Toto aime papa. Papa aime bien Toto aussi. Toto est un fils à papa. Papa, le père de Toto, aime se coucher tôt. Mais avant de se mettre tôt au lit, papa doit lire des histoires à Toto. Ce soir là, toutefois, Toto refuse d’écouter les contes que lui lit papa. Toto a grandi. Toto n’est plus le tout petit qu’il était. Toto veut en savoir plus. Toto cherche à comprendre le monde. Toto tient à découvrir son univers. Le solstice d’été passé, Toto a besoin qu’on lui sorte des sottises. Toto a donc des questions pour papa. Papa, désolé, se plie, malgré lui, à la volonté de Toto. Papa va donc, tant bien que mal, tenter de répondre aux attentes de Toto. Papa est un bon père. Toto le sait et, bien fort, le serre. Voici, pêle-mêle, condensé et édité, un échange entre Toto et son papa.
Toto : Dis, papa ça sert à quoi un pays ?
Papa : Quelle drôle de question. Laisse-moi réfléchir. Voyons. Un pays ça sert à enfermer les gens dans un espace limité où, dans certains endroits, il ne fait pas toujours bon vivre. Ce qui n’est pas le cas du Canada. On vit au pays du sirop d’érable, non parce qu’il fait bon, mais parce qu’on y est bien. (Suite à cette publicité gratuite j’attends quelques émoluments en provenance du gouvernement fédéral).
Toto : Dis, papa, ça sert à quoi un premier ministre ?
Papa : Un premier ministre ça sert à diriger des ministres qui ont mal digéré de ne pas être nommés premier ministre.
Toto : Dis, papa, ça sert à quoi la politique ?
Papa : En fait, à pas grand-chose. C’est une forme d’arnaque organisée qui a pour vocation d’endormir tranquillement ton esprit sans que cela paraisse. C’est un concept abstrait dont seuls ceux qui le pratiquent en voient l’utilité.
Toto : Dis, papa, ça sert à quoi les élections ?
Papa : Cela permet, à tout citoyen qui se respecte, d’abdiquer de ses responsabilités pour les confier à quelques individus qui vont se faire un plaisir d’en abuser une fois élus.
Toto : Dis, papa, ça sert à quoi un pont ?
Papa : Je l’attendais celle-là. Un pont permet d’aller d’une rive à l’autre plus facilement et sans encombre. Un pont te permet de franchir un obstacle. Parfois il peut servir à des fins politiques. Ce fut le cas notamment du pont Burrard à Vancouver où, contrairement au pont d’Avignon, il n’était pas question d’y danser mais plutôt d’y faire une gigantesque séance de yoga, suite à une initiative de notre Christy Clark. L’évènement a du être annulé (une façon de franchir l’obstacle) à la grande satisfaction des résidents de la ville qui n’ont pas compris et encore moins apprécié le geste de notre première ministre. Une partie de yoyo avec Lady Gaga aurait été préférable. Om ni soit qui mal y pense.
Toto : Dis, papa, ça sert à quoi un zizi ?
Papa : Là mon fils tu t’aventures dans des zones interdites qui ne sont pas de ton âge et encore moins de mon ressort. Mais, pour le bénéfice de ton éducation, je veux bien me risquer à te donner une explication qui, je l’espère ne me vaudra pas les foudres de la censure. Vois-tu, bien que je ne puisse prétendre être un expert en la matière, je peux te dire au moins ceci : sans zizi la vie serait terne, morne, sans intérêt. Le zizi a donc ses bons côtés. Mais, il ne faut pas négliger le revers de la médaille. Bien qu’il lui arrive de rendre service, le zizi (pris dans le sens le plus large du sperme) et toutes questions qui touchent à la sexualité, s’avèrent être la source de la plupart de nos préoccupations et de nos soucis : discrimination, dépression, jalousie, violence, insécurité et j’en passe. Il ne faut pas, pour autant, bannir sa pratique, sinon… que deviendrons-nous ?
Toto : Dis, papa, ça sert à quoi le travail ?
Papa : C’est triste à dire, mais vois-tu, selon La Bible, ça sert à rembourser la dette encourue par Adam et Ève, un jeune couple audacieux qui n’avaient pas froid aux yeux, alors qu’ils se promenaient tranquillement dans les vergers du jardin d’Eden. Il faut que tu saches Toto: le travail tel que nous le concevons n’est autre qu’un sévère châtiment et une injuste sanction, infligée par un être suprême sans pitié, qui n’a pas apprécié que l’on vienne chiper une pomme dans son jardin. Pour ma part, je trouve la punition un peu sévère et regrette qu’à l’époque aucun avocat ne soit venu défendre la cause de ce brave et innocent couple qui, ce jour là, faute de pomme, n’avait pas la pêche.
Toto : Dis, papa, ça sert à quoi la violence ?
Papa : À rien, sinon à satisfaire les plus bas instincts. C’est une plaie dont on peut difficilement se débarrasser. Elle est intrinsèque au genre humain et à l’espèce animale. Pour la mater ou la dompter, un certain doigté s’impose. Certains préconisent la méditation et le végétarisme. Les expériences favorisant ces disciplines ne sont pas probantes. Un regard vers l’Inde nous prouverait certainement le contraire. Un bon joint au mois de juin s’avèrerait plus efficace me dit-on. Si c’est le cas, pour avoir la paix, multipliez les boutiques de vente de cannabis au lieu de tenter d’en réduire le nombre. Toto tu dors ?
Toto : ………………
Tant mieux.