Du 17 au 21 février, la scène de la Seizième va accueillir l’adaptation novatrice de Layla Metssitane du roman Stupeur et tremblements d’Amélie Nothomb, gagnant du grand prix de l’Académie française en 1999.
Layla Metssitane a déjà présenté son travail dans plus de dix-sept pays, et sa venue à Vancouver est l’aboutissement d’une longue année d’organisation. Le réseau national de l’Alliance française avait sélectionné son travail pour qu’il soit représenté au Canada et Craig Holzschuh, directeur artistique et général de la Seizième, est très fier que ce soit son théâtre qui accueille à Vancouver ce projet unique et original.
Qui n’a pas entendu parler de Stupeur et tremblements, cette œuvre narrant les difficultés d’Amélie, une jeune Belge, au sein d’une prestigieuse compagnie japonaise où elle vient d’être embauchée ? La jeune Amélie s’y heurte à la rigidité d’un système et d’une culture ayant tendance à ostraciser les différents et les « faibles » avec cruauté. Malgré sa motivation et ses compétences indéniables, cette dernière descendra les échelons depuis son poste d’interprète jusqu’à celui de dame-pipi, refusant toutefois de démissionner pour ne pas perdre son honneur (notion très importante au Japon).
Pour mettre en valeur cette merveille de littérature, Layla adapte, met en scène et interprète un éventail de passages choisis, comme autant de ponctuations des moments forts de l’ouvrage. Elle incarne seule la parole monologuée de l’auteure afin de mieux faire ressentir « avec suggestion et subtilité » – comme le décrit elle-même Layla Metssitane en soulignant bien que ce sont « deux caractéristiques propres à Nothomb » – les événements frappant de plein fouet l’héroïne.
Ce Japon de la rigidité rappelle à Layla Metssitane les carcans du Maroc, pays dont elle est originaire. Selon elle, la référence au Japon est un « subterfuge pour évoquer [sa] propre culture musulmane ». Tout le potentiel et l’intérêt du miroir s’activent ici en ce que « chacune des sociétés peut se reconnaître en l’autre sans se sentir directement critiquée ». Amélie Nothomb a bien compris l’intention de la dramaturge et lui a donné son accord pour cette adaptation intelligente.
Craig Holzschuh, directeur de la Seizième, explique qu’à Vancouver, « il est rare que nous ayons des productions qui ont un regard vers l’Asie avec cette réflexion ». Il ajoute en outre que c’est « une occasion unique pour toute la population vancouvéroise d’avoir un spectacle de cette qualité-là ».
Une critique de la condition des femmes
L’autre angle d’attaque de Layla est la contestation de la condition des femmes. Elle explique que cette dernière est controversée dans sa culture arabo-musulmane, et, de la même manière,
« dans la société nippone telle que la décrit Amélie Nothomb, on retrouve un traitement équivalent de la femme, objet de soumission, contrainte à obéir à des règles de comportement qu’elle ne remet pas en cause et qui peuvent sembler stupéfiantes à nos yeux d’Occidentaux affranchis. »
Le but de Layla n’est pas de générer un conflit interculturel, mais de faire ressentir la similitude des deux situations en opérant un « glissement » de l’une vers l’autre. Pour ce faire, elle se présente d’abord sur scène entièrement couverte d’un niqab, pour se libérer progressivement et finir la représentation en tailleur. Cependant, tout l’enjeu est de faire comprendre que cette libération n’en est en réalité pas une puisqu’elle va arborer le maquillage blanc traditionnel japonais rappelant celui des geishas, autre forme de carcan tout aussi étouffant. Finalement, comme le dit la dramaturge « le personnage en niqab du début échappe à sa condition en lisant Stupeur et tremblements. Ce qu’on voit sur le plateau, c’est son imagination en action. »
L’interlocutrice principale d’Amélie, l’héroïne de la pièce, est sa splendide supérieure hiérarchique Fubuki-san Mori (dont le patronyme signifie « tempête de neige »). L’admiration de la jeune Belge pour cette dernière est sans limites, quand bien même Fubuki-san, malgré la perfection de ses traits et sa délicatesse, s’avère d’une cruauté implacable. Comment calmer cette haine que la Nippone va déployer à son égard si ce n’est en se prosternant devant elle avec stupeur et tremblements (mystérieux titre de l’œuvre évoquant l’usage ancestral du salut à l’empereur) ? Seul un tour au théâtre de la Seizième l’un des soirs de la représentation vous apportera une réponse à cette question. Mais faites vite, car Craig Holzschuh nous a confirmé que les places se sont écoulées à une si grande vitesse que les guichets seront bientôt fermés !
Voyez la bande d’annonce ici :
Stupeur et tremblements : Bande-annonce de Théâtre la Seizième sur Vimeo.
Agenda
AFRICA FETE
Du 13 au 15 février
Tarif en fonction des spectacles, à partir de 15 $
À Performance Works, Granville Island, 1218 Cartwright St
Africa Fête est un festival de musique et de danse d’origines africaines, afro-brésiliennes, afro-haïtiennes et afro-péruviennes qui dure pendant trois jours.
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14e Festival du sucre d’érable
Du 13 au 15 février
Au Centre social du parc Beban, Nanaimo
Événement gratuit
Le festival est un événement unique, bilingue et inspiré du sucre traditionnel des régions de l’est du Canada. Les festivités s’échelonnent sur trois journées d’activités variées, notamment des prestations et des spectacles hauts en couleur par des musiciens, danseurs et amuseurs publics, le tout agrémenté d’une brochette de mets authentiquement canadiens-français.
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Spell To Bring Lost Creatures Home
Le 18 février à 20 h
Au Western Front, 303 East 8th Ave
Entrée à 10 $
L’artiste Shary Boyle et la compositrice Christine Fellows présentent leur nouveau projet interdisciplinaire.