C’est une carte postale en mouvement perpétuel, dont l’image change d’heure en heure, offrant une perspective dont les acteurs principaux en cachent souvent d’autres. C’est la vue qui s’offre à tous les promeneurs des plages des deux côtés d’English Bay, qui s’arrêtent un instant et regardent les cargos qui sont ancrés au large.
Les regards ont changé depuis l’incident d’avril dernier qui a vu le déversement accidentel de plus de 2 700 litres de combustible de soute du cargo Marathassa dans English Bay, et de tout le débat qui s’en est suivi. Sans vouloir le refaire, disons simplement que tous sont d’accord que nous l’avons échappé belle.
Le romantisme et l’aventure des voyages imaginés à la vue de ces cargos ont fait place à l’inquiétude qu’ils représentent autant de risques flottants pour l’environnement.
Mais quels sont ces cargos ancrés au large des plages ? Que contiennent-ils ? Sont-ils des pétroliers, qui risquent à tout instant de déverser leur cargaison dans English Bay, ou surtout des cargos qui transportent des marchandises en vrac ?
D’abord rappelons que Port Metro Vancouver, c’est son appellation officielle dans les deux langues, est le plus grand port au Canada. Dans la grande région de Vancouver, il gère des installations portuaires dont les plus importantes se trouvent à Vancouver dans la baie Burrard, à Richmond, Delta, Roberts Banks et dans presque toutes les municipalités de la vallée du Fraser, qui longent soit l’océan soit le fleuve sur 600 kilomètres de littoral. C’est une organisation énorme !
En moyenne ils sont plus de 3 200 navires étrangers qui y transitent par année, dont des porte-conteneurs, cargos, navires-citernes, paquebots de croisière et bateaux de transport d’automobiles. D’ailleurs, il est intéressant de noter que 100% des voitures importées d’Asie arrivent à Vancouver.
Il y a un maximum de 18 espaces d’ancrage et un espace temporaire dans English Bay pour les cargos, 8 dans la baie Burrard et 4 dans Indian Arm, sans compter les espaces aux quais de transbordement. En général, ils arrivent chargés de sucre, de vêtements, de produits de consommation, d’appareils ménagers et électroniques ou de machineries lourdes et ils repartent chargés de charbon, de bois, de potasse et d’autres produits agricoles et céréaliers.
Alors où se situe le transport de pétrole dans ce portrait ? Selon le site de Port Metro Vancouver,
il y aurait eu 48 trajets de pétroliers contenant du brut en 2013, sur plus de 3 200 navires qui sont passés au port. En comparaison, il y en a plus de 8 200 à Rotterdam et près de 22 300 à Singapour. Port Metro Vancouver prévoit qu’il y en aurait 400 de plus, si le projet d’augmenter la capacité du pipeline Kinder Morgan Trans Mountain est approuvé.
En fait, au moment d’écrire cette chronique, il y en avait deux dans le port à Westridge, c’est à dire au quai de Kinder Morgan à Port Moody, et un autre au quai de transbordement de Lynnterm, à l’ouest du pont Iron Workers Memorial.
Les règlements qui régissent la navigation des pétroliers sont très stricts et précis. D’abord ils doivent tous avoir une coque double. Quand ils sont chargés et en mouvement, il doit y avoir au moins un pilote du port à bord en tout temps (deux pour les pétroliers de plus de 265 mètres) et ils doivent être attachés à deux remorqueurs, trois pour les bateaux de plus de 200 mètres de longueur. De plus, tous les pétroliers de plus de 185 mètres ne peuvent se déplacer dans la baie Burrard que lorsque la marée haute est au point mort.
Alors comment savoir s’il y en a à l’ancre dans English Bay ? L’indice qui ne trompe pas, pour ceux qui ne sont pas experts dans les profils de bâtiments marins, c’est la notice d’interdiction de fumer en très grosses lettres qui se trouve sur la façade du bloc-passerelle, soit la superstructure où se trouvent la timonerie et les postes de commandement et de navigation. Encore faut-il que le bateau soit ancré de telle sorte que vous puissiez voir cette affiche…habituellement plus facile à voir du côté sud de la baie. Mais en général, on n’en voit que très rarement car ils n’ont pas vraiment le temps d’attendre !
Mais pour ce qui est des cargos, vous n’y verrez ni le Karaboujhan et encore moins le Djebel Amilah… (Le Crabe aux pinces d’or).