Entre mer et montagne c’était, au milieu des années 70, l’indicatif qu’utilisait CBUF, devenu maintenant Ici Radio-Canada Première. Cette image laissait déjà entendre clairement qu’il n’y avait à Vancouver que de l’espace habitable…entre mer et montagne, ce qui mena, au fil des années, à la course vers les banlieues et vers les hauteurs. C‘est la forte demande de logement qui, au début des années soixante, à cause d’une aberration du service d’urbanisme de Vancouver, a mené à la construction des quelques horribles tours dans le West End, en défigurant certains secteurs pour toujours. Aujourd’hui on ne fait que revivre la suite de ce mouvement auquel ont participé tous les Vancouvérois qui sont venus s’établir ici depuis cette époque.
Mis à part quelques petites faiblesses temporaires du marché, les prix de l’immobilier n’ont fait que poursuivre leur hausse vers des sommets toujours de plus en plus vertigineux. Mais la bulle, dites-vous ? Quelle bulle ?
Et l’influence des acheteurs étrangers sur le prix de l’immobilier, qu’en est-il exactement ? En décembre 2014, la SCHL publiait son Enquête sur les logements locatifs. Cette première analyse révèle que la proportion de logements qui sont la propriété d’étrangers est de 5,8% pour le centre de Vancouver (6,9% à Montréal, 4,3% à Toronto) et de 2,3% pour la grande région métropolitaine.
Ce qui est incontestable par contre, c’est que la loi du marché, soit celle de l’offre et la demande, donne le ton et mène à la hausse des prix, aujourd’hui comme alors. Et comme la demande reste forte et dépasse l’offre, les prix sont en conséquence. En fait, comme le soulignait Bob Rennie à la radio de CBC il y a quelques jours, la seule manière efficace de stabiliser les prix, à défaut de les faire baisser, c’est d’augmenter l’offre, ce qui ne peut se faire qu’en augmentant la densité là où il est possible et économiquement rentable de le faire. Ceci serait particulièrement vrai pour ce qui est des maisons unifamiliales. Mais comme on en démolit de plus en plus pour construire des immeubles en copropriété (allez voir le long de Cambie, Granville, 41e Avenue etc.) les prix flambent.
Il y a eu, bien sûr, cette idée de taxer les maisons et les appartements vides, lancée par COPE lors de la dernière élection municipale. Mais cette idée qui fait surface ici et là n’est à peu près jamais accompagnée d’un projet précis de mise en application, pour la simple raison que ce serait quasiment impossible de le faire. Par exemple comment déterminer si une maison ou un appartement est vide ? Depuis combien de temps ? Quelles seraient les raisons valables de ne pas l’occuper ? Est-ce qu’être en vacances ou à l’étranger six mois de l’année, ou à l’hôpital, ou dans une résidence secondaire ailleurs dans la province ou au pays constituerait une raison d’être taxé ? Ou encore un propriétaire qui est à attendre un permis de rénovation, ou une vente qui tarde, ou encore une succession qui ne se règle pas ?
Pour ce qui est de taxer ou de limiter l’accès des étrangers à la propriété c’est déjà en place à New York, en Nouvelle Zélande et en Australie, mais avec des résultats plus ou moins convaincants. N’oublions pas que tout propriétaire paye déjà ce que nous appelons communément une taxe de bienvenue en plus de payer ses impôts fonciers, ce qui pour des propriétés de luxe représente déjà des dizaines de milliers de dollars, sans pour autant utiliser les infrastructures de la ville au même rythme que les résidents permanents.
En attendant, tous les propriétaires des quartiers qui résistent à une augmentation de la densité en arguant qu’ils ne veulent pas du modèle de la densité de Tokyo, Shanghai, New York (sic) ou autre mégalopole dans leur cour, parce que c’est pour le calme et la beauté naturelle de Vancouver qu’ils s’y sont installés, ne font que contribuer à la hausse du prix de l’immobilier pour leurs enfants et leurs petits-enfants, sauf s’ils vendent à gros prix et utilisent une partie de leur cagnotte pour les aider à faire la mise de fonds sur une propriété…comme le ferait 60% des familles d’origine asiatique pour leurs enfants.
Mais entrez, voyons !