La rubrique Espace francophone s’intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine, nous rencontrons Hind Boughedaoui, responsable de la coordination des Jeux francophones de la Colombie-Britannique au sein du Conseil jeunesse francophone.
Après un tour du monde d’un an, Hind Boughedaoui arrive à Vancouver en septembre 2014. Traductrice et rédactrice web de métier, passée par plusieurs maisons d’éditions et de traduction à Paris, c’est plus ou moins par hasard qu’elle pose ses bagages en Colombie-Britannique : « Je ne voulais pas retourner en France, le Canada m’attirait, j’ai entendu parler des Permis Vacances-Travail. Tout s’est fait très rapidement », explique-t-elle. Rapidement, c’est le moins que l’on puisse dire, puisqu’un mois seulement après avoir posé ses valises à Vancouver, elle rejoint l’équipe du Conseil jeunesse francophone. Première mission, organiser le Parlement francophone de janvier 2015, puis un défi encore plus important : les Jeux francophones de mai 2015.
« C’est un travail titanesque ! L’organisation commence en février, et j’ai tout pris en charge, de l’identité visuelle à la gestion des transports, en passant par l’approvisionnement en nourriture », raconte-t-elle. Un beau défi malgré tout, celui d’organiser des Jeux dont la réputation croît et dont les inscriptions sont de plus en plus nombreuses.
Les jeunes sont, eux, de plus en plus motivés, et il faut les faire venir de toute la province. Un vrai « casse-tête géographique », confie l’organisatrice qui a dû se démener pour trouver les partenariats nécessaires afin d’amener les adolescents jusqu’à Victoria. Du travail qui en vaut la peine, Hind Boughedaoui raconte sa joie de pouvoir leur proposer pendant plus de trois jours des activités variées, de quoi peut-être révéler des vocations, mais surtout favoriser l’interaction en français. Cette année, 140 jeunes ont participé aux Jeux francophones de la Colombie-Britannique. Ils ont entre 14 et 18 ans, et Hind Boughedaoui s’enthousiasme de leur dynamisme : « Ils ont des profils très divers, sont heureux de faire partie de ces Jeux, présents sur les réseaux sociaux. Nous comptons même des francophiles, qui ne sont pas de familles francophones à la base. Je ne peux être qu’optimiste quant à l’avenir de la francophonie en Colombie-Britannique ». Elle reconnaît tout de même que rien n’est acquis et qu’il faut de l’énergie pour que les projets avancent, tout en soulignant le rôle important du Conseil jeunesse.
« En pensant à la francophonie au Canada, j’avais le Québec en tête, j’ai été extrêmement surprise de voir la richesse du français dans le reste du pays. J’ai moi-même pris conscience de ce que cela représente que d’être francophone en milieu minoritaire. Les jeunes que j’ai rencontrés sont fiers de leur langue », s’enthousiasme-t-elle. Des activités ludiques ont été organisées pendant les jeux, l’occasion pour eux de se rencontrer et de construire une identité. Beaucoup sont nés dans des familles exogames, avec un parent anglophone, l’autre francophone et cela peut être parfois compliqué de trouver un équilibre. « De père algérien et mère franco-polonaise, née en Algérie avant de venir en France à 10 ans, je sais qu’il peut être difficile de se construire une identité. Mais aussi combien c’est une richesse que d’avoir deux langues, deux cultures, deux façons de penser », insiste Hind Boughedaoui.