Quel avenir pour le français ? La parole aux jeunes de la province

Photo par Paul Appleyard

Photo par Paul Appleyard

Quelle est la relation des jeunes au français dans une province où à peine 1% des habitants ont comme langue maternelle celle de Molière ? Envisagent-ils leur avenir en français ? A l’occasion des Rendez-Vous de la Francophonie, qui auront lieu du 6 au 22 mars, partons à la rencontre de six jeunes Francophones de Colombie-Britannique.

Aujourd’hui, l’éducation en français est plutôt florissante dans la province. On compte 5 000 élèves au sein des écoles francophones de la région et 49 000 inscrits à des programmes d’immersion en français, selon les chiffres du Recensement de 2011 publiés par Statistique Canada. Au cours des dix dernières années, l’inscription aux programmes d’immersion en français a augmenté de près de 40%. Des chiffres auxquels s’ajoute un tiers des élèves des écoles publiques qui suivent des cours de français de base.

Un lien familial, culturel ou géographique

Mais qui sont ceux qui fréquentent ce type d’établissement ? Mackenzie 13 ans, Mathew, Ailish, Lucas, Charlotte et Julien (12 ans pour les cinq derniers) sont élèves à l’école André-Piolat située à Vancouver Nord. Chacun à sa façon a développé une attache particulière à la langue française. Elle peut être familiale comme c’est le cas pour Julien qui arbore ce jour-là un bonnet en forme de grenouille. « La plupart de ma famille vient du Québec. Je crois que mes parents voulaient que je continue d’étudier le français comme eux et mes grands-parents », confie-t-il.

Le lien tient plus parfois à l’affinité culturelle, comme c’est le cas pour Charlotte. « Ma mère a étudié le français en immersion jusqu’à l’université. Elle pensait qu’il y aurait beaucoup plus d’ouvertures pour moi et pour ma soeur qui a deux ans de moins que moi, si on étudiait le français. Mon père, lui, ne parle pas français. »
Cette attache peut également être géographique, comme pour Ailish habillée pour la journée internationale de l’école en costume traditionnel polonais. « On voyage beaucoup et nous avons une maison en France. Nous y allons chaque été et mes parents souhaitaient que je parle français. Ils ont préféré m’inscrire dans une école francophone. Ces trois dernières années, j’ai habité en France à Aix-en-Provence. »

De l’amusement ou de l’étonnement

L’avenir semble s’écrire en français pour les six jeunes élèves. Sous l’angle scolaire ou même celui des loisirs, chacun d’entre eux prépare son avenir, qu’il soit à court ou à plus long terme. « Cet été, je vais en Europe pour faire des épreuves de soccer, explique Mackenzie. Ça m’aidera beaucoup de parler en français quand je serai à Paris. » Côté études, Julien quant à lui envisage de « continuer en français jusqu’au secondaire. J’ai l’intention de suivre mes études à l’école Jules Verne pour continuer d’étudier en français et compléter le programme IB [Diplôme du Baccalauréat International en français]. Sinon, après ça, je voudrais aller étudier en France ou au Québec. »

Chacun des six élèves rencontrés à l’école francophone André-Piolat a développé une attache particulière  à la langue française. | Photo DR

Chacun des six élèves rencontrés à l’école francophone André-Piolat a développé une attache particulière à la langue française. | Photo DR

Mais comment ces jeunes francophones sont-ils considérés par leurs camarades anglophones ? Pour beaucoup, c’est l’amusement, voire l’étonnement, qui prévaut. « Mes amis trouvent ça bizarre [d’étudier dans une école francophone], explique Lucas, comme ils essayent de parler français mais pas très bien, ils me posent des questions tout le temps ».

Et lorsqu’on est au début de l’adolescence, la taquinerie n’est jamais très loin… « La plupart des gens qui ne parlent pas français essayent de m’imiter, explique Julien. Mes coéquipiers de hockey m’appellent tout le temps le Français et ils essayent de dire les seules choses qu’ils savent dire en français comme “Bonjour, comment ca va ?” [avec un accent anglophone appuyé]. » Dans tous les cas pour ces six jeunes Canadiens, c’est avec le sourire que l’on envisage l’avenir de la langue française !

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La Francophonie se fête en classe !
Les Rendez-Vous de la Francophonie (du 6 au 22 mars), c’est l’occasion de célébrer à l’école une langue mais aussi tout un large éventail culturel. Découvrir des artistes francophones canadiens, connaître le drapeau franco-colombien et sa symbolique ou encore participer au concours « Affiche Ta Francophonie » sur les réseaux sociaux… de nombreuses activités ont été élaborées par des organismes francophones tels que le Conseil scolaire francophone, la Fédération des francophones de Colombie-Britannique et CPF (Canadian Parents for French).