Bien emmitouflée dans mes vêtements d’hiver je suis arrivée à Vancouver le 18 avril 2014 après avoir survécu tant bien que mal à l’hiver montréalais. Malgré l’arrivée imminente du printemps, l’amplitude thermique entre les deux villes était impressionnante. La première chose qui m’a frappée c’est littéralement la pluie, une petite pluie fine rafraîchissante sur mon visage, mais non glaçante. La deuxième chose qui m’a interpellée c’est le vert, le vert des pelouses, le vert des arbres, le vert des fleurs et des plantes. Après quatre mois de paysages d’un blanc infini toute cette verdure me paraissait irréelle.
Sans transition et pour rester dans le vert, l’un des évènements les plus inouïs de Vancouver pour moi, Française encore peu familière avec les moeurs canadiennes, a été le 4/20, ou le 20 avril. Alors que je parcourais le centre-ville en suivant la rue Robson, je me suis retrouvée, devant la Galerie d’Art de Vancouver, au sein d’un nuage de fumée au parfum envoûtant qui vous détend instantanément. Et même dans le ciel gris et brumeux de Vancouver, voir un nuage aussi bas et dense, c’est une curiosité. À l’origine partie en quête de chocolats pour marquer la tradition du dimanche pascal me voilà entourée de bonbons et de gâteaux au chocolat d’un autre genre. Le 4/20 c’est ce rassemblement inouï de militants en faveur de la légalisation du cannabis et une célébration où consommateurs occasionnels et usagers assidus peuvent acheter, consommer, sous les yeux mêmes des policiers encadrant l’évènement, du cannabis sous toutes ses formes. Cette année-là, 30 000 personnes s’étaient rassemblées pour créer ce fameux nuage.
En dépit de l’apparente liberté d’esprit des Vancouvérois, j’ai entendu maintes critiques visant soit de leur froideur ou de leur superficialité. Néanmoins, j’ai été agréablement surprise par leur chaleur et leur patience à mon égard. Pourtant timide, je ne me suis jamais sentie mal à l’aise ou ridicule, même lorsqu’il m’est arrivé de confondre des mots tels que « flush » en lieu et place de « blush » ou encore « fang » au lieu de « bang » chez le coiffeur. J’ai toujours ressenti de la tolérance et de la bienveillance de leur part.
Par ailleurs, j’avais des idées reçues quant à la réputation de « no fun city » de Vancouver. Pour autant j’ai constaté que la diversité culturelle de Vancouver ne se retrouvait pas que dans le large éventail de ses restaurants mais aussi d’un club ou d’un bar à un autre. En effet, chaque établissement se distingue par son style de musique et n’attire donc pas forcément le même public. Le seul bémol réside peut être dans la régulation de la consommation d’alcool, avec les heures strictes et le monopole étatique quant aux lieux de vente. Néanmoins, il y a bien d’autres manières de profiter de la vie après le travail, notamment avec les nombreux bars et restaurants proposant des créneaux horaires ou « happy hours » pendant lesquels les boissons sont en promotion.
Pour finir sur une autre anecdote rigolote, je me souviens de la fois où je prenais ma pause déjeuner devant la Galerie d’Art et qu’une fille m’a proposé d’aller coller une gomme à mâcher sur une sculpture. J’avais effectivement remarqué quelques jours auparavant l’installation d’une statue représentant la tête d’un homme, oeuvre de Douglas Coupland. Peu importe les critiques au regard de l’hygiène j’ai trouvé l’idée de la Gum Head géniale et cela m’a permis de découvrir un artiste canadien originaire de Vancouver dont j’avais vaguement entendu parler depuis Paris. Pour moi la magie de Vancouver c’est aussi ça, son éclectisme culturel sans le côté élitiste, une culture à la portée de tous. Après tout il en faut bien pour tous les goûts.