En 1981, parmi d’autres immigrants, Alain Blancard est arrivé de France à Vancouver avec sa jeune famille. Pour eux, le Canada était un « pays de possibilités ». Des membres de sa famille, provenant de l’île Maurice, étaient déjà installés en Colombie-Britannique depuis les années 1890.
Le cœur battant de la francophonie
En arrivant à Vancouver, Alain Blancard et sa famille ont découvert un quartier français vivant se trouvant au coin de la rue Heather et de la 16e Rue à Mont Pleasant, avec sa communauté vibrante de culture francophone. Le quartier Saint-Sacrement, comme il était connu à l’époque, comprenait plusieurs établissements francophones tels que « l’église francophone du Saint-Sacrement, une caisse populaire, une école francophone, un couvent religieux, un immeuble coopératif, et le Centre culturel francophone colombien. » Le bureau du journal francophone, le Soleil de la Colombie, sur la rue Cambie, était un autre établissement important du quartier, et avait été fondé en 1968 par André Piolat.
Le plus important de ces établissements était le Centre culturel, qui comprenait « une librairie, un bureau de poste francophone, une bibliothèque et une galerie d’art montrant des expositions d’artistes principalement francophones. » Le centre accueillait des concerts, des pièces de théâtre et de cabaret francophones mais aussi un café hebdomadaire qui était appelé « le Café croissant », où les francophones se réunissaient chaque dimanche pour prendre un café et un croissant et pour parler et se connaître. Pour Hélène Adl, une autre francophone qui travaillait au Soleil de Colombie, ce centre représentait « le cœur de la communauté francophone de l’époque ». Malgré son influence à cette époque, la culture francophone a changé d’apparence à Vancouver et le quartier n’est plus aussi francophone au coin de la rue Heather et de la 16e Rue.
Un déplacement de la communauté
Au fil des années suivantes, les membres de la communauté francophone se sont répandus partout dans la province, au lieu « de rester ensemble dans le quartier. » Et peu a peu, le quartier francophone autrefois animé et dynamique, a disparu. Les seuls établissements qui restent encore aujourd’hui sont la coopérative, l’école et l’église du Saint-Sacrement, mais ils ne sont plus seulement francophones. Heureusement, le Centre culturel francophone a trouvé un nouveau foyer dans la Maison de la francophonie, qui se trouve maintenant au coin de la 7e Rue et de la rue Granville. Avec le temps, la population francophone de la Colombie-Britannique s’est donc intégrée en dehors du petit quartier, et « le cœur de la communauté » a subi une transformation importante avec la naissance de la Maison de la Francophonie en 1990. Elle regroupe les organisations francophones et francophiles qui offrent des activités et services en français dans la région du Grand Vancouver.
L’importance d’avoir des lieux culturels ici à Vancouver est une cause qui tient au cœur de nombreux francophones. Aujourd’hui retraitée, Catherine Menesson, d’origine française, a aussi déménagé à Vancouver il y a trente ans, pour prendre un nouveau départ dans la vie. Selon elle, « beaucoup de Français déménagent ici à l’heure actuelle parce que l’économie française n’est pas bonne, et que la qualité de vie est bien meilleure ici. » Elle pense que les Québécois, quant à eux, viennent parce que le mode de vie de l’ouest est très différent de celui de l’est, « ça leur permet de vivre une aventure à l’intérieur même de leur pays ». L’enseignante de l’école Saint-Sacrement, aujourd’hui retraitée, remarque que « les lieux culturels permettent à la francophonie d’avoir un ancrage autour duquel on peut se retrouver au lieu d’être tous éparpillés. »
D’où l’importance d’avoir non seulement des établissements sociaux comme une école, une église et une banque francophones pour connaître les gens de sa communauté mais aussi un centre et ils doivent être tous dans les mêmes alentours pour que ce cœur batte fort.
Si beaucoup de lieux originellement français n’existent plus à Vancouver, le vrai cœur de la francophonie n’existe ni dans un quartier ni dans un établissement, mais dans les gens de la région qui chérissent leur langue et leur culture.
Mackenzie BEINDER
Hope ROBINSON
Mariam ALI
Alicia GORDY