Du 15 au 21 septembre, la Semaine de mode de Vancouver déroule la passerelle à plus de 60 créateurs. La Source en a repéré deux qui font élégance de cultures, couleurs et savoirs… au pluriel. Impressions de « métissages », entre-tissage, prêt-à-porter, haute(s) culture(s)? À l’approche des défilés printemps-été, avant-regard sur les « palettes-mosaïques » singulières de Nahal Baniadam (Iran et Canada) et Lu Liu (Chine et États-Unis).
Vancouvéroise, Nahal Baniadam a l’Iran sur le cœur… et la fibre persane ! Née à Téhéran, elle a posé le pied au Canada à 20 ans « pour cette simple raison – immigrer dans l’un des pays les plus accueillants et ouverts au monde ». Et n’a pas oublié son bagage : « Je crois que l’inspiration de la plupart de mes créations vient de mes racines culturelles et géographiques. » Diplômée du Vancouver Community College, créatrice de sa propre ligne de vêtements, comment conjugue-t-elle cet héritage culturel au présent, dans son « ici et maintenant » irano-canadien?
Suivant de près les événements en République islamique, la designer les « matérialise » à sa façon, notamment par l’utilisation de miniatures persanes. « Ces miniatures, à la fois simples et complexes, peuvent s’apprécier à tant de niveaux qu’il est presque trop facile de les intégrer à n’importe quelle création. Le défi tient plutôt à la méthode utilisée pour les incorporer au tissu, à la juxtaposition », précise-t-elle. Avant d’ajouter : « La politique et la lecture des journaux font partie de la vie quotidienne des Iraniens et certaines de mes créations en rendent compte littéralement. » Quant à sa ville natale, elle n’est jamais bien loin de Nahal : « L’allure architecturale unique de Téhéran, avec sa combinaison d’édifices en hauteur et de maisons basses, se traduit dans mes créations par des coupes asymétriques et des alliages inusités de matériaux tels que le vinyle et le coton. »
À Vancouver, Nahal espère montrer la richesse de ce bagage culturel dont elle fait collection… pour la modernité. Qu’elles soient Iraniennes ou Canadiennes, les femmes d’aujourd’hui devraient s’y retrouver.
Lu Liu : aquarelles chinoises
Pour Lu Liu, originaire de Harbin, « cité de glace » de la Mandchourie que l’on surnomme parfois « Paris de l’Est », la mode est un dessein d’enfant. « Harbin est assez proche de la Russie, confie-t-elle. Lorsque j’étais gamine, je voyais beaucoup d’étrangers dans la ville et j’étais attentive à leur culture, à leur style. J’ai toujours rêvé d’être créatrice de mode ! » Ce dessein, Lu lui a d’abord fait faire un détour par le dessin : « J’ai plus de 15 ans d’expérience en dessin à la main et en illustration, acquise auprès d’un grand artiste chinois. » Puis elle a mis le cap sur les États-Unis et l’Université Woodbury, dont les campus ont fleuri à Burbank, à Los Angeles et à San Diego, afin de se lancer dans la mode… sans s’éloigner du dessin!
« Mon savoir-faire en aquarelle et en peinture à l’huile me nourrit pour créer mes collections », souligne Lu. Mais outre le savoir-faire, on sent surtout que Lu s’amuse follement de sa palette, et cela fait du bien !
La collection qu’elle présente à Vancouver est un joyeux livre ouvert : « J’aime créer une mode un peu folle avec un côté drôle. Cette collection, pour laquelle je me suis servie de mes dessins en y ajoutant des touches très modernes, parle de mes 20 premières années en Chine et de mes 5 dernières années aux États-Unis. »
Son album « cousu main », Lu le partage avec le public vancouvérois en espérant qu’il saura y trouver traces de son bagage culturel chinois et de son mode de vie américain.
Si le rituel des semaines de mode peut être moqué à juste titre, avec son jeu de chaises musicales, son cirque blogo-médiatique et ses hors d’oeuvre huppés, celle de Vancouver, tout sauf nombriliste, tournée vers le monde et les talents émergents, a sans doute de quoi étonner par sa diversité. Au risque de détonner !
Vancouver Fashion Week
Du 15 au 21 septembre
Queen Elizabeth Plaza
649 rue Cambie
www.vanfashionweek.com