Demandez à vos amis ce qui sera important pour eux en 2015 et beaucoup d’entre eux vous parlerons de leurs plans de voyage. Ça ne devrait pas nous surprendre puisque, selon les chiffres de l’agence onusienne qui étudie le tourisme, plus d’un milliard de terriens traversent chaque année une frontière internationale dans un but touristique. Si l’on ajoute à cela les voyages touristiques effectués par les citoyens à l’intérieur de leur propre pays, on ne s’étonnera pas du fait que le tourisme soit devenu l’un des tout premiers secteurs économiques dans le monde.
En ce qui concerne le tourisme international, la croissance des cinquante dernières années a été époustouflante. En 1950, seulement 25 millions de personnes ont franchi une frontière internationale pour aller en vacances. Quelques Américains allaient à Cuba ou au Mexique. Quelques Canadiens se rendaient aux États-Unis. Quant aux Européens, ils se remettaient péniblement de la Deuxième Guerre mondiale.
Quand la crise financière est survenue en 2008, d’abord aux États-Unis puis en Europe, certains ont cru que cela allait être un coup dur pour le secteur touristique. Ces prévisions pessimistes semblaient logiques. Les Européens et Nord-américains voient leurs revenus stagner ou diminuer. La consommation est en berne. Les économistes nous répètent que l’heure du désendettement est arrivée. La peur du chômage est omniprésente. On nous dit que l’avenir est sombre et que nos retraites seront maigres. Dans un tel contexte, prendre ses vacances à l’autre bout du monde ne devrait pas être une priorité. Eh bien, non! Contre toute attente, la croissance du tourisme continue.
Alors que le secteur manufacturier est à bout de souffle et que le secteur financier ne survit que grâce aux transfusions salvatrices des imprimeurs de billets de banque, le tourisme apparaît comme une rare planche de salut économique. Pays, régions, villes, tout le monde espère être sauvé par le tourisme. Sites de champs de bataille, cimetières, camps de concentration, anciens sites industriels, lieux de tournage de films célèbres, sites liés à des personnages imaginaires (Sherlock Holmes ou les vampires de Transylvanie) tout est bon pour attirer des visiteurs et créer des emplois.
Le tourisme n’est plus l’affaire des seuls Nord-Américains, Européens et Japonais. L’Argentine reçoit surtout des touristes venant du Brésil, du Chili et de l’Uruguay. Le Guatemala compte surtout sur les Mexicains. L’Egypte accueille plus d’Arabes des pétro-monarchies que d’Occidentaux et l’Europe compte beaucoup sur la croissance des arrivées en provenance d’Asie et d’Amérique latine. Selon les prévisions de l’organisation mondiale du tourisme, le secteur devrait continuer à croître au rythme de 3% par an au cours des 20 prochaine années ce qui veut dire que d’ici 2035 plus de deux milliards de franchissements de frontières auront lieu chaque année dans un but touristique.
Au palmarès des arrivées de visiteurs étrangers, le Canada est en 16e position et la croissance du secteur touristique, au dessous de 2% par an, est loin de la moyenne mondiale de 3%. Les professionnels du secteur avancent plusieurs raisons qui expliqueraient ces résultats décevants. Le climat, les prix élevés, l’insuffisance des efforts de mise en marché et les tracasseries administratives (visas) visant les citoyens des pays d’Amérique latine et d’Asie. Or, ces deux régions sont justement celles où le tourisme international est en forte croissance. Mais la principale raison est sans doute que nous sommes en concurrence avec le géant américain. Le Canada a une image très positive en France, par exemple, et a attiré 335 000 touristes français dans les 8 premiers mois de 2014. Mais dans la même période, 3 fois plus de touristes français ont choisi d’aller aux États-Unis. C’est difficile de concurrencer New York, le Grand Canyon, San Francisco et les rêves vendus par Hollywood. Les Canadiens sont eux mêmes de grands voyageurs internationaux. Ils dépensent plus à l’étranger que les étrangers ne dépensent chez nous. Résultat, le déficit touristique canadien approche les 20 milliards de dollars par an.