Denise Clarke, chorégraphe de l’émotion

Denise Clarke dans Wag. | Photo par Trudie Lee Photography

Denise Clarke dans Wag. | Photo par Trudie Lee Photography

Récemment décorée de l’insigne de Membre de l’Ordre du Canada, Denise Clarke présente sa dernière création, Wag, du 21 au 25 octobre au Firehall Arts Centre. Inspirée de ses expériences intimes et douloureuses, dont elle a su faire rejaillir la lumière, Wag est une chorégraphie de l’émotion. Un vrai baume pour le cœur. Rencontre avec une interprète en perpétuel mouvement.

Denise Clarke consacre sa vie à la danse, ou plutôt à la chorégraphie. Formée au ballet classique dès la plus tendre enfance, passée par la Royal Academy of Dancing, elle délaisse pourtant les chaussons de danse à 20 ans. Pour un temps, qu’elle met au profit de la poésie, autre moyen d’expression. Elle renoue avec la danse par l’enseignement et prend conscience du pouvoir émotionnel du mouvement. En 1983, elle intègre la compagnie One Yellow Rabbit, à Calgary, au sein de laquelle elle s’émancipe et ne s’arrête plus de créer. Cette formation contemporaine lui permet, comme elle le dit, « d’être une des premières à expérimenter ce système » fondé sur un jeu d’actrice, de textes, de danse, de poésie : « tout un ensemble pour raconter une histoire », qui au final ne forme quasiment plus qu’une discipline.

2014 est l’année de la reconnaissance. Denise confie qu’avoir été distinguée Membre de l’Ordre du Canada « est un très beau et grand honneur (…), car les autres membres sont tellement prestigieux de par leur parcours ; cela m’incite à voir comment vivre pour améliorer les choses. » Dans son travail, elle se dit responsabilisée : « ça m’a fait réfléchir à ce que cela signifiait pour moi, dans ma démarche artistique… et je continue à faire la même chose », car c’est aussi pour ça qu’elle a été récompensée !

La chorégraphie des sentiments

Combinant la danse et le théâtre de manière innovante, c’est la chorégraphie qui donne sens et les relie sur scène. Travaillant en amont en solo sur ses propres projets, ce qui intéresse Denise est « de voir ce qui se passe entre les pas, de voir ce qui en naît ».
Elle ne veut pas se contenter de la danse pour ce qu’elle est. Pour se connecter avec le public et l’embarquer avec elle dans le spectacle, la danse doit dépasser l’aspect technique. « La performance peut être superbe, mais le mouvement doit apporter une émotion qui traduit autre chose, c’est du vocabulaire corporel : tout doit s’imbriquer pour véhiculer le message. C’est alors que la magie opère ! »

Si ses représentations ont la réputation d’être singulières et novatrices, cela ne signifie aucunement qu’elles sont inaccessibles, voire incompréhensibles. Le rapport qu’elle entretient avec le public constitue un aspect important dans sa création. Pour cela, elle aime dire qu’elle utilise des techniques dites à l’ancienne : « je n’aime pas que le public se sente perdu, j’aime qu’il rit, pleure et réfléchisse. Je suis une personne de spectacle, j’aime que le public prenne du plaisir lorsqu’il vient. »

Son Wag représente un défi de taille. Elle a fait le choix de parler d’événements intimes pour leur dimension universelle, mais aussi parce que cela lui permet de les revivre et de les dépasser. Chaque moment du spectacle lui évoque une partie de sa vie. Bien que le but soit de raconter une histoire, elle admet que « livrer une prestation la plus sensible possible sans se faire happer par ses émotions, arriver à transmettre des sentiments tout en gardant à l’esprit que le travail doit être fait » est un défi. Cette création artistique, qui incorpore de la musique, met en scène des moments douloureux de la vie de Denise, des deuils dont elle veut absolument faire ressortir de la joie, comme une déclaration de vie malgré les épreuves. Elle tient à décrire ce spectacle comme « une méditation sur la vie, un engagement à ne pas se décourager ! »

Une nouvelle fois, Denise Clarke signe un spectacle alliant le drame à l’humour pour nous raconter une histoire dans laquelle chacun peut se reconnaître, sans succomber à la facilité. Pendant près de 2 heures, elle nous ouvre les portes sur son monde, qui fait écho au nôtre, agitant nos souvenirs. « La danse, l’écriture, le jeu d’actrice, la musique, tout s’influence mutuellement, mais je suis toujours mon cœur ! »

Wag de Denise Clarke

Du 21 au 25 octobre 2014

Firehall Arts Centre, Vancouver

www.firehallartscentre.ca