Cet été, ça va Wwoofer !

Le Wwoofer coréen JK a voyagé pendant un an au Canada et aux États-Unis. | Photo par Anne-Diandra Louarn

Le Wwoofer coréen JK a voyagé pendant un an au Canada et aux États-Unis. | Photo par Anne-Diandra Louarn

Face à un manque grandissant de main-d’oeuvre, fermiers, agriculteurs, viticulteurs sont de plus en plus nombreux à faire appel au Wwoofing (World Wide Opportunities on Organic Farms) pour dénicher des travailleurs saisonniers bénévoles qui reçoivent, en échange de leurs services, le gîte, le couvert, et une expérience au grand air. Avec un printemps 2015 précoce, les premiers « Wwoofers » de la saison arrivent dans l’Okanagan. Rencontre.

À 27 ans, JK rêvait de l’Amérique du Nord depuis des années. Porté par les récits de Wwoofing de son grand-frère, ce Sud-Coréen tente l’aventure pour la première fois au printemps 2014, dans la ferme Bluestone à Kelowna au coeur de la vallée de l’Okanagan. « J’ai immédiatement adoré l’ambiance », confie-t-il. À la fin des récoltes, il part découvrir l’Est pour l’hiver mais son expérience sera moins agréable. « Je travaillais 10 ou 12 heures par jour et le climat était trop rude pour moi. Alors je suis revenu chez Bluestone. »

Bob, le propriétaire de cette ferme de plus de trois hectares, est ravi de l’accueillir pour une seconde saison. « Nous avons treize chambres en tout mais nous ne prenons que deux ou trois Wwoofers à la fois, de manière à pouvoir être plus présents pour eux et aussi pour que le travail soit intéressant, explique-t-il. Grâce au climat semi-désertique de la vallée de l’Okanagan, on peut faire pousser une grande variété de fruits et de légumes, ce qui diversifie aussi leurs tâches. » Les produits de Bluestone sont ensuite vendus sur les marchés fermiers, un autre aspect du métier très enrichissant pour les Wwoofers.

La ferme Ravens’ View et sa vue à un million de dollars sur le lac Okanagan, selon les Wwoofers. | Photo par Anne-Diandra Louarn

La ferme Ravens’ View et sa vue à un million de dollars sur le lac Okanagan, selon les Wwoofers. | Photo par Anne-Diandra Louarn

Fort de plusieurs mois d’expérience, JK ne s’attendait pas à en apprendre autant. « Les gens de la campagne ne pensent pas pareil. J’étais venu surtout pour améliorer mon anglais mais je repars avec des souvenirs et une expérience humaine incroyables. Ici j’ai appris le partage, le respect de la terre, de la nourriture », raconte-t-il. Savoir faire tourner une ferme, s’occuper de l’exploitation, vendre les produits sur les marchés sont autant d’aspects qu’il compte utiliser pour sa future carrière à Séoul. Et ce, même si de prime abord son secteur – le commerce international – n’a pas de lien direct avec la vie de fermier. « Je sens que je vais avoir beaucoup de mal à retourner vivre en ville ! », conclut-il.

Un sentiment partagé par Sandro, le nouveau Wwoofer de Bluestone venu d’Italie qui s’exprime encore dans un anglais hésitant. La ferme accueillera aussi une Japonaise dans les prochaines semaines. La
Colombie-Britannique est la province qui compte le plus de fermes pour Wwoofers au Canada. Le mouvement a commencé en 1971 avec la Britannique Sue Coppard qui a eu la brillante idée de donner accès aux joies de la campagne aux citadins, tout en permettant de soutenir le secteur de l’agriculture biologique et ses valeurs durables. Et le phénomène, qui attire et brasse toujours plus de cultures chaque année, trouve également des amateurs chez les Canadiens.

C’est le cas de Michelle Pante entourée de son mari Eric et de leur fille, Tecla. Pour elle, le Wwoofing est une occasion de passer des vacances engagées à moindre coût, tout en changeant d’air. Depuis des années, cette famille vancouvéroise pose ses valises pour au moins une semaine chez Alison Moore à la ferme Raven’s View à Peachland. « J’adore ce retour à la terre. Avoir une ferme a toujours été une sorte de fantasme pour nous », rapporte Michelle Pante, sécateur à la main et sourire vissé jusqu’aux oreilles.

« Pendant que les autres enfants vont à Disney World, notre fille a la chance de découvrir quelque chose de différent », affirme Michelle Pante. À huit ans, Tecla aide tous les jours à la ferme. Son activité préférée :
aller chercher les oeufs de la ponte du jour. « Elle constate l’importance de la nourriture, sa provenance aussi. La viande ce n’est pas que dans une barquette sous vide dans un supermarché ! », lance Michelle Pante qui est fière de reprendre le slogan des Wwoofers : Think global, act local (Pensez globalement, agissez localement) !

Comment
devenir Wwoofer ?

Pour entrer en contact avec les fermes qui accueillent des Wwoofers, une inscription préalable et souvent payante (comptez une vingtaine de dollars en moyenne) est requise.
Site officiel pour le Canada : www.wwoof.ca
Plus d’une centaine de pays proposent du Wwoofing. Liste consultable sur wwoofinternational.org