Le Festival international de flamenco de Vancouver, amorcé le 28 octobre, se poursuit jusqu’au 11 novembre. À défaut de pouvoir vous parler de la pièce HomoBLABLAtus, déprogrammée, La Source a pu assister à la présentation de Vuelo Directo, un spectacle dont la direction musicale est assurée par Caroline Planté, à la guitare, qui met également en scène Myriam Allard, à la danse et à la chorégraphie, ainsi que Hedi Graja, au chant. Tous trois de Montréal, ces passionnés de la création andalouse font vivre leur art dans le style cabaret ou tablao.
La pièce Vuelo Directo a été présentée le 31 octobre au théâtre Waterfront, sur l’île de Granville. En visite à Vancouver, sa productrice, Caroline Planté, qui est aussi directrice artistique du Festival de flamenco de Montréal, est une des rares femmes à jouer de la guitare flamenca professionnellement. Elle compte plus de vingt ans d’expérience et de nombreuses collaborations avec Myriam Allard et Hedi Graja.
Par-delà les rives du flamenco
Compagnie fondée en 2006 à Montréal par Myriam Allard et Hedi Graja, La Otra Orilla, de l’espagnol « L’autre rive », nous emmène dans le monde du flamenco grâce à des productions dans le style tablao et à d’autres plus contemporaines. « Dans sa forme artistique, le flamenco est une danse extrêmement codée, extrêmement esthétique, très spécifique, très riche et très complexe », souligne Myriam Allard, qui vit de ce métier depuis 2001 et a passé plusieurs années en Espagne, à Madrid et principalement à Séville, où elle a dévelop-
pé son art. En plus des spectacles traditionnels, la compagnie a réalisé trois grandes productions au Canada qui dépassent le format tablao et sont réalisées dans un esprit plus actuel : MuE_s, El12 et HomoBLABLAtus. Cette dernière devait initialement être présentée du 26 au 29 novembre au Vancouver East Cultural Centre (The Cultch), mais a été déprogrammée à la dernière minute.
Selon Myriam Allard, le flamenco est un art que « les artistes doivent s’approprier, au départ, avant de pouvoir être en mesure de le développer sur un plan nouveau. » L’artiste réalise un travail au niveau de la danse qui est très personnel, avec plus de possibilités. L’intention de La Otra Orilla est d’emmener le public dans un flamenco qui peut aussi être mêlé à d’autres formes d’art avec un peu d’humour, d’esprit ludique et d’inattendu, en ajoutant au dramatique, au traditionnel, à la beauté, à la sensualité, à la fougue et à la force qui donnent vie au flamenco. Dans les pièces plus classiques, il n’y a pas vraiment de mise en scène puisque dans sa forme traditionnelle, le flamenco est composé du chant, de la guitare et de la danse. Les grandes productions de La Otra Orilla vont donc plus loin, tant dans la mise en scène que dans l’esthétique.
« Trandisciplines » du cœur
La dernière œuvre d’Allard et Graja, HomoBLABLAtus, va certainement le plus loin à ce jour : « À un moment donné, je danse sur une conversation », confie Myriam Allard. « HomoBLABLAtus, c’est le thème du trop-plein, la réaction à la surabondance dans la société avec une large présentation de tableaux très différents les uns des autres », ajoute-t-elle. Les autres pièces de La Otra Orilla se distinguent également, comme par exemple El12, composée sur le thème du temps, qui se veut plus légère, plus douce, avec un fil conducteur plus linéaire, plus narratif.
« On ne se donne aucune limite », lance Myriam Allard. Les idées du duo prennent source dans un besoin de li-
berté et d’inspirations variées comme le cinéma. Les sources d’inspiration changent, mais « ce qui est clair, c’est qu’on est des gens vraiment de notre époque et c’est ce qu’on fait qui fait que nous sommes très colorés. C’est très actuel. C’est très ancré dans le présent. » Dans l’ensemble, c’est comme cela que La Otra Orilla se démarque et fait preuve d’originalité. Leurs créations donnent des résultats surprenants appréciés par le public qui va voir un spectacle de flamenco. « C’est un mélange d’art contemporain et de flamenco. »
L’an dernier, la compagnie a entamé des tournées à l’international, en Amérique latine et aux États-Unis. Les fondateurs projettent aussi de donner des spectacles en Europe. La Otra Orilla est actuellement en discussion avec le Vancouver East Cultural Centre (The Cultch) pour y présenter une de ses grandes productions prochainement.