Signée le 8 avril, une entente entre le gouvernement fédéral et la Fédération des francophones de la Colombie Britannique (FFCB) permettra bientôt aux nouveaux arrivants francophones de bénéficier de services personnalisés destinés à faciliter leur intégration dans la province. Alors que la FFCB vient d’entamer un processus de recrutement d’agents qui auront la charge de rendre des services directs à la clientèle dans la région du Grand Vancouver, des associations francophones spécialisées dans l’aide aux immigrants montent au créneau. Sujet de la discorde : le partage des responsabilités et du financement. Une dispute qui pourrait remettre en cause le modèle mis en place depuis quelques années.
2008 à 2014 : mise en place d’un consortium
E n 2008, la FFCB demande au gouvernement provincial, alors en charge du financement, la création de l’Agence francophone pour l’accueil des immigrants (AFAI) afin de rendre des services d’information et d’orientation aux nouveaux arrivants. Créée et gérée par la FFCB, la structure fonctionne sur la base d’un consortium en partenariat avec des associations francophones. Établi pour une période de six ans, le programme arrive à terme le 31 mars dernier. Entre temps, le gouvernement fédéral, par le biais de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC), récupère à partir d’avril 2014 le financement d’une partie du programme d’immigration francophone en lieu et place de la province. Le nouveau programme, plus élargi, permettra aux nouveaux arrivants francophones de la province d’avoir accès à un suivi personnalisé dans leur démarche d’intégration. Une première pour la communauté. Reste alors à obtenir une enveloppe budgétaire de la part du fédéral.
Une nouvelle demande auprès du fédéral
S i CIC exige d’avoir affaire à un interlocuteur unique pour faciliter ses démarches, la demande de subvention se prépare alors de façon concertée. Durant l’été 2013, des réunions ont lieu entre la FFBC, la Boussole, la Société francophone de Victoria, la Société francophone de Maillardville, l’Association francophone de Surrey et le Centre d’intégration pour immigrants africains. Appuyée par le consortium, la demande est envoyée par la FFCB à CIC en juillet 2013. Entre temps renégociée au niveau des montants alloués, l’entente est signée le 8 avril. Gestionnaire du programme, la FFCB touchera une enveloppe d’environ 1,2 million de dollars sur deux ans. Un budget qui servira notamment à financer l’emploi de salariés en charge de rendre des services directs à la clientèle dans les locaux des associations mentionnées. Un modèle qui pose problème aux dirigeants des associations francophones membres du consortium qui ne percevraient dans ce cas qu’un loyer pour la mise à disposition d’une partie de leurs bureaux.
Des associations mécontentes
« Que CIC veuille traiter avec un interlocuteur unique, je le comprends », assure Jamal Nawri, directeur général de l’Association francophone de Surrey. « Par contre, rien n’empêche cet organisme de traiter avec des partenaires. Au cours des réunions mises en place durant la phase de préparation de la demande de subvention, nous avions convenu avec la FFCB que les agents recrutés pour assurer les services du programme seraient supervisés et embauchés avec le concours des associations. » Même constat pour
Tanniar Leba, directeur général de la Boussole, pour qui « la FFCB n’a pas pour mandat de délivrer des services directs à la clientèle. En agissant ainsi, ils outrepassent leur rôle et empiètent sur notre propre mandat », ajoute-t-il.
Autre grief, le manque de communication. « Si nous sommes considérés comme des partenaires, comment se fait-il que les associations n’aient à ce jour reçu aucune copie de l’entente signée entre la FFCB et CIC ? » interroge Jamal Nawri, joint le 21 mai. « Nous ne savons même pas si ce consortium est toujours en vie. »
« Depuis la signature de cette entente, cela fait deux mois que nous sommes sans nouvelles »,
avance Tanniar Leba. « Le but n’est pas d’entrer dans une longue dispute mais de nous réunir avec la FFCB au plus tôt. »
Outre une réunion collective, les associations demandent également qu’un point soit fait lors de l’assemblée générale de juin.
La FFCB défend sa position
E n charge du dossier depuis la démission de sa prédécesseure France-Emmanuelle Joly le 31 janvier, la directrice générale par intérim Yseult Friolet se dit « attristée par la situation » et avance un autre point de vue :
« Je n’ai changé aucun des points concernant l’entente avec le fédéral. CIC a demandé à la FFCB de faire la demande de subvention. Il n’a jamais été question de sous-traitance. Nous avons d’ores et déjà des gens en place à la FFCB qui sont compétents sur le dossier immigration et qui seront bientôt épaulés par de nouveaux salariés. De l’information a déjà été échangée avec les associations depuis la signature de l’entente. Désormais, nous tentons de nous rencontrer et j’espère que cela va pouvoir
se régler. »
Des discussions qui promettent donc d’être animées. En attendant, le gouvernement fédéral a confirmé la semaine dernière à nos confrères de Radio-Canada que la FFCB a le droit de rendre directement ces services d’aide à l’établissement.