Le jeudi 4 juin, Guðmundur Oddur Magnússon, un universitaire islandais de renom, sera présent à Vancouver pour donner une conférence sur les arts visuels en Islande. La « terre de glace » n’est pas uniquement synonyme de Björk ou de noms imprononçables pour le commun des mortels, c’est une nation profondément passionnée pour la culture.
Guðmundur Oddur Magnússon, surnommé Goddur, est un artiste islandais et professeur à la section d’architecture et de design de l’Académie des Arts d’Islande. Il a étudié les arts à Reykjavik et le graphisme à Vancouver, où il est diplômé de l’Université Emily Carr. L’artiste revient aujourd’hui dans la métropole pour une conférence sur les arts visuels islandais. Elle se tiendra au Centre de la communauté islandaise (SCC) à Burnaby le jeudi 4 juin à 19h. Il présentera notamment les racines de la culture visuelle islandaise et comment ces racines se reflètent aujourd’hui dans les créations contemporaines.
Gerry McDonald du Centre de la Communauté Islandaise nous fait partager son enthousiasme quant à la venue de l’artiste.
« Guðmundur Oddur a contacté le consulat général d’Islande à Winnipeg et à Vancouver pour annoncer sa venue. Naturellement, en tant que centre culturel, nous profitons de cette occasion unique pour organiser une rencontre publique avec l’artiste. L’Islande s’est construit une place de plus en plus importante dans les arts et notamment la musique avec Björk, Sigur Rós, GusGus, etc. Le compositeur Jóhann Jóhannsson a été récompensé récemment aux Golden Globes, et Ólafur Arnalds a signé la bande originale de Broadchurch. Les Islandais estiment et apprécient grandement les arts. Leur relation avec les arts est beaucoup plus forte dans leur société qu’elle ne l’est à Vancouver ».
La Source : Comment définir la culture visuelle islandaise ?
Guðmundur Oddur Magnússon : Avec ses 330 000 habitants, l’Islande est une île isolée aux portes du cercle arctique. Elle a été colonisée par les Scandinaves il y a plus de 1 000 ans et a évolué différemment en raison de son isolement. Les Scandinaves ont par la suite écrit des livres dans leur langue pour conserver la culture de la mythologie d’Odin, Thor, Freyja, Frigg, etc. Lorsqu’ils ont été écrits au 12e siècle, tous ces poèmes et sagas existaient en Scandinavie uniquement sous forme orale, et le passage à l’écriture a été déterminant. Les Islandais parlent et continuent à lire ces langues germaniques anciennes. Ces écrits sont sous forme d’allégories, ce qui ne facilite pas leur appropriation à cette époque. Les personnages et les lieux sont à la fois dans les cieux et sur la terre. Loki par exemple représente Saturne et Akur Yggdrasil la Voie lactée : c’est notre héritage. L’Islande reste néanmoins très influencée par les grands courants occidentaux.
L. S. : D’où viennent vos différentes sources d’inspirations ?
G. O. M. : Je crois que la plupart des inspirations, y compris les miennes, viennent des légendes, qu’elles soient anciennes ou récentes.
L. S. : Quel est le poids de cette culture sur la scène mondiale, au Canada et finalement à Vancouver ?
G. O. M. : Sa place est très forte dans le monde depuis la fin du 19e siècle avec le romantisme. Lorsque les artistes, poètes et compositeurs comme Richard Wagner ont découvert que la culture allemande avait des racines dans la littérature islandaise écrite au 12e siècle, ils n’ont plus cherché à s’inspirer de la Rome et de la Grèce antiques. Le lien important avec le Canada est probablement Lord Dufferin qui a inspiré de nombreux artistes. Il est devenu plus tard gouverneur général du Canada et a soutenu l’immigration du 19e siècle au
Manitoba. Au début du 20e siècle, un illustrateur et poète a étudié la lithographie à Vancouver et est devenu le premier à utiliser le graphisme dans des publications islandaises au Manitoba… J’en dirai davantage lors de ma prochaine conférence !
L. S. : Quel est le cadre de votre venue à Vancouver ?
G. O. M. : Ces 15 dernières années, j’ai mené des recherches en tant que professeur de communication visuelle à l’académie des Arts d’Islande sur le matériel visuel imprimé. D’autre part, on a vite appris l’existence d’une communauté islandaise active au Canada. Il y a un intérêt croissant en Islande sur cet héritage lié à l’immigration. Dans ce cadre, je suis parrainé par le ministère des affaires étrangères islandais pour mener des recherches et des interventions à ce sujet au Canada.
L. S. : Après avoir étudié et travaillé à Vancouver, quelle est votre vision en termes de design et de diversité ? Vancouver est très souvent associée à diversité et multi-culturalité, qu’en pense l’artiste en termes d’inspiration à l’ère de la mondialisation ?
G. O. M. : Je suis venu à Vancouver il y a presque 30 ans pour étudier les arts graphiques. Je ne suis jamais revenu depuis. Ces années à Vancouver sont pourtant la base de tout ce que j’ai fait en tant qu’éducateur, chercheur, artiste, designer. Finalement, je suis sûr d’une chose, c’est que les meilleures œuvres sont créées avec ce qu’il y a de meilleur dans votre cœur, votre esprit et votre âme – dans une grande intimité – et pour faire ensuite instantanément partie de la mosaïque mondiale.