Projetée sur l’avant-scène en devenant la première partie d’Alicia Keys en Israël, Ester Rada a une identité musicale bien tranchée. Le 2 mai, la jeune femme sera à l’Imperial dans le cadre du festival Chuptzah pour un concert soul, éthio-jazz, reggae, pop et afrobeat.
La Source : Comment cet amour de la musique a-t-il débuté ? Et quelles sont les racines musicales qui vous ont portée ?
Ester Rada : A l’âge de six ans, j’ai constaté que j’arrivais à rendre les gens heureux, simplement en chantant, et j’ai adoré ce sentiment. À partir de 10 ans j’ai donc intégré la chorale « Sheba », et en prenant à part à des spectacles face à une foule, je suis tombée amoureuse de la musique encore un peu plus. Puis j’ai découvert les MTV et VH1 et sur l’écran je voyais Stevie Wonder, Babyface, les Boyz II Men, Lauryn Hill, Erykah Bade, Bob Marley… Leurs âmes sont entrées dans la mienne et j’ai constaté que la musique pouvait changer les choses.
A 15 ans, mon frère m’a offert ma toute première guitare et m’a appris à en jouer. Quelques années plus tard, à 18 ans, j’ai été recrutée par l’armée en tant que chanteuse et pendant deux ans je me produisais là-bas chaque jour. Alors j’ai compris que la musique représentait ce que je suis.
L.S. : Offrir des concerts au Moyen Orient en dehors des frontières d’Israël, est-ce important pour vous ?
E.R. : Mon plus grand souhait était justement de pouvoir me produire au Moyen Orient, hors d’Israël. J’espère sincèrement que la paix au Moyen Orient est proche, cela deviendra alors le plus bel endroit sur terre.
L.S. : Vous avez vécu entre l’Éthiopie et Israël, avec deux cultures bien distinctes. Quelle influence cela a-t-il sur votre art ?
E.R. : En réalité mon héritage est éthiopien et je suis née en Israël. Je viens d’une famille religieuse. Mes parents ont quitté l’Éthiopie pour Israël un an avant ma naissance, et sont arrivés à Kiryat Arba en 1984. Toute jeune, je n’ai entendu que de la musique religieuse et éthiopienne et cela se reflète aujourd’hui. L’enfance est un période privilégiée parce que vous ne voyez que les côtés positifs de la vie.
L.S. : Comment se fait le choix des langues de vos chansons ?
E.R. : Je chante principalement en anglais, c’est dans cette langue que j’ai commencé à écrire à l’âge de 13 ans et c’est la langue la plus internationale. Mais je chante parfois aussi en hébreu et en amharique. Je reste persuadée que peu importe d’où vous venez ou en quelle langue vous chantez, la musique est un langage qui parle à chacun.
L.S. : Vous avez gagné un prix pour votre rôle dans la pièce The Troupe du Théâtre Habima. Vous définissez-vous plutôt comme chanteuse ou comédienne ?
E.R. : Les deux, mais c’est assez difficile de les combiner. L’an dernier, je jouais encore au théâtre mais lorsque la tournée a commencé, j’ai dû tout arrêter. Je reçois toujours des propositions, mais je ne vais certainement pas remonter sur les planches tout de suite. Cependant je suis en préparation du tournage d’un film pour cet été.
L.S. : A ce propos, d’autres projets en vue ?
E.R. : Oui, un tout récent. Je viens de sortir un nouvel album EP intitulé I Wish. L’album inclut des reprises des classiques d’une de mes plus grandes inspiratrices : Nina Simone.
L.S. : Quelle différence existe-t-il lorsque vous chantez devant un public israélien ou nord-américain ?
E.R. : Je ne ressens absolument aucune différence. J’ai la conviction que tout le monde se ressemble dans l’amour et la musique, quelles que soient les origines. C’est d’ailleurs pour cela que moi je suis là, pour créer ce lien.
Ester Rada
2 mai au théâtre Imperial
www.chutzpahfestival.com