu apprécier la présence des visiteurs venus assister à cette ouverture à l’image de Johanna, anglophone et ancienne membre du gouvernement fédéral « passionnée d’histoire et en quête d’informations sur le passé francophone. » Pas du tout attendue, Camille Munro, Miss Monde Ca-
nada 2013, accompagnée de son attachée de presse, avait aussi décidé de se joindre à cette rencontre pour s’intéresser à l’actualité francophone à l’occasion de son passage dans la province. Un joli coup de projecteur pour la petite structure et de quoi réjouir Maurice Guibord, un homme décidément heureux.