Voilà un mot qui, au lieu de faire peur à tout le monde, est en passe de devenir synonyme de renouveau architectural dans le paysage vancouvérois.
Cette expression allemande, attribuée au compositeur allemand Richard Wagner, qui peut se traduire simplement par « Concept artistique total » est le mot clé d’une série d’évènements intelligemment et généreusement organisés par Ian Gillespie, propriétaire du groupe de promoteurs immobiliers Westbank, autour de ce qui deviendra le Vancouver House, un projet architectural d’avant-garde qui occupera tout l’espace autour et entre les deux bretelles d’accès et du tablier
du pont Granville, côté nord.
C’est en fait à cet endroit que se trouvait l’Espace Dubreuil, qui a été pendant quelques années, sous le pont Granville et sous l’inspiration de Régis Painchaud, un des endroits les plus courus de la francophonie, où il organisait entre autres, réceptions, fêtes, tournages, expositions, concerts, lancements de saison de Radio-Canada et des Rendez-Vous du Cinéma québécois.
Aujourd’hui, on pourrait penser que Régis Painchaud avait été visionnaire, en transformant cet entrepôt désaffecté en lieu de culture, puisque c’est maintenant ce qui se dessine en partie pour ce qui s’apprête à y prendre forme. Ce qui était devenu un No Man’s Land, au milieu des années 2000, puis un refuge temporaire pour les sans-abris le temps des JO d’hiver de 2010, se prépare à recevoir le complexe architectural le plus original et ambitieux que la ville ait connu à ce jour.
En plus d’un ensemble immobilier, on y verra, intégrés à une architecture ambitieuse, des espaces publics pour évènements culturels et communautaires. Imaginez l’espace sous le pont, cerné des deux côtés pour en faire un nouveau passage vivant, sorte de passage demi ouvert, avec suspendu au dessus un lustre immense de 6 mètres qui pivotera sur lui-même au fil des heures puis, sur le tablier du pont, une promenade pour piétons, à la manière du High Line de Manhattan.
Le centre de ce nouvel ensemble sera une tour en torsade, haute de 52 étages, qui tire une partie de son inspiration du célèbre Flatiron Building de Manhattan.
Le groupe Westbank, a embauché la firme de l’architecte danois Bjarke Ingels, (BIG pour Bjarke Ingels Group) une des vedettes mondiales de cette profession, pour concevoir et mener à bien ce projet, avec l’appui des architectes James KM Cheng de Vancouver. Imaginez-vous que tout l’espace qui se trouve sous et autour des deux bretelles d’accès et du tablier du pont Granville, sera occupé par de nouvelles constructions, à géométrie variable, qui s’y intégreront harmonieusement.
Nous avons tous fait découvrir le panorama exceptionnel de Vancouver à nos visiteurs fraîchement débarqués d’avion, en leur faisant emprunter la rue et le pont Granville. Bientôt, Vancouver House servira de porte d’entrée à la ville, avec sa forme qui, comme le dit lui-même Bjarke Ingels, n’est pas sans évoquer un rideau que l’on tire de côté, pour laisser entrevoir ce qui se dessine derrière! Quelle belle métaphore architecturale, que nous saisirons tous immédiatement au premier coup d’œil quand la construction sera terminée en 2018.
En attendant, pour bien savourer chaque plan, maquette, matériau, dessin, dossier et en saisir l’ampleur et tous les aspects originaux de sa conception architecturale, il vaut la peine de se rendre à une salle d’exposition temporaire, au 1460 de la rue Howe, (entre Pacific et Beach, où l’entrée est libre) pour y visiter une exposition multimédia, qui a pour titre Gesamtkunstwerk, montée sous la direction du critique et professeur d’architecture Trevor Boddy, qui s’y tient jusqu’à fin mai, et qui donne un avant-goût détaillé de ce que sera le Vancouver House. Cet espace, qui était auparavant un entrepôt, reproduit très fidèlement l’atmosphère et l’esprit qui règnent dans les bureaux de New York de BIG, où tout ce que vous verrez sur Vancouver House a été conçu et réalisé.
Vancouver House deviendra l’adresse la plus recherchée de la ville, faisant le lien entre Yaletown et le West End, complétant l’axe de l’île Granville et du centre-ville dans le modernisme et l’originalité… en attendant de voir surgir son pendant, de l’autre côté de la péninsule du centre-ville de Vancouver, quand le nouveau Musée des Beaux-Arts, conçu par les architectes suisses Herzog de Meuron, sera construit à son tour.
Les critiques de l’architecture de béton et de verre de Vancouver devront trouver une autre cible.
Arthur Erickson sourit déjà.