C’est une brise légère venue de l’océan Indien qui souffle sur la Côte ouest du Canada. Avec elle, ce sont les habitants de l’archipel des Mascareignes qui viennent s’installer en Colombie-Britannique pour profiter notamment des charmes du « Grand Nord ».
Archipel composé de trois îles principales, La Réunion, l’Île Maurice et Rodrigues, les Mascareignes se situent au sud-ouest de l’océan Indien, au large de la Côte orientale de Madagascar. Elles rassemblent plus de deux millions d’habitants, que l’on appelle les Mascarins. Parmi eux, de plus en plus de jeunes à l’âme voyageuse, qui partent à l’étranger pour y mener la totalité ou une partie de leurs études supérieures.
Chaque année, plus d’une cinquantaine de jeunes Mauriciens choisissent ainsi le Canada. Ce succès grandissant est attribuable, entre autres, aux programmes d’alternance travail-études appelés « coop », proposés par nombre d’universités canadiennes, qui permettent aux étudiants de travailler pendant leurs études, mais aussi après l’obtention de leur diplôme.
Des études supérieures au Canada
En Colombie-Britannique, l’Université Simon Fraser (SFU) propose le programme « coop » et d’autres avantages, notamment la possibilité pour les étudiants étrangers de bénéficier d’une préparation optimale pour s’adapter aux exigences de l’enseignement supérieur au Canada. Elodie Jacquet, Mauricienne installée depuis sept ans à Vancouver, le confirme : « Même s’il y a des intérêts à rester à l’île Maurice, car il y a des emplois dans les nouvelles technologies et dans d’autres domaines et que des universités se sont ouvertes, parmi les jeunes de la génération actuelle, une majorité d’étudiants de cycle secondaire étudient encore à l’étranger, notamment en Angleterre, en France et de plus en plus au Canada, parce qu’il y a souvent des échanges ou des possibilités de bourses dans les universités. » Ces partenariats sont particulièrement développés entre les établissements des pays du Commonwealth, dont fait partie l’île Maurice. Chargée de programme à SFU, même si actuellement en congé sabbatique, la jeune femme collabore « aussi beaucoup avec l’université McGill, à Montréal qui accueille énormément d’étudiants mauriciens ».
Ravi Sookraz travaillait quant à lui depuis sept ans en tant que comptable à l’île Maurice, lorsqu’il a sauté le pas pour tenter sa chance au Canada. « Je voyais de temps en temps des affiches, notamment pour étudier au Canada, précise le Mauricien originaire de Floréal, mais je n’étais pas particulièrement intéressé à partir car j’avais un poste qui me plaisait. C’est en passant dans une agence que je me suis dit que je pouvais peut-être essayer. Cela m’a pris cinq mois pour pouvoir m’installer au Canada ». En octobre 2005, Ravi a donc déménagé en Colombie-Britannique. Après quelques mois difficiles dans sa recherche d’emploi, le jeune homme a pu trouver un poste au sein d’une grande banque. « J’ai passé un entretien chez JPMorgan Chase et j’ai été embauché en février pour travailler dans leur centre d’appel, car je suis bilingue. J’y ai travaillé jusqu’en 2010, date à laquelle ils ont fermé. J’ai été engagé ensuite dans un autre centre d’appel, puis je suis retourné à Maurice en 2011 ».
Climat doux et mode de vie décontracté
Pour expliquer l’attrait du Canada, et plus spécifiquement de la côte du Pacifique, Ravi Sookraz semble avoir une idée. « Je pense que venant d’un pays tropical, il est un peu plus facile de vivre ici car le climat y est plus doux comparé aux autres provinces canadiennes. L’environnement et le mode de vie de la côte ouest permettent aussi de s’adapter plus facilement. L’Île Maurice et La Réunion ont aussi beaucoup de diversité, on trouve des personnes d’origines différentes et les gens sont souvent bilingues ».
La proximité de la nature représente également un point fort. C’est en tout cas l’un des avantages qu’a trouvés Elodie Jacquet et sa famille. « Dans les choix qui nous ont incités à venir à Vancouver, il y avait le fait que l’on aimait la vie en plein air. Vivre au Canada, en Colombie-Britannique en particulier, nous a permis d’accéder davantage à la nature. Nous allons beaucoup camper ; on s’est initiés à des sports d’hiver que l’on ne connaissait pas et on saisit toutes les opportunités que l’on peut pour passer du temps dehors. On demande souvent aux gens qui viennent des îles s’ils ne regrettent pas les plages, mais quand on a vécu toute sa vie sous les tropiques, c’est la neige qui est exotique ! L’herbe est toujours plus verte ailleurs… »
À paraître le 8 juillet : le deuxième volet de cette série s’interessera aux Réunionais.