La rubrique Espace francophone s‘intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine nous rencontrons Yseult Friolet, ancienne directrice générale de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) qui vient de prendre sa retraite, refermant ainsi une page de 27 ans de service au sein de la francophonie associative.
Rien ne disposait Yseult Friolet à devenir l’une des voix les plus écoutées de la francophonie en Colombie-Britannique. Sa relation avec la province a commencé à l’été 1976. Les Jeux olympiques battaient leur plein à Montréal mais pour la jeune diplômée en enseignement qu’elle était alors, le Québec ne laisse que peu de chances de décrocher un emploi. La Montréalaise d’adoption, née de parents acadiens au Lac-Saint-Jean prend donc la route de Victoria pour occuper son premier poste.
« Dès mon arrivée ça a été un choc culturel, se souvient-elle. Je pensais bien m’en sortir en anglais, j’ai réalisé qu’il était faible. » Elle découvre aussi l’absence de services en français, un constat qui la fera ra-
pidement “tomber” dans la francophonie institutionnelle.
En 1982 elle entre par la petite porte à la Fédération des francophones de Colombie-Britannique. En 1988, elle est nommée directrice générale de l’organisme, un poste qu’elle quittera en 2007. Entre les deux, « vingt ans de construction » résume Yseult Friolet.
Parmi ces chantiers, elle cite le développement d’un système d’éducation scolaire francophone en friche, devenu le Conseil scolaire francophone de Colombie-Britannique. Elle a également assisté à la naissance de nombreux autres organismes francophones qui ont maintenant pignon sur rue.
« Il y a eu un gros travail de sensibilisation de la communauté francophone qui s’est peu à peu organisée », observe Yseult Friolet qui a continué de travailler pour la Fédération des francophones de Colombie-Britannique après avoir terminé son mandat.
Aujourd’hui, alors qu’elle a officiellement pris sa retraite, elle explique ne pas avoir de regrets mais au contraire avoir la satisfaction du travail accompli. « Tous les projets sur lesquels j’ai tra-
vaillé ont été menés à bien », se félicite-t-elle. Elle dit désormais souhaiter que les institutions mises en place perdurent et ne s’éloignent pas de la communauté.
Quant aux nombreuses associations francophones qui gravitent autour et jouent une part importante dans la dynamique de la société francophone, elle espère les voir se développer, malgré les difficultés.
« Les francophones n’ont pas toujours à coeur de vouloir faire respecter leurs propres droits, regrette Yseult Friolet. En conséquence, il est toujours difficile de faire reconnaître le fait français en Colombie-Britannique ».
Elle souligne dans le même temps la fragilité du tissu associatif francophone qui fonctionne sur la base du bénévolat.
« On en demande aussi beaucoup aux gens qui s’impliquent dans les associations, poursuit-elle. Ces gens sont bénévoles et ne sont pas des professionnels, or on a justement besoin de plus de professionnalisme dans nos institutions ».
Selon elle, c’est à ce prix que la communauté francophone maintiendra sa place et ira de l’avant.