Alors que le goût des bonnes bouteilles ne cesse de s’affirmer au Canada, La Source s’est intéressée aux secrets de la réussite de Nk’Mip Cellars, le vignoble de Colombie-Britannique qui veut redonner de la fierté aux Premières Nations.
La bande indienne d’Osoyoos, originaire de la vallée de l’Okanagan, est reconnue à travers l’Amérique du Nord pour sa détermination à atteindre l’autosuffisance grâce au développement économique. Le chef de la bande, Clarence Louie, a en effet mis en place un modèle de progrès et d’initiative avec en toile de fond le devoir de « se prendre en charge en créant nos propres emplois et en gagnant notre propre argent ». Pour Clarence Louie, « c’est l’autonomie des Premières Nations… et c’est la façon de ramener la fierté des Premières Nations. »
La grande majorité des 470 membres de la bande vivent dans la réserve, qui s’étend sur 32 000 acres dans le sud de la Colombie-Britannique. La richesse et la localisation de leurs terres ont permis à la bande indienne d’Osoyoos et à leur chef de mener à bien de nombreux projets de développement économique. La réserve exploite aujourd’hui dix entreprises et offre plus d’emplois qu’elle ne compte de membres.
Par ailleurs, la bande d’Osoyoos administre ses propres services sociaux, municipaux, de santé et d’éducation. En outre, Clarence Louie s’est donné pour mission de préserver la culture amérindienne de la bande d’Osoyoos en créant entre autres des emplois pour les générations futures.
L’art de la vigne
Lorsqu’en 1978, le gouvernement de la Colombie-Britannique élargit son système d’irrigation dans la vallée de l’Okanagan jusqu’aux terres ancestrales de la bande indienne d’Osoyoos, la communauté voit une occasion favorable de planter des vignes dans la réserve. Jusqu’alors, seules de petites fermes cultivaient des fruits et des légumes sur ces terres rurales semi-arides.
La viticulture de la bande d’Osoyoos se distingue rapidement en proposant des variétés de raisin européennes dont le Riesling, le Ehrenfelser et le Scheurebe. Aujourd’hui, une trentaine de variétés de raisin sont produites.
L’activité viticole contribue peu à peu au projet de la communauté indienne : consolider leur autosuffisance et leur autonomie grâce au développement économique.
Ce n’est qu’en 2002 que le désir de faire du vin se concrétise avec le lancement de la cave Nk’Mip Cellars (prononcé in-ka-meep). De cette entreprise naît le premier vignoble autochtone d’Amérique du Nord, « une particularité sans égal pour notre stratégie marketing », comme le souligne Sam Baptiste, responsable du vignoble. Pour Randy Picton, le vigneron de Nk’Mip, ce ne fut que la continuité de l’aventure entreprise en 1978. La bande indienne d’Osoyoos avait des terres de qualité et un excellent réseau viticole : il ne manquait plus qu’une cave. Sam Baptiste nous explique que, n’ayant pas l’expertise dans l’art de faire du vin, la bande indienne n’a pas hésité à faire appel à des experts pour rendre l’expérience fructueuse, autant en employant un vigneron comme Randy qu’en recourant aux services de spécialistes en marketing. Deux fois par an, l’équipe de Nk’Mip Cellars rencontre ainsi une équipe de consultants afin de redéfinir les objectifs et priorités du quotidien. Ces comités représentent une valeur ajoutée sans précédent à leurs affaires.
Avec le temps, la bande indienne d’Osoyoos a dû employer des personnes des environs pour satisfaire la demande. Ainsi, plus de 60 % des personnes travaillant sur le vignoble viennent de l’extérieur de la réserve.
La vallée de l’Okanagan, qui comptait seulement quatre exploitations viticoles en 1978, recense aujourd’hui 131 vignobles. Autrement dit, la concurrence est rude. La cave Nk’Mip tire toutefois son épingle du jeu : depuis son ouverture en 2002, elle a reçu une cinquantaine de prix internationaux. Cette année, le vignoble a même été classé au deuxième rang des meilleurs caves de la Colombie-Britannique et au troisième rang à l’échelle du pays.
Les clés du succès d’un modèle de progrès et d’initiative
Tel la qualité de son vin, le modèle économique de la bande indienne d’Osoyoos semble se bonifier avec le temps.
Parmi les clés du succès des entreprises de la bande, il faut sans doute reconnaître les qualités de dirigeant de Clarence Louie, ainsi que sa détermination à fournir qualité de vie et dignité à chaque membre de la bande. L’application des règles et des pratiques commerciales a permis à la bande d’investir dans le développement de son économie. Le chef a souvent eu recours à des experts pour perfectionner ses entreprises, et la communauté a ainsi acquis des compétences diverses et variées. Enfin, l’avantage majeur de la bande demeure la localisation et la qualité de ses terres dans la magnifique vallée de l’Okanagan.