Nous y sommes presque. Dans quelques jours commencera la Coupe du monde de foot au Brésil. Tous les quatre ans, j’attends, le cœur ardent, la venue et la tenue de cet événement extraordinaire qui me promet des moments merveilleux, des instants sublimes et inoubliables. Cette coupe du monde 2014, je l’anticipe avec impatience. Je piétine d’enthousiasme. Je salive d’exaltation. Je déborde d’allégresse.
Pendant un mois, je vais me rassasier de foot jusqu’à l’épuisement, jusqu’à saturation complète, jusqu’à l’extase, jusqu’à la lie. Sous peu, et en toute légalité, j’aurai le droit de faire une overdose de foot. Le foot, c’est mon alcool, c’est ma drogue à moi. Un mois, donc, d’ivresse collective nous attend, car je ne suis pas le seul à être passionné par le foot. C’est le sport le plus suivi et le plus pratiqué au monde. Mais, avant de poursuivre, j’espère que cela ne vous dérange pas que je parle de « foot », plutôt que de « soccer ». Le monde entier parle de foot. Seul l’Amérique du Nord, dont le Canada fait partie (j’apporte cette précision pour ceux et celles que j’aurais déjà désorientés), utilise le mot « soccer » comme terme pour un sport qui se joue principalement avec les pieds. Le football américain ou canadien, par contre, se joue principalement avec les mains. Allez comprendre. Mais il y a des contradictions et des choses plus graves dans la vie. Par exemple, notre Premier ministre, qui prétend vouloir notre bien-être et qui, au contraire, s’arrange pour nous polluer à qui mieux mieux avec son pétrole brut, tout en nous empoisonnant l’esprit. Mais, contrairement aux apparences, ce n’est pas ce dont je veux vous entretenir.
Non, aujourd’hui mon seul objectif est de vous vanter la beauté du foot, ce sport pour lequel j’ai une passion profonde. Oui, je suis amoureux du foot. Rassurez-vous, ma femme est au courant et, bien que ne parta-
geant pas du tout mon intérêt pour ce sport, elle ne m’en veut pas. Elle a depuis longtemps accepté ce ménage à trois. Elle comprend très bien la situation. Elle sait que tous les quatre ans je l’abandonne pour mon poste de télé afin, n’en déplaise ma douce moitié, de rejoindre mon doux tiers. Elle a décidé de fermer les yeux et de se boucher les oreilles, face à cette aventure qui a commencé un peu avant mon adolescence.
Le tout débuta dans la rue… ou peut-être dans la cour d’école… je ne me souviens plus. Il y a si longtemps déjà. J’étais en culotte courte. Les autres aussi d’ailleurs. Je ne parle pas des filles qui portaient des robes ou des jupes. C’était l’époque qui le voulait. Le port du pantalon, pour ces dames, n’avait pas encore, complètement, fait son apparition. La libération de la femme n’en était qu’à ses débuts. Je vous parle d’un temps que les…, bon, vous connaissez la chanson. Nous n’avions pas de ballons, mais nous les remplacions par des boîtes de conserve ou des chiffons mis en boule. Cela faisait l’affaire. Et nous jouions, comme je le fais aujourd’hui avec l’imparfait. Puis, je fis la connaissance de ma première coupe du monde de foot. C’était en 1958. J’avais la chance, et pour la première fois, de regarder certains matchs à la télé. C’est ainsi que je fis connaissance avec Pelé, Garrincha, Puskas, Kopa, Fontaine, Di Stephano, Yashin et bien d’autres encore que j’essayais par la suite d’imiter, sans grand succès, sur des terrains vagues où l’on improvisait tous les jours des matchs de foot. Et puis, il y a eu toutes les autres qui m’ont tenu en haleine, et notamment celle de 1998. Mais celle de 1958, en Suède, restera à jamais gravée dans ma mémoire, car elle fut la première. Celle qui m’initia, celle qui m’y donna goût.
Depuis, bien sûr, d’autres joueurs sont venus remplacer les anciennes légendes. Il suffit de mentionner les noms de Beckenbauer, Maradona, Ronaldo, Platini, Cruyff, sans oublier Zizou, pour faire rêver et saliver les aficionados de foot.
De nos jours, de nouvelles vedettes ont fait leur apparition. Cette coupe du monde sera l’occasion de les voir évoluer à leur meilleur. Lionel Messi, Cristiano Ronaldo et les autres, seront là. Le Canada, malheureusement, encore une fois, ne participera pas à la fête. Tant pis. Ce sera pour une autre fois. Qui sait ? En 2018, au Qatar peut-être ? Dans l’immédiat, je me prépare à voir un beau spectacle en pro-
venance du Brésil.
Pour véritablement apprécier cet événement, il faut de l’ambiance. Afin de la trouver, j’irais regarder quelques matchs dans un café de la rue Commercial. Je vais m’arranger pour faire abstraction de tout chauvinisme particulier et simplement jouir du moment. La tâche, je le conçois, ne sera pas facile.
Alors voilà, pour poursuivre mon histoire d’amour, je me réjouis de voir évoluer ces athlètes, ces sportifs qui n’ont pas un gramme de graisse, qui ont une endurance presque illimitée, auteurs de gestes d’une grande précision, d’une grande justesse, qui évoluent avec souplesse, agilité, qui sont capables de transformer ce sport en ballet et d’en faire, au-delà d’un jeu, un art. Alors mesdames et messieurs, sans plus attendre, faisons entrer les artistes. Brésil à vous l’honneur. Começam as festividades.