Compostage en ville…vraiment ?

Depuis le premier janvier de cette année, tous les immeubles à logements multiples de la grande région de Vancouver sont dans l’obligation de recycler les déchets de table. C’est à dire de ne plus les jeter dans les bacs à ordures avec les autres ordures ménagères. En clair, cela veut dire que tous les concierges, gérants d’immeubles et conseils d’administration de sociétés de copropriétaires doivent mettre sur pied des programmes de collecte et de recyclage des rebus de table. C’est en fait un programme de recyclage qui vise à séparer ce qui est matière organique de tout ce qui ne l’est pas. Finis les jours où nous pouvions allègrement jeter dans les mêmes sacs à ordure os de poulet, restes de pizza, coquilles d’oeuf, légumes et fruits défraîchis avec nos autres détritus.

Les déchets de table ont désormais leur propre bac à ordures. | Photo par Rex Turgano

Les déchets de table ont désormais leur propre bac à ordures. | Photo par Rex Turgano

On recycle déjà papier, carton, plastique, boîtes de conserve et verre. Dorénavant il faudra en faire de même avec tout ce qui a été mangé et surtout tout ce qui n’a pas été mangé…

L’objectif est de réduire le volume d’ordures envoyé à grands frais aux sites d’enfouissement en sensibilisant tous les résidants de la grande région de Vancouver aux bienfaits du recyclage et aux mérites du compostage. Parce qu’une fois les déchets organiques ramassés, ils deviendront de la belle terre à jardin.

Tous les résidants de maisons unifamiliales sont déjà dans l’obligation de séparer les ordures organiques des autres déchets depuis plus d’un an. Mais un changement de cet ordre ne se fait pas sans résistance. Les inquiétudes des habitants d’immeubles à logements multiples sont les mêmes que pour ceux des maisons unifamiliales : les odeurs et les rongeurs ! En fait, si quelques principes de base sont bien suivis, les risques sont mineurs. Le pire ennemi du compostage efficace est le liquide. Les étapes à suivre sont plutôt simples. D’abord mettre sur pied un comité pour votre immeuble. Ses membres se familiariseront avec la réglementation municipale (www.vancouver.ca/home-property-development/food-isnt-garbage-2015-organics-ban.aspx) et consulteront sans doute votre entreprise de collecte d’ordures et de recyclage. Les services municipaux de collecte d’ordures ne sont disponibles que pour les résidences privées.

Votre entreprise spécialisée en recyclage vous proposera de petits contenants conçus spécialement pour usage domestique dans les cuisines d’appartement. C’est un petit bac, qui contient entre 8 et 10 litres, dont le couvercle est percé comme un tamis pour permettre l’aération et qui se ferme avec un déclic, pour garantir qu’il ne s’ouvrira pas quand vous le transporterez pour aller le vider. Mais avant de le remplir, prenez 3 ou 4 feuilles de papier journal et faites-en un cône dont vous tapisserez l’intérieur de votre petit bac. Comme ça, ce que vous y recyclerez sera contenu dans le papier qui absorbera l’excès d’humidité. Ce qui est relativement sec ne se décomposera pas dans votre cuisine avant que vous n’ayez eu le temps de le porter dans le bac à recyclage de votre immeuble. Ensuite, vous n’aurez qu’à prendre le cône en papier par ses coins et le retirer du bac pour en disposer dans votre bac à recyclage de matière organique… le vert… pas le bleu !

En moyenne, les grands bacs verts contiennent 64 gallons…soit un peu moins de 300 litres…suffisant pour un immeuble d’une soixantaine d’unités de logements. Ils sont conçus pour contenir 400 livres soit 180 kilos. Au bout d’un an, cela se traduit par une économie de plus de 9 tonnes métriques de déchets organiques qui ne seront pas enfouis, mais transformés en compost, issus d’un seul immeuble ! Imaginez le potentiel que représente l’ensemble de tous les immeubles à logements du grand Vancouver.

Mais est-ce que c’est efficace ? Quels sont les résultats escomptés ? Allons voir chez Eat Local, (www.eatlocal.org) l’organisme qui gère les marchés fermiers à Vancouver et qui depuis 4 ans, en partenariat avec la ville de Vancouver et Recycling Alternatives (www.recyclinginbc.ca), administre un projet pilote de collecte de matières organiques. En quatre ans ils ont recyclé et composté 330 000 livres d’ordures organiques, soit près de 200 tonnes métriques. Les collectes se sont faites aux marchés d’été du West End et de Trout Lake et au marché d’hiver de Nat Bailey. Et celui qui a connu le plus grand succès est celui du West End où l’on a recueilli en moyenne 10 bacs de 300 litres par semaine, alors que les autres en recueillaient en moyenne 4 chacun.

Le quartier le plus densément peuplé de Vancouver serait donc le modèle à suivre. Allons, à table! C’est l’heure du compost !