Les atouts de Vancouver

Je suis née en Alberta et mon attirance pour Vancouver se résumait – vous pardonnerez ce manque d’originalité – à ses hivers doux. Emmitouflée sous de lourdes épaisseurs de vêtements à Edmonton, j’imaginais la vie à Vancouver. Je me voyais, aisément, vivre sans bancs de neige, sans déraper sur les routes, sans épisodes de froid polaire et sans verglas invisible. A Vancouver, j’ai rencontré d’autres Canadiens, dont des Albertains, qui eux aussi partageaient mon désir de me libérer du froid.

Ceux qui fréquentent les trottoirs plus ou moins accueillants (façon de parler) du quartier East Hastings ont fait eux aussi de Vancouver une Mecque. Nouvellement arrivée à Vancouver et son East Side, j’ai tout de suite été frappée par le lot des pauvres, des intoxiqués, des gens souffrant de troubles mentaux, de tous ceux qui fréquentent le quartier East Hastings, car la route de l’autobus que je prends le soir pour me rendre à mon emploi de serveuse traverse justement ce voisinage. De nombreux Vancouvérois, à qui je parlais, trouvaient dangereux ce lieu, et – certes – j’avais moi-même observé la dure réalité de la vie sur East Hastings : une femme émaciée se faufilant dans une ruelle après un rapport sexuel des moins discrets, les odeurs aigres émanant des canettes en aluminium ramassées pour le dépôt de recyclage qui dégoulinent et tintent bruyamment dans les autobus, un passager agressif recevant un coup de poing de la part d’un chauffeur d’autobus. Cependant, mes amis, eux-mêmes connaissant les lieux, me rassuraient en disant que le quartier East Hastings ne débordait pas de bandits armés de couteaux, attaquant à l’aveuglette les intrus. Au contraire, les lieux résultaient de la fermeture d’un hôpital psychiatrique à cause de coupures dans son financement. Cette explication m’a permis de développer une meilleure compréhension de la communauté de East Hastings : parfois en entrant en contact avec ses résidants dans l’autobus, mais le plus souvent comme simple passante qui essayait de traverser les rues en toute
quiétude.

Passer de la sloche à « Raincouver » ? | Photo par Sangudo, Flickr

Passer de la sloche à « Raincouver » ? | Photo par Sangudo

Alors que je m’habituais au quartier East Hastings, j’étais assaillie de sensations culinaires, de par la nature multiculturelle de Vancouver. Mes habitudes alimentaires ont été enrichies par la découverte du Bubble Tea au taro, que l’on doit brasser vigoureusement avant de boire et dont le goût sucré saturé d’une couleur violette se mêle de façon inattendue à la texture caoutchouteuse de perles presque en plastique. J’ai été époustouflée par le choix de restaurants de sushi, pour ensuite les comparer, faisant le choix d’un favori pour ensuite y amener mes amis. J’ai mangé mon premier repas Thai sur la rue Commercial Drive, où j’ai pris l’habitude d’engloutir un plat de poulet avec une sauce aigre-douce et légumes.

Après avoir passé quelques années dans la partie est de Vancouver, j’ai quitté la ville pour vivre en Corée du Sud pendant un an. A mon retour je me suis installée dans la partie ouest du centre-ville, où règne une atmosphère très différente de celle de l’est de la ville. J’ai été frappée par la diversité culturelle de Vancouver, contrastant vivement avec l’homogenéité sociale de la Corée. En observant de larges groupes d’étudiants en Anglais Langue Seconde dans mon quartier, j’ai décidé de donner des cours privés à des étudiants venus de la Corée du Sud, de la Chine, et de l’Allemagne. Plusieurs me confiaient leur désir de devenir résidents permanents, après avoir vécu le multiculturalisme, la tolérance, la beauté naturelle, et les possibilités qu’offre la ville de Vancouver. De plus, nous discutions de sujets qui défiaient mes préconceptions culturelles : par exemple, l’Allemagne fournit un généreux soutien social, ce qui permet aux femmes de faire le choix de la prostitution librement, plutôt que par une nécessité occasionnée par la pauvreté.

Après avoir passé plusieurs années à Vancouver, je connais les atouts convaincants, délicieux et révélateurs de la ville, qu’ils soient permanents ou passagers. Comme prévu, la météo est géniale. Cependant, la rencontre imprévue avec d’autres cultures m’a fait constater que Vancouver possède bien plus qu’un seul atout remarquable.

Traduction Chris Herron