Ce « mini pays », à 80km au sud de l’Italie et à 316 km de la Tunisie, a tout pour être un petit paradis au soleil. Indépendant depuis 1964, après un siècle et demi d’occupation britannique l’influence anglaise est très évidente. On roule à gauche, la langue anglaise est une des deux langues officielles (avec le maltais) et la nourriture est souvent médiocre. Mais l’architecture locale est spéciale, étant un mélange des influences nord-africaines, italiennes et britanniques. La longue histoire de l’île est bien illustrée dans plusieurs musées de qualité. Le pays, membre de l’Union européenne et de la zone euro, est relativement prospère et les Maltais n’ont plus besoin de s’expatrier aux quatre coins du monde pour gagner leur vie. Le tourisme, le port en eau profonde, un secteur financier qui aide les riches à planquer leur pognon, et le gaz naturel offshore maintiennent l’économie maltaise en assez bonne santé.
Le pays a pourtant un problème… Il est trop petit! Ou tout du moins, trop peuplé. Imaginez une île une fois et demi la taille de Saltspring Island en Colombie-Britannique mais avec un demi-million d’habitants. A Malte, quatre cent cinquante mille habitants se partagent 316 kilomètres carrés. C’est presque 1 300 habitants au kilomètre carré. Mais la réalité est bien pire, car il faut ajouter les touristes. Il en vient 1,6 million chaque année, sans compter les étudiants étrangers (surtout italiens) qui y viennent pour apprendre l’anglais. De plus, le gouvernement est en train de négocier avec une université américaine qui veut établir un campus à Malte pour y accueillir des milliers de richissimes étudiants arabes. En fait, presque toutes les municipalités se touchent et tout le pays n’est qu’une seule zone urbaine. Des petits îlots de campagne existent encore sur la côte sud de l’île principale et sur l’île de Gozo, mais même là, il faut beaucoup d’imagination pour se croire loin de la ville.
Mais ce n’est pas tant la surpopulation qui pose problème, car un territoire si petit pourrait être doté d’un excellent système de transport public et d’un réseau de pistes cyclables permettant de sillonner le pays. Ça pourrait être un petit paradis, mais c’est plutôt un enfer à cause de la bagnole. En effet, 330 000 voitures circulent sur 2 250 kilomètres de routes. Avec 790 bagnoles pour mille habitants, c’est un peu plus de voitures par habitant qu’aux États-Unis. Chaque semaine, Malte importe de 25 à 30 voitures supplémentaires.
De plus, un important pourcentage de Maltais insistent pour conduire des gros 4X4 difficile à manier dans les rues étroites. Ne pouvant pas sortir de la ville pour faire un peu de vitesse, les maltais écrasent l’accélérateur dès qu’il y a une petite éclaircie dans les embouteillages. Les piétons se débrouillent comme ils peuvent sur
des trottoirs souvent étroits et parfois bloqués par des voitures en stationnement. À Malte, il faudrait être suicidaire pour envisager faire du vélo. Les écolos ont beau faire miroiter la possibilité d’une île apaisée et verdoyante que l’on pourrait sillonner en vélo (électrique, pour mieux s’attaquer aux collines), les politiciens savent que les électeurs sont avant tout des automobilistes et que la promesse d’un nouveau stationnement souterrain ou d’une voie de contournement est la meilleure manière d’engranger des votes.
Le touriste qui débarque au port ou à l’aéroport tombe sur des bureaux de location de voitures, souvent très bon marché. Ceux qui aiment les embouteillages et les places de stationnement coûteuses et difficiles à trouver n’ont pas de raison de s’en priver. J’ai préféré les bus. Il y a un seul système de transport en commun pour toute l’île, et une carte de transport illimité pour une semaine ne coûte que 6€. Mais il faut être patient, car les bus aussi sont pris dans les embouteillages.
Malte aurait pu être un petit paradis, mais ils ont préféré en faire un stationnement.