Alors que la semaine de mode s’est terminée fin septembre, la Vancouver Alternative Fashion Week (VALT) se prépare à ouvrir les portes du Maritime Labour Centre du 21 au 23 novembre.
L’évènement met en avant des artistes en devenir de la Colombie-Britannique. Ainsi, designers de vêtements, réalisateurs, photographes, musiciens et autres se réunissent pour la troisième année consécutive, autour de thèmes destinés à donner du sens et à rythmer la fin de semaine.
Trois thèmes ont été retenus et seront célébrés sur trois jours : la « Révolution », qui se définit comme un changement social impliquant une sorte d’agressivité et de militantisme; l’« Évolution », faisant d’avantage référence au changement naturel en général ; et enfin la « Révélation », thème ouvrant une dimension spirituelle en lien avec les œuvres artistiques du dernier jour.
Une passerelle pour les inclassables ?
Même si les acteurs de la VALT veulent promouvoir la différence, l’emprunt du nom « Fashion Week » dans l’intitulé de leur évènement pousse à la comparaison avec les traditionnelles Semaines de mode.
Alors que la mode fait l’apologie de la beauté et du glamour dans la plupart des événements, la VALT veut prôner la créativité avant tout. C’est notamment un moyen pour Kat Ferneyhough, sa directrice artistique et co-fondatrice, d’ouvrir l’événement à davantage de créateurs, y compris des musiciens, des photographes… qui ne sont pas promus ou qui ne trouvent pas leur place dans l’industrie de la mode.
Cet esprit d’ouverture permet à des personnalités comme Carolyn Bruce, créatrice de bijoux et de chapeaux, d’exposer ses créations. En effet, cette artiste n’avait pas pu s’inscrire à la traditionnelle Fashion Week, faute d’y trouver une catégorie adéquate.
D’autre part, contrairement à la Fashion Week, les organisateurs se sont focalisés sur la création locale en mettant en avant des artistes indépendants et parfois amateurs. Le salon rassemble et structure ainsi une communauté d’artistes épars, reconnaissants de pouvoir être ainsi exposés.
Enfin, la VALT s’émancipe des conventions de la mode pour se rapprocher de son public vancouvérois. Les tailles présentées, par exemple, ne sont pas limitées et conviennent à tout le monde (du 0 au 28). Les créations s’inspirent également de la rue avec des styles dédiés davantage aux gothiques.
Vancouver, alternative par nature
Contrairement à ce qui peut se faire dans d’autres pays, le Canada a tendance à encourager en priorité les créations qui ont une valeur utile ou marchande. Les aides pour des salons comme VALT sont inexistantes. L’utilité est dès lors plus importante que l’expression artistique. C’est certainement une des raisons pour laquelle on dit souvent, à tort ou à raison, que la mode dans les grandes villes canadiennes n’est pas encore tout à fait dans les mœurs.
La co-fondatrice de la VALT, originaire de l’Ontario, en témoigne aisément : « Dans la plupart des villes, on dit aux gens
influencés par la mode quoi acheter et quoi porter, et ils écoutent ». D’après Kat Ferneyhough, « dans les rues les gens sont en noir parce que c’est passe-partout ». Mais à Vancouver, et c’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à migrer vers la côte ouest, « tout le monde semble porter ce par quoi il est attiré personnellement ». Vancouver étant perçue comme une ville dans laquelle les citadins sont davantage désireux de se montrer et d’exprimer leur personnalité, la VALT entend répondre à un besoin réel de la population.
Par ailleurs, à l’image de la ville, la VALT est multiculturelle, dans le sens où les influences sont mondiales et où il s’agit d’un moment où les communautés se rencontrent (certains designers viennent du Japon, de la Nouvelle-Zélande, les mannequins sont « de toutes les couleurs, de toutes les tailles », insiste Kat Ferneyhough…).
Du 21 au 23 novembre, ce sera donc un lieu commun de dire que Vancouver est alternative !