Chaque printemps, la thématique « l’Art dans la Ville » prend ses quartiers à la mairie de Richmond avec les Lulu séries. Artistes, architectes, urbanistes…. la manifestation, qui présente depuis 2003 des orateurs nationaux et internationaux, cherche à développer la relation entre l’art et l’environnement urbain.
Pour l’édition 2015, les Lulu séries recevront trois intervenants de choix entre le 19 mars et le 14 mai. Connie Watts, artiste, designer et conservatrice, évoquera la place de l’art des Premières nations dans l’espace public.
Johanna Hurme, la co-fondatrice de 5468796 Architecture, démontrera que l’architecture et le design – s’ils sont bien pensés – peuvent nettement améliorer les villes. Et Norman Armour, directeur artistique et organisateur du festival PuSh, s’attachera à expliquer comment l’art – les festivals plus particulièrement – peuvent jouer un rôle central dans la création de liens au sein de la communauté urbaine.
Il en va d’abord de l’essence même du concept de festival qui, selon lui, est de « rassembler un grand nombre de personnes qui habituellement ne se fréquentent pas, au même endroit et au même moment. » Avec PuSh, Norman Armour pousse l’idée encore plus loin en proposant chaque année des projets artistiques novateurs mais qui parviennent à se faire une place en ville.
« Découvrir la ville sous un nouvel angle »
Par exemple, le projet de Martin Chaput et Martial Chazallon « Tu vois ce que je veux dire ? » propose d’explorer l’espace urbain à l’aveugle (les yeux bandés) sous la conduite d’un guide. L’expérience éveille les sens non visuels et privilégie la rencontre de l’autre et de soi-même, c’est notre rapport à l’espace et à autrui qui se trouve chamboulé. Norman Armour raconte que « les participants ont découvert la ville sous un nouvel angle. » Martin Chaput et Martial Chazallon poussent ces derniers à « se questionner sur leur présence, à négocier leur place dans l’espace publique ou privé. »
Autre initiative urbaine remarquable : le projet 100 % de Stefan Kaegi, qui a déjà fait le tour de nombreuses villes. A Londres, Tokyo, Berlin, Vancouver, New York ou Philadelphie, ce sont cent personnes qui se sont retrouvées sur scène pour répondre notamment à des questions sur elles-mêmes, leurs passe-temps préférés, leurs moyens de transport, leurs restaurants préférés et leurs opinions politiques. A Vancouver, la distribution a commencé avec une personne ayant à peine 24 heures pour recruter la personne suivante selon des critères définis : sexe, âge, statut, origine, quartier ; tentant de refléter la démographie de la ville. En l’espace de cent jours, ce sont cent liens qui se sont créés et « c’est un portrait vivant de la ville qui a émergé de cette expérience », conclut Norman Armour.
Le directeur du PuSh explorera initiatives, expériences et projets urbains similaires le 23 avril à la mairie de Richmond lors d’une discussion qui promet déjà d’être riche ; une réflexion quasi-philosophique sur des projets analogues et leur impact sur notre vision de la ville et de nos liens avec autrui.
Lulu Series: Art in the City
Richmond City Hall
Council Chambers
6911 No. 3 Rd., Richmond
www.richmond.ca/culture/about/events/lulu
Connie Watts :
Redefining Northwest Coast Art
in Public Spaces, 19 mars à 19 h
Norman Armour :
Mapping a city, 23 avril à 19 h
Johanna Hurme :
Architecture Against Ambivalence, 14 mai à 19 h
D’où vient le nom Lulu series ?
Quelques années après la colonisation de la Colombie-Britannique, le corps des ingénieurs royaux construisirent un théâtre dans la municipalité de New Westminster, ville voisine de Vancouver. La salle accueillit de nombreux artistes dont la mémorable Miss Lulu Sweet de San Francisco. Les journaux de l’époque acclamèrent ses talents de danseuse, chanteuse et actrice. Elle devint l’idole du public. Richard Moody, l’un de ses plus fervents admirateurs et alors colonel du corps des ingénieurs royaux, nomma en 1863 la plus grande île de l’estuaire du Fraser d’après son nom : Lulu Island. Richmond comprend la majorité des îles du delta du Fleuve Fraser dont la fameuse Lulu Island.
Le nom de Lulu est une évidence pour la mairie de Richmond lorsqu’elle décide d’associer annuellement deux sphères bien souvent en opposition. Les Lulu séries aspirent à faire entendre que l’art et le commerce peuvent aller de pair. Autrement dit, l’art est un élément clé dans la création de liens entre résidents et entre communautés. L’art rassemble physiquement et socialement autour de projets, d’évènements. Ces liens sont essentiels à la promotion du commerce. Richmond souhaite pousser les chefs d’entreprises et les professionnels du design à intégrer de manière proactive l’expression artistique dans leur travail. La municipalité incite les politiciens à promouvoir et soutenir ces initiatives tout en se donnant des défis et des objectifs sur ces thématiques.