En prévision de la campagne électorale à la mairie de Vancouver en 2002, le NPA, qui était au pouvoir depuis 1993 sous la gouverne du maire Philip Owen, s’est laissé entraîner dans une bataille interne, entre le maire Owen et la conseillère Jennifer Clarke, qui voulait le remplacer. Le résultat fut la défaite du NPA aux mains du candidat de la dernière minute de COPE, Larry Campbell.
Pas chaud au fonctionnement de la politique municipale et des contorsions politiques nécessaires à la bonne marche d’un conseil, Larry Campbell décide de ne pas se représenter en 2005, laissant ainsi la place à Sam
Sullivan du NPA et à son adversaire Jim Green, qui se présentait sous la nouvelle bannière Vision, après les scissions internes de COPE et de COPE Light.
En 2008, Peter Ladner conteste avec succès la nomination de Sam Sullivan à la mairie pour le NPA, remporte la nomination du parti, se présente à la mairie et perd contre Gregor Robertson, qui avait laissé son siège de député provincial néo-démocrate pour prendre la tête de Vision Vancouver, faire campagne, et remporter la victoire à la mairie.
Si vous trouvez que cela ressemble aux évènements qui ont contribué à la défaite du NPA en 2002, vous avez raison. Quand le NPA succombe à la tentation de changer de leader alors que le parti occupe déjà la mairie, le nouveau candidat choisi perd les élections. C’est comme si les électeurs n’aiment pas ce qui pourrait passer pour de l’opportunisme politique, soit profiter du fait que le NPA est au pouvoir pour préférer un chef à un autre. D’ailleurs c’est aussi ce qui s’est passé à Victoria, quand le Parti Libéral provincial avait reconquis une popularité longtemps perdue, sous le leadership de Gordon Wilson, qui, contre toute attente, est devenu le chef de l’opposition lors des élections provinciales de 1991.
Sentant l’occasion de mettre en selle un leader qui aurait plus de chances que Gordon Wilson de remporter les prochaines élections générales, le parti force Gordon Wilson à quitter le leadership en 1993, et le remplace par Gordon Campbell, qui laisse la mairie de Vancouver et le NPA pour prendre la tête des libéraux. Mike Harcourt l’ayant fait, pourquoi pas Gordon Campbell ? Vous devinez le résultat ? Gordon Campbell est battu par Glen Clark et les néo-démocrates aux élections de 1996, et doit attendre jusqu’en 2001 pour devenir premier ministre.
Mais pour l’instant, il n’y a pas de chicane à savoir qui sera à la tête du NPA pour les prochaines élections, parce qu’il n’y a pas de candidat annoncé. Et pour ce qui est de Vision, Gregor Robertson est bien en place. En fait, ses critiques, soient-ils adhérents ou sympathisants du NPA ou du Parti vert ou de ce qui reste de COPE, sont à chercher comment manifester leur insatisfaction face à son administration. On lui a reproché de ne pas consulter suffisamment, ou encore de ne pas changer d’idée quand son conseil consulte et que les citoyens croient naïvement que l’opposition farouche de certains d’entre eux se traduira par l’abandon du projet contesté. Comme si consultation rimait avec décision.
Prenons l’exemple d’une base d’électeurs possiblement insatisfaits de la manière dont le projet de la piste cyclable de Point Grey Road, longue de 28 kilomètres, dont la dernière section, proposée en 1986, n’a été complétée que cette année par le conseil municipal de Gregor Robertson, après une longue série de consultations, d’audiences et de réunions tendues du conseil, pour à la fin se terminer, comme le projet l’indiquait, avec une piste cyclable le long de Point Grey Road, et interdisant la circulation automobile aux non-résidents.
Projet vert, si jamais il en fut, mais tellement contentieux pour ceux qui s’y opposaient, que certains parmi ceux qui jusqu’alors supportaient les initiatives du maire Robertson et de son conseil, se préparent maintenant à voter contre lui. Mais si contre Vision, pour qui? Le NPA, encore sans candidat avoué, et ce, jusqu’en septembre probablement, ou pour le Parti vert, ironiquement, parce qu’ils sont mécontents que Vision soit allé de l’avant avec ce projet…vert ?
La boucle est ainsi bouclée : Adriane Carr, mairesse suppléante, défaite en 1983 dans Point Grey aux élections provinciales, sera peut être réélue à cause de la piste cyclable de Point Grey Road… projet qu’elle a d’ailleurs appuyé.