C’est un livre qui vous fera voyager dans le monde entier. Des îles Salomon au Malawi, en passant par l’Ile de Pâques et le Timor oriental, Jean-Pierre Minaudier vous entraine sur les traces de nombreux peuples et de leurs dialectes. Il a su rendre la linguistique drôle et attractive dans cet ouvrage qui se lit comme un roman d’aventures ponctué d’anecdotes. L’occasion d’apprendre par exemple à votre conjoint comment dire : « J’ai sorti les ordures de la maison » en Jul’Hoan, une langue utilisée par 35 000 personnes au Botswana et en Namibie.*
Imaginez-vous le temps de 160 pages de lecture plongés dans la vie d’un collectionneur très spécial. Tel Obélix le gaulois, Jean-Pierre Minaudier est tombé dans les livres dès son plus jeune âge. A dix ans, il se lançait déjà dans la collection d’ouvrages de grammaire et de linguistique, non seulement en français, sa langue maternelle, mais aussi dans toutes les autres langues du monde. En voyage en famille, il écume les bibliothèques et se crée la sienne qui ne compte aujourd’hui pas moins de 1 200 livres.
Professeur d’histoire en Hypokhâgne et Khâgne à Versailles, l’auteur de Poésie du Gérondif est également traducteur d’estonien, l’une des seules langues qu’il maitrise en plus du français, de l’espagnol et de l’anglais. Il avoue, presque gêné : « ne pas parler d’autre langues », bien qu’il ait lu et dévoré des grammaires concernant plus de 850 idiomes.
Gros consommateur de romans, de poésie et de bandes dessinées, Jean-Pierre Minaudier
dit avoir récemment traversé une crise. Pendant plus de cinq ans, il n’a pu lire que des livres de linguistique et de grammaire.
Des citations mystérieuses
Si Poésie du Gérondif transcende actuellement la critique en France métropolitaine, son auteur était pourtant loin de penser qu’un tel ouvrage pouvait s’éditer. Il nous confie que l’écriture de Poésie du Gérondif n’est qu’un concours de circonstances. « Mon éditeur est tombé par hasard sur un petit texte que j’avais écrit sur internet au sujet de ma collection il y a quelques années. Il m’a appelé pour discuter de l’idée d’écrire un ouvrage sur le sujet… Ça m’est tombé dessus sans prévenir ! »
Au-delà d’une série d’anecdotes de sa vie de collectionneur, Jean-Pierre Minaudier s’attache aussi à expliquer et à présenter la linguistique pour la rendre accessible avec humour. Chacune des pages est ainsi agrémentée d’une citation mystérieuse. On y apprend que Tuktusiuqatiqarumalauqpuq signifie « Il désira avoir un compagnon de chasse au caribou » en inuktiktut (langue des Inuits), ou encore que Ke mahal onerdecos s’ch proporos rabarokh, que vous auriez pu entendre de la bouche de ce cher Capitaine Haddock, signifie « Moules à gaufres ! Marchand de tapis ! » dans la langue des Arumbayas, cette tribu fictive inventée par Hergé. Le lecteur embarque dans un voyage au monde des langues, un peu comme si, page après page, la tour de Babel se présentait à lui.
Une myriade de langues du monde
Jean-Pierre Minaudier, vous l’avez compris, est un passionné. Un passionné de linguistique qui s’amuse même à comparer le lecteur d’un Bescherelle de grammaire à « un Indiana Jones en quête de secrets et de révélations ». Pour lui, « toute langue est un très bon reflet de la société qui l’a créee. » Voilà pourquoi il aime dénicher des ressemblances ou des similitudes. Par exemple, saviez-vous que le quechua, cette langue indienne parlée encore aujourd’hui au Pérou, a une structure semblable au turc ? Ou encore que l’anglais et le chinois ont des grammaire très proches ? Peu de déclinaisons, pas de conjugaisons pour le chinois, très peu pour l’anglais, l’ordre des mots et la construction des phrases sont similaires. De quoi éveiller la curiosité des lecteurs et des passionnés de culture. Plus encore, l’auteur nous présente des dialectes oubliés, peu parlés et en péril. C’est le cas de nombreuses langues amérindiennes, comme le navajo, qu’il nous présente avec humour : « Elle fait partie des langues les plus fascinantes au monde ! Les
Navajos n’empruntent aucun mot aux langues étrangères. Le mot Tank par exemple, est composé de 16 syllabes et il se traduit par : Voiture qui glisse sur le sol avec des gros fusils dessus ».**
Si certaines langues sont de moins en moins parlées, pas question de tomber non plus dans le pessimisme selon notre collectionneur pour qui elles sont devenues plus accessibles. « Aujourd’hui, grâce à Internet, nous avons accès très facilement à des dialectes utilisés au fin fond de la Sibérie ou de la Répu-
blique centrafricaine. Nous pouvons les lire, et même parfois nous amuser à les entendre. »
Alors si vous aussi vous êtes prêts à vous amuser et à jouer avec les mots du monde, n’hésitez plus et entrez dans Poésie du Gérondif, laissez-vous entraîner dans ce véritable polar babélien.
Poésie du Gérondif
160 pages
Editions Le Tripode
*Ma ki !xai’a / q’o’buqa kì!koa na
**chidinaa’na’ibee’eldoohtsohbikàà’dahnaazniligli