De plus en plus de retraités décident de tout vendre et de vivre comme des nomades. Sur de nombreux blogs, ils expliquent le sentiment de liberté qu’ils ont ressenti quand ils ont vendu toutes leurs possessions et se sont lancés dans l’aventure des vacances perpétuelles.
Quand on demande à ceux qui approchent de la retraite ce qu’ils comptent faire une fois libérés des contraintes du travail, un important pourcentage parle avant tout de voyages. Dans la plupart des cas, ça reste très classique même si les voyages sont plus longs. Dans le cas des snowbirds il s’agit de longues migrations saisonnières qui permettent une optimisation climatique sans changements fondamentaux de style de vie. Il suffit simplement de troquer temporairement sa résidence de banlieue près de Montréal pour une semblable près de Miami ou bien d’abandonner, le temps d’un hiver, son condo de White Rock pour en retrouver un à Puerto Vallarta.
Mais un nombre croissant de retraités pousse la recherche de liberté beaucoup plus loin et devient nomade à plein temps. Il y a bien sûr les Américains et Canadiens qui vivent toute l’année dans leurs véhicules récréatifs. Un article du New York Times publié en août 2014 affirme qu’il y a huit cent mille Américains qui ont adopté ce style de vie à plein temps. John, enseignant à la retraite, originaire de Californie, m’explique le processus graduel qui l’a amené à abandonner presque toutes ses possessions. Il a d’abord vendu la maison et acheté un petit studio, avant de vendre celui-ci pour se contenter d’une camionnette aménagée dans laquelle il sillonne les États-Unis et le Mexique.
Pour beaucoup, un VR est trop cher et trop compliqué alors que l’on peut se contenter d’un sac à dos ou d’une valise. Ce nomadisme extrême n’a rien de très inconfortable. Grâce aux ordinateurs de plus en plus portables, ils emportent avec eux leurs collections de photos, leurs musiques préférées, leurs journaux et programmes de télé favoris et la possibilité de rester en contact avec leurs proches restés au pays. Une question leur est posée sans cesse: comment finance-t-on des vacances perpétuelles?
En fait, ça dépend du style de voyage. Certains, qui ont moins de deux mille dollars par mois, passent la plupart de leur temps dans des pays en développement où le coût de la vie est très bas. D’autres affirment pouvoir voyager dans des pays chers de façon bon marché. La clé semble être de voyager lentement. Pourquoi se précipiter dans un TGV (train à grande vitesse) quand on peut faire le trajet à moins cher, en autocar, en trains régionaux ou en co-voiturage grâce à des sites de partage. Ils évitent les hôtels classiques, préférant les auberges de jeunesse (où la vieillesse est de plus en plus de mise), les logements chez l’habitant ou autre hébergement alternatif. Ils évitent de passer trop de temps dans les grandes villes toujours très chères, comme Londres ou Paris (ou Vancouver) alors que de nombreuses petites villes européennes de province sont agréables et meilleur marché. Un style de voyage lent et simplifié est non seulement plus économique mais aussi beaucoup moins stressant. En rencontrant d’autres papys nomades, ils échangent des infos et se font de nouveaux amis avec lesquels ils resteront en contact grâce aux réseaux sociaux.
S’ils se lassent de voyager pour leur simple plaisir égoïste, ils peuvent toujours faire du bénévolat pour une des nombreuses O.N.G. qui mettent en place des programmes permettant de bénéficier de l’expérience professionnelle des rescapés du monde du travail. Quand les anciens seront devenus trop vieux pour voyager, il n’est pas certain qu’ils reviendront tous dans leurs pays d’origine pour poser définitivement leurs valises. Certains pensent déjà aux pays accueillants où un chèque de retraite canadien, européen ou américain vous permet d’acheter de bien meilleurs services. La mondialisation des vieux est arrivée.