Qui dit que les Vancouvérois ne sont pas intéressés voire pas engagés et motivés par la politique municipale ? C’est une opinion que je partageais aussi jusqu’à ce que j’assiste récemment à un échange entre deux citoyens, disons-le, d’un âge certain, à crânes plutôt dégarnis et grisonnants, sur les élections municipales du 15 novembre prochain.
Les deux hommes faisaient la queue chez un grossiste de matériaux de construction et de plomberie. Les lundis matins sont bien occupés pour les entrepreneurs en construction qui commencent leur semaine et les bricoleurs à la retraite qui ont constaté pendant la fin de semaine qu’il y avait une ou deux petites choses à revoir au logis.
Disons tout de suite que les discussions politiques spontanées sont plutôt rares à Vancouver. Mais celle-ci, aussi fantaisiste qu’elle puisse paraître, était tout aussi réelle que spontanée.
Appelons-les MX et MY.
MX: Excusez-moi, mais êtes vous résident de Vancouver ? »
MY: Qui, moi? Oui je suis résident de Vancouver, pourquoi ?
MX : Allez-vous voter aux prochaines élections municipales ?
MY : Oui bien sûr, pourquoi ?
MX : Alors vous allez voter contre ce Gregor. Plus personne ne peut le supporter. Il est temps d’effectuer un changement. Faut se débarrasser de lui et de ses idées de densification. Il y a déjà trop de monde ici. J’écoutais ce nouveau Kirk LaPointe, du NPA. Il a l’air pas mal et s’exprime assez bien.
MY : Vraiment ? Il n’a pas de plateforme électorale, pas vraiment de candidats connus et surtout pas d’expérience de la chose publique. Mais c’est vrai qu’il est photogénique et qu’il sait bien parler en public. Comme critiquer l’actuel conseil municipal Vision sur sa position sur les bélugas et leur reproduction en captivité, ou la piste cyclable de Point Grey Road ou le commentaire du maire sur les têtes blanches qui appuient le NPA ? C’est vrai qu’on aurait pu se pas-
ser de tout ce brouhaha autour des audiences sur les bélugas en captivité à l’Aquarium, des 6 millions qu’a coûté la piste cyclable, et les commentaires sur les têtes blanches étaient déplacés et inutiles. Mais enfin, il reste que la densification de la population ne peut être qu’une bonne chose pour les recettes fiscales de la ville et ses effets sur les services et l’infrastructure.
MX : Mais jamais de la vie. Y a plus moyen de circuler à Van-
couver. Il y a déjà trop de monde en ville. Il ne faut plus laisser personne venir s’installer en ville. Il faut les envoyer s’installer à
Abbotsford, ou ailleurs dans la Vallée, là où il y a de l’espace pour construire. Pas ici, à Vancouver, où il n’y a plus de place.
MY : Oui, mais si on les force d’aller vivre en banlieue, on ne fait qu’aggraver le problème de la circulation routière, ce qui vous agace déjà, comme vous le disiez tout à l’heure. Il faudra bien que ces nouveaux arrivants se rendent à leur travail.
MX : Alors il faut créer des usines dans la Vallée, comme une usine de voitures électriques, par exemple.
Comme ça ils auront de quoi se loger, pourront habiter près de leur travail et n’auront pas besoin de venir en ville.
MY: Ça me semble difficile à faire. La libre circulation des gens est un droit acquis. Et de plus on ne peut empêcher les gens de venir s’installer ici. Et même si c’était possible, ils devront quand même circuler pour venir au travail. La solution aux embouteillages passe par le développement du transport en commun, pour désengorger la circulation pour que la livraison des biens et services se fasse librement et faci-
lement, pas par l’augmentation du nombre d‘autos sur le réseau routier. Même l’ancien maire NPA Sam Sullivan, ancien maire NPA, apôtre de la densification et du civisme urbain, soutenait que plus il y a de contribuables, plus il y de l’argent dans les coffres.
MX : Oui mais si on continue avec la densification, on va devenir un autre Hong Kong, Tokyo ou New York.
MY : Êtes-vous déjà allé à Hong Kong, Tokyo ou New York ?
MX : Euh, non !
Les deux hommes ont pris leurs achats et sont sortis en se souhaitant bonne journée. Après tout, chacun a le droit à son opinion !