Co-op Radio fête ses quarante ans ce mois-ci, l’occasion de revenir sur la présence de ces radios coopératives à Vancouver, et notamment leur financement. Dons des membres, subventions, partenariats plus ou moins pérennes, la survie de ces radios dépend grandement du dévouement de ceux qui y travaillent, bien souvent bénévolement.
« C’est certes difficile de survivre, mais si cela fait quarante ans que nous existons, c’est que cela fonctionne », assure Emily Aspinwall, directrice de l’administration et des services financiers de Co-op Radio. La radio produit quelques 90 émissions, avec un budget annuel de 300 000$, dont 60 % viennent des membres de la coopérative. Le reste se compose de faibles subventions du gouvernement canadien, et de leurs divers partenaires.
Chaque année, Co-op Radio organise au printemps et en automne une campagne de collecte de fonds – la prochaine a lieu du 10 au 24 avril – rapportant entre 30 et 40 000$ chacune. « Nous nous appuyons également beaucoup sur les dons de particuliers, des personnes qui deviennent ensuite membres, cela représente 90 000$ annuels », explique Emily Aspinwall. Une somme conséquente, même si la responsable administrative a le sentiment qu’au cours des dernières années, « les gens ont de moins en moins de temps à consacrer à la radio ». C’est qu’à Co-op Radio, seules quatre personnes sont rémunérées par la station ; ceux en charge des finances, des campagnes de collecte de fonds, de l’administratif et de la partie technique. « Mais pour l’une d’entre nous, c’est un emploi à temps partiel, vingt heures par semaine. Elle doit donc travailler à côté, et ne peut pas s’impliquer autant qu’elle le souhaiterait », regrette Emily Aspinwal.
En 2011, la radio a changé de fréquence pour faire face à un équipement technique vétuste. C’est cet échange de fréquence qui a permis à la station de survivre depuis, mais les mois à venir seront cruciaux : « Nous devons absolument trouver de nouvelles sources de revenus pour remplacer l’argent obtenu par cette opération et qui cessera de rentrer dans nos caisses en 2016 », explique-t-on à Co-op Radio.
Un tiers du temps consacré à la recherche de financements
Que cela soit pour les subventions du gouvernement ou celles des partenaires, la radio affirme que ces dons n’ont pas d’influence sur leur programmation, ou très peu : « Beaucoup des programmes subventionnés sont des programmes artistiques, il n’y a pas de conflits d’intérêts, la radio reste indépendante. Selon nos donateurs, nous allons peut-être plus nous concentrer sur des thématiques de justice, ou de formation, en lien avec le domaine de l’organisme nous finançant… Mais c’est plus l’idée de la radio coopérative qu’ils cherchent à promouvoir et encourager », détaille Emily Aspinwal. D’autant que la concurrence est rude pour obtenir ces financements, et que les partenariats peuvent être réguliers comme ponctuels. La ville de Vancouver aide notamment – en signant un bail de dix ans, la radio peut par exemple obtenir certaines subventions – mais cela impose « beaucoup de paperasses, et beaucoup de contraintes ». Un tiers du temps consacré à la radio par les quatre membres rémunérés est d’ailleurs accordé à la recherche de financements.
Une situation quelque peu précaire que connaît bien CILS, radio francophone de Victoria, pour qui « trouver des fonds est un défi de chaque jour », selon Yolaine Petitclerc-Evans, la présidente par intérim. Grâce à une aide du Fonds canadien des radios communautaires en 2013 et 2014, CILS a toutefois pu engager une animatrice pour sa matinale, « et ne peut plus s’en passer ». La radio peut compter sur environ 60 000$ annuels et l’équipe assure qu’avec plus de moyens, elle pourrait toucher davantage de francophones à Victoria et sa région.
Etre visible pour être écouté, c’est également un des enjeux de Co-op Radio qui s’est notamment questionnée récemment sur un éventuel parrainage des commerçants locaux. Cela n’avait pas marché il y a trente ans, les débats en interne sont donc nombreux quant à savoir si l’expérience peut être réitérée. Afin d’attirer plus d’auditeurs, l’équipe encourage aussi ses programmateurs à être plus présents sur les réseaux sociaux pour donner plus de visibilité à leurs différentes émissions.
Moins de difficultés pour les radios universitaires
CiTR, la radio de l’Université de Colombie-Britannique, s’appuie, quant à elle, très largement sur les frais de scolarité de ses étudiants, mais également sur les bourses du Fonds canadien de la radio communautaire et de Canada Summer Jobs, ce dernier aidant financièrement les employeurs à créer des emplois estivaux pour étudiants. Au total, CiTR peut compter sur un budget annuel de 370 000$. Brenda Grunau, directrice de la station, assure cependant que l’argent issu de la publicité ou des subventions n’a aucun impact sur le contenu diffusé, « sinon, nous le refuserions », explique-t-elle. Des propos qui font écho à ceux de Chris Yee, chargé de communication à CJSF, la radio de l’Université Simon Fraser. La plus grande partie de leurs fonds viennent également du Fonds canadien de la radio communautaire et des frais de scolarité des étudiants. Au CJSF, on assure également que ces bourses n’influent d’aucune manière sur le contenu des émissions : « Nous nous devons de diffuser une diversité de points de vue, le fait que nous soyons financés de l’extérieur ne joue pas là-dessus », assure Chris Yee.
CiTR, la radio de l’Université de Colombie-Britannique, peut aussi compter sur ses campagnes de collecte de fonds, ainsi que sur la publicité à l’antenne, commencée en 2007. CiTR a également son propre journal, subventionné par la radio et la publicité, donnant plus de visibilité à son contenu.