Je me trouve, depuis peu, à étudier le français durant mon temps libre. Un de mes cahiers contient un chapitre intitulé « culture française » et traite de quelques sujets tels que l’histoire française, son art, sa littérature, sa musique et sa cuisine. Qu’est-ce que la cuisine canadienne me suis je demandé, l’estomac gargouillant et l’eau à la bouche, tout en m’attardant sur une image de croissant au chocolat. Le sirop d’érable et la poutine seraient parmi les réponses les plus plausibles mais peu de Canadiens admettraient consommer ces choses de façon régulière. Notre cuisine n’est pas ce qui nous définit en tant que Canadien. Qu’est-ce qui fait de nous des Canadiens ? Notre littérature ou notre musique ? Je me gratte la tête en tentant de décrire l’art canadien. Je dois donc demander : le Canada possède-t-il bien une culture ?
L’histoire canadienne est comparativement brève. Même si nous acceptons que les Premières Nations soient les habitants de très longue date du pays, peu d’entre nous avons une connaissance détaillée de leurs coutumes et croyances. L’étude de la culture autochtone a été négligée de façon surprenante au niveau du secondaire. Nos lois sont basées sur les principes des colons britanniques et français. Plus récemment les immigrants provenant de Chine, de l’Inde et des Philippines ont apporté de nouvelles perspectives avec eux. En fait, le Canada est une combinaison de cultures diverses mais certains prétendent que notre multiculturalisme ne laisse pas de place pour une culture proprement dite canadienne.
Je dois dire que la vie à Vancouver porte parfois à l’isolement et à la confusion. J’observe tous ces microcosmes culturels et en tant que Canadienne depuis plusieurs générations, je me demande quelle est ma place. Mais nous sommes plus que la somme de nos parties. Il n’existe peut-être pas un plat réconfortant que chaque Canadien consomme après avoir vécu une mauvaise journée au bureau mais l’on peut choisir parmi mille et un restaurants pour satisfaire notre appétit changeant. Qui nous dit que cela ne fait pas partie de l’identité canadienne ? Nous partageons tous cette immersion dans la diversité. Nous possédons donc bel et bien une identité, définie par l’intégration de groupes ethniques variés dans une mosaïque plus vaste et complète.
En tant que Canadiens il est important de nous immerger dans les cultures ambiantes et de leur tendre la main. En faisant cela nous avons une expérience canadienne commune. Nous ne nous réfugions pas dans la sécurité de la culture de nos parents. Nous acceptons et adoptons l’étonnante variété de gens qui nous entourent chaque jour. De ce fait nous évoluons et apprenons de nouvelles choses sur nous-mêmes et la plus grande communauté. Chaque personne que je rencontre peut partager l’histoire unique de ses aïeux ou de son pays d’origine. Chaque restaurant, aux options apparemment illimitées, peut défier mes papilles tout en me permettant de demeurer sur place. Comme tout personnage tridimensionnel, le Canada évolue au fur et à mesure que ses citoyens vivent de nouvelles expériences et sont exposés à différentes cultures.
Notre identité commune est renforcée par notre acceptation de la diversité. Ici en C.-B. par exemple, nos personalités composées, bien que très variées, partagent certaines qualités. Cela inclut une aversion au temps pluvieux mais aussi une préférence à la pluie contre la neige. En tant que Canadiens nous croyons en certaines valeurs telles que la liberté, l’égalité et la justice. Ces principes communs sont tout aussi importants que notre dynamisme culturel pour définir l’identité canadienne. Bien que les immigrants ajoutent de nouvelles couches à la personnalité canadienne en pleine croissance, ces croyances fondamentales ne changent pas. En dépit de nos milieux divers il y a toujours quelque chose que nous pouvons tous partager.
En ouvrant un livre sur la culture canadienne il est possible que je n’obtienne pas une image précise de la cuisine, de la musique ou de l’art du pays. Mais voilà ce qui rend le Canada si spécial. Je vis dans un des pays les plus vibrants au monde et je ne voudrais pas qu’il en soit autrement.