On le sait peu, mais le Brésil est le pays au monde qui compte la plus grande population d’ascendance japonaise… après le Japon ! S’ils sont plutôt « oiseaux rares » à Vancouver, les Brésiliens Nikkei ont une histoire passionnante qui remonte à la Seconde guerre mondiale et au-delà, de même que d’étonnants récits de vie. Passé la fièvre du ballon rond, La Source, forum de la diversité, a rencontré quelques-uns de ces Nippo-Brésiliens, pour mieux comprendre ce qui les amène ici.
« Tu viens d’où ? » Voilà la question la plus fréquemment posée ces jours-ci, surtout dans la métropole de Vancouver. « Je suis née au Brésil, mais je me considère comme nikkei, car je suis fière d’être une Japo-
naise de troisième génération », souligne Daniela. Comme l’ont fait la plupart des immigrants japonais, ses grands-parents ont déménagé au Brésil au début des années 1900 dans le but de travailler dans le secteur agricole. Sa mère, Nilza, est née et a grandi à Campo Grande, dans la province de Mato Grosso do Sul, et son père, Juinthi, est de Taquaritinga, une ville voisine de São Paulo.
Ayant grandi en Amérique du Sud, c’est le désir d’explorer un nouveau pays, la passion pour la nature luxuriante et l’envie de maîtriser une langue étrangère qui l’ont poussée à choisir la Colombie-Britannique. On y vient pour « la qualité de vie », précise Daniela. « Vancouver est une ville verte qui a une grande superficie de nature, de parcs urbains, et, surtout, des montagnes. São Paulo, par contraste, est trop grande et toute grise. J’ai voulu me lancer dans un nouvel environnement pour essayer une nouvelle façon de vivre. » Après mûre réflexion, elle a fait ses valises et a pris la décision de s’inscrire à des cours de langue à Vancouver. « J’en avais assez de São Paulo. L’une des raisons pour lesquelles je me suis établie à Vancouver est le comportement des gens. La ville est saine et sûre. Tout le monde est poli, surtout lorsqu’on est étranger. Ils ont toujours envie d’apprendre notre culture et la langue que nous parlons. Pendant la Coupe du monde de la FIFA, quelqu’un a découvert que j’étais brésilienne et tout d’un coup, on m’a posé tant de questions sur la culture du Brésil ! »
Respect de la diversité culturelle
Brésilien de deuxième génération, Yoshikuni Murakami adore la sérénité de Vancouver. Son grand-père, originaire de Kiyushu, dans la province de Kumamoto, au Japon, était militaire pendant la guerre en Mandchourie, avant de partir au Brésil pour travailler dans une plantation de café. Yoshikuni, qui est actuellement en visite au Canada pour voir son fils, Eduardo, repart au Brésil dans quinze jours. « Ici, je me sens plus à l’aise de me promener librement dans les rues. Si j’avais le choix, je déménagerais à Vancouver en un clin d’œil. La tranquillité de la ville est incomparable et la hauteur des montagnes ne cessera jamais de m’étonner. »
Gestionnaire d’importation et entrepreneur, Eduardo Murakami s’est installé à Vancouver en 2006. « Vancouver accueille des gens venant de partout dans le monde. C’est la diversité culturelle et le respect de la communauté orientale qui m’ont surtout poussé à choisir cette ville. Je me suis rendu compte que les immigrants asiatiques jouent également un rôle important dans la société et que les Japonais sont respectés. Avant tout, il ne faut jamais oublier de se rappeler les sacrifices de nos ancêtres. »
Sentiment d’appartenance
Après un an et huit mois au Canada, Daniela Miyuki Kuroiva ajoute que la transmission culturelle est fortement valorisée. « Je veux voir grandir mes enfants ici. Comme ils vont facilement apprendre l’anglais, je veux qu’ils apprennent le portugais en premier. » Elle insiste également sur l’importance de l’appartenance. « Tout le monde se salue dans les rues, même s’ils ne se connaissent pas très bien. Ils se font souvent des compliments sincères et ça fait chaud au cœur. Ici, on ne se sentira jamais comme un étranger. »