Jeune talent titulaire d’un BFA en art dramatique à UBC, Nick Preston sera prochainement à l’affiche d’une comédie musicale dont les thèmes n’ont jamais été aussi pertinents qu’aujourd’hui. Dogfight – adaptation du film éponyme de 1991 – raconte l’histoire d’un groupe de marines lors de leur dernière soirée précédant leur départ au Vietnam. Un sujet qui nous invite à nous questionner sur le déploiement des troupes à l’étranger, du point de vue d’un soldat.
La Source : Que nous raconte Dogfight ?
Nick Preston : C’est l’histoire d’un groupe de jeunes marines qui s’apprêtent à passer leur dernière soirée avant leur départ au Vietnam. Ils décident d’organiser un Dogfight, une sorte de compétition où celui qui ramène la fille la plus laide remporte la cagnotte. C’est un moyen pour eux de s’amuser, mais aussi de se préparer à la guerre en déshumanisant une personne. Au cours de cette soirée, Eddie Birdlace, le personnage principal, fera la rencontre de Rose, une jeune femme qui lui apprendra entre autres à ne pas juger les personnes sans les connaître. On peut voir les deux côtés de la guerre.
L.S. : Quand vous dites qu’on voit les deux côtés de la guerre, est-ce que ca signifie que Rose représenterait plutôt la compassion ?
N.P. : Bien sûr. La compassion et le fait que ce n’est peut-être pas une bonne idée d’y aller. Elle est plus proche du modèle canadien : la gardienne de la paix cherchant à éviter la guerre. Face à elle se trouvent des soldats fiers de partir à la guerre, mais qui ne sont en fait que des garçons terrifiés qui prétendent être des gros durs.
L.S. : En parlant des garcons justement, dans cette comédie musicale, vous interprètez le rôle de Stevens, un des camarades d’Eddie. Comment vous êtes vous préparé pour ce rôle ?
N.P. : Nous avions 3 répétitions par semaine ainsi qu’une journée de fin de semaine. Avec Chris Lam, le metteur en scène, nous avons fait beaucoup d’improvisation et d’activités pour construire le groupe. Par exemple, nous allions courir ensemble avant les répétitions, tout en exécutant des exercices qui font généralement partie d’un entraînement militaire. Cela nous a permis de comprendre comment la relation entre ces hommes s’était développée.
L.S. : Quels sont les thèmes abordés par Dogfight et en quoi sont-ils d’actualité aujourd’hui ?
N.P. : Les grands thèmes sont la compassion, la peur, le passage de l’état de garcon au statut d’homme, le soutien universel… Pour cette dernière notion, c’est au-delà de la guerre. Je pense notamment à Rose qui, malgré le fait qu’elle ait été déçue par l’attitude d’Eddy, lui ouvre encore son coeur. Elle lui montre aussi que la vie, ce n’est ni tout noir, ni tout blanc. Je crois que ces thèmes sont vraiment d’actualité à cause de ce qui se passe au Moyen-Orient. C’est une situation qui est vraiment compliquée et qui soulève beaucoup de questions. Est-ce que la liberté, c’est la démocratie ? Comment seront perçus ces soldats après la guerre ? Seront-ils acclamés ou rejetés ? Ce n’est pas juste car dans tous les cas ils donnent leur vie au service de notre pays. Ce ne sont pas les soldats qui choisissent la méthode d’attaque ou la stratégie à utiliser, mais ce sont eux qui en assument les conséquences.
L.S. : Vous pensez que les soldats seront mal vus à leur retour ?
N.P. : Je pense que beaucoup de personnes sont contre les activités du Canada dans la guerre. C’est une grosse décision qui a été prise. Est-ce que c’est notre rôle d’intervenir en tant que gardiens de la paix ou plutôt en tant que combattants directs ? La même question s’est posée à l’époque du Vietnam avec le communisme qui était vu comme une menace pour les pays de l’Occident. Ici, nous sommes un peu épargnés dans la mesure où ce n’est plus une menace aussi directe que dans les années 60.
L.S. : Selon vous, quelle est l’image que Dogfight donne de l’armée et de l’engagement militaire en général ?
N.P. : Une image un peu effrayante. La réalité de la guerre ce n’est pas quelque chose d’excitant mais de terrifiant. Ce n’est pas le message principal de la pièce, mais c’est présent. C’est en contraste avec la célébration de leur départ et les honneurs auxquels s’attendent les marines à leur retour. Ce sont les deux côtés de la guerre.
Dogfight
Du 29 avril au 3 mai au CBC Studio 700