Tel un puzzle, chaque événement de nos vies porte son lot d’interrogations et de perplexité mais trouve son sens dans un ensemble. Cette thématique du tout et de ses composantes, omniprésente dans l’existence de chacun, a inspiré à Catherine Tableau sa nouvelle exposition Fragments #1, l’apprentissage des limites, présentée jusqu’au 25 avril à l’Alliance française
de Vancouver.
Un héritage français
Catherine Tableau est une artiste autodidacte en arts visuels qui aime explorer la texture et la couleur. Elle a tout d’abord travaillé comme médiatrice culturelle dans le Sud de la France. Animatrice de rue pour les Maisons des Jeunes, gérante de salle de cinéma, programmatrice pendant 10 ans à La Tangente, importante Scène de Musiques Actuelles à Cannes, la jeune femme met son dynamisme au service de sa passion pour les arts et la culture. En 2001, elle débarque en Colombie-Britannique où, entamant une nouvelle phase de sa vie, elle passe à la création. L’aspirante artiste s’installe sur l’île de Cortes. Dans cet environnement isolé et rural, elle rencontre une communauté d’artistes reconnus et émergents. Se distinguant par son style européen, la néophyte participe à sa première exposition collective, Erotica Show, au Old Schoolhouse Art Gallery, à l’occasion de la Saint-Valentin 2004. Ce premier essai gagnant la lance et lui permet d’exposer régulièrement en Colombie-Britannique et en France.
Style abstrait, technique mixte
Catherine Tableau a développé un procédé qui lui permet de sculpter le plâtre entre la 2D et la 3D, l’enduire et le colorer à l’aide de peinture acrylique et d’éponges. A son médium fétiche, le plâtre, elle ajoute parfois du sable ou du papier et s’amuse avec les textures. L’artiste porte une attention particulière aux détails, craquements, espaces qui naissent de la matière et qui lui évoquent les aspérités des galets sur les plages, les empreintes de la nature dans la roche et principalement les strates, son obsession. Ses couleurs de prédilection, le marron et le noir, plus subtilement le vert et le rouge, rappellent également la nature. Couche après couche, les effets se créent, les ombres apparaissent. On comprend alors mieux pourquoi, parmi les peintres abstraits qui l’ont inspirée, le catalan Antoni Tàpies et son utilisation innovatrice de la matière, et Pierre Soulages et son exploration du noir-lumière sont les premiers à être cités. L’amateure de Beaux-Arts s’épanche également sur les couleurs de Bruegel l’Ancien et l’abstraction de Jean Fautrier.
Mais, plus encore, ce sont ses souvenirs personnels et la réminiscence d’ambiances passées qui se lisent au travers de ses œuvres. Essayant de capter « l’instant et l’empreinte de ce qui dure et de ce qui s’efface », l’artiste soutient que « la peinture est un voyage immobile. »
Fragment #1, l’apprentissage des limites
L’exposition Fragment #1 est la seconde présentée par la plasticienne à l’Alliance française. En 2008, le public avait pu découvrir Mesa, née de la rencontre entre deux univers : ses souvenirs d’enfance de la maison de sa grand-mère et de ses marches en pierre façonnées par le temps, et les descriptions des paysages de l’Arizona, en pays Navajo, de l’écrivain Tony Hillerman. En 2014, Fragments #1 se présente comme une introduction à « une exploration poétique rattachée à une démarche plastique ». Lors d’un atelier d’écriture animé par Noëlle Mathis pour Réseau-Femmes, Catherine Tableau vit une expérience émotionnellement riche et découvre que l’écriture lui est indispensable. Dans un même temps, complétant un travail de mémoire essentiel à son processus d’immigration, elle y découvre une matière nutritive. « Quelle ébauche d’avenir proposent nos fragments de vie ? » L’artiste mène cette quête de sens, interroge nos choix et leurs limites, en traçant et gravant le papier en coton, médium qu’elle a choisi pour cette introduction.
En perspective
Pour mieux communiquer sa passion, Catherine Tableau a participé avec entrain à Artists in Our Midst 2012, ouvrant les portes de son atelier-domicile au public, ainsi qu’à des démonstrations en milieu scolaire et au magasin Opus de Vancouver. Encouragée par ces expériences, la Française projette de présenter des ateliers dans la langue de Molière et de Shakespeare, afin de permettre au public de s’initier à sa technique mixte et à l’exploration de la texture.
A la fois femme active, mère et directrice de la Maison de la Francophonie de Vancouver, et femme engageante, Catherine Tableau nous encourage à sublimer les événements du quotidien, par une approche artistique et optimiste du tout et de ses fragments.
Catherine Tableau
www.catherinetableau.com
Fragments #1, l’apprentissage des limites
Jusqu’au 25 avril
À l’Alliance française de Vancouver
6161 rue Cambie, Vancouver
(604) 327-0201
www.alliancefrancaise.ca
Entrée libre