Cuisine ambulante, roulotte gourmande, camion restaurant ou plus communément food truck, ils sont une centaine à sillonner les rues de Vancouver. Tendance éphémère ou nouvel incontournable de la gastronomie ? À l’occasion du Food Cart Fest qui se tient tout l’été, La Source est allée à la rencontre de quelques acteurs du secteur.
Leur point commun : le multiculturalisme qu’ils véhiculent dans leur cuisine cosmopolite et l’envie partagée de se démarquer vis à vis de celles et ceux qui cherchent à manger vite et bien. Souvent il s’agit de cuisines urbaines originales et revisitées. Le phénomène s’est amplifié depuis 2010 lorsque la mairie a modifié sa politique quant aux permis pour la cuisine de rue, et ainsi, au-delà de la vente exclusive de hot-dogs, élargir l’offre aux cuisines du monde. La municipalité précise que « l’objectif est de fournir un large éventail d’offres alimentaires de qualité qui reflètent la diversité économique et culturelle de Vancouver ». Aujourd’hui la métropole compte une multitude de food trucks et il est facile de trouver couvercle à sa marmite, notamment avec des outils comme l’application pour mobiles streetfoodapp.
« Melting pot » au menu
Cuisines traditionnelles ou cuisines fusions, voici une mise en bouche non-exhaustive : un burger au bison, localisez le « Big dogs burger bus », un camion 100 % bio. Une envie de poulet mijoté à toutes les sauces du monde, courez au « Eat chicken wraps ». Vous ne connaissez pas le plat traditionnel du Salvador, faites donc escale chez « Guanaco » et commandez la pupusa : une tortilla de maïs garnie de fromage, de porc, de haricots frits, de tomates, d’oignons, de poivre, de piments. Vous préférez les tacos aux fruits de mer, filez chez « Feastro ». Rugissez de plaisir avec « Le tigre » : une interprétation contemporaine d’une cuisine chinoise traditionnelle. Pour une cuisine indienne traditionnelle anglaise : optez pour le « Soho road naan kebab ». Une cuisine de la péninsule de Basse-Californie aux influences internationales, surfez sur la vague « Tacofino ». Des tartes australiennes, filez chez « Aussie Pie Guy ». Une envie caribéenne, courez chez « The Reef Runner ». Osez le pierogi, le plat typique polonais proposé par « Holy Perogy ». Les Philippines à l’honneur avec « Fliptop Filipino » et sa cuisine fusion. Un hot dog ? Étonnez vos papilles grâce à Japadog qui propose une liste impressionnante de hot dog à la sauce japonaise.
En route pour le Food Cart Fest
Le succès est tel que des festivals basés sur la culture food trucks sont désormais programmés tous les étés. Daniel Fazio, responsable de l’agence Arrival, organise le festival Food Cart Fest en partenariat avec l’association Street Food Vancouver et Vancity. Il se tient tous les dimanches jusqu’au 6 septembre de midi à 17h entre le pont de la rue Cambie et le Village olympique. L’idée a été lancée il y a quatre ans à l’occasion de la fête nationale du Canada lorsque quelques camions ont été conviés. Le succès a été immédiat. « La réussite et la prospérité des food trucks repose sur la qualité de leurs produits et leurs offres. Ils sont bons sur leur produit phare. Il n’y a pas de mauvais food trucks », défend Daniel Fazio.
La culture food truck fait désormais partie intégrante de Vancouver et est même devenue une activité touristique avec par exemple des tournées organisées par Vancouver Foodie Tours, société créée par Michelle Ng en 2010. Mais selon cette spécialiste, même si le nombre de food trucks a fortement augmenté depuis 2010, « le phénomène va continuer à se développer mais plus lentement. Contrairement à ce que la majorité pense, la plupart des camions ne sont pas si rentables, beaucoup luttent pour rester dans le circuit, explique-t-elle. La ville devrait soutenir davantage cette activité avec moins de restrictions et d’exigences. Si on compare avec Portland, les camions s’y portent mieux grâce à une politique plus favorable avec des accès gratuits à l’eau et à l’électricité. »
Le food truck… « C’est si bon » mais ce n’est pas toujours du gâteau
Des obstacles que confirment Greg et Thibault, les fondateurs de l’un des derniers-nés dans la famille des food trucks vancouvérois. Il y a un an, ces deux Français réfléchissent à la création d’une pâtisserie-bar. Ils se rendent compte qu’ils ne pourront pas assumer l’investissement nécessaire. Ils se lancent alors dans la création d’un food truck. Plan d’affaires élaboré en janvier dernier, fonds obtenus en mars pour être sur les routes dès mai : « C’est si bon » est né.
Ils proposent une cuisine faite maison, salée et sucrée. « Avant l’arrivée en masse des food trucks,
la loi était telle que si tu voulais vendre de la nourriture dans la rue, c’était soit des hot dogs… soit des hot dogs » plaisantent les deux associés. « Notre objectif est de proposer une cuisine de qualité à des prix raisonnables. C’est la raison pour laquelle on fait tout nous-mêmes. En revanche, on ne dort presque plus ! », confient-ils. Les produits sont locaux, la communauté s’entraide et c’est l’aventure sur les routes, il n’y a pas de routine.
Après des premières semaines difficiles, « C’est si bon » carbure parmi les food trucks vancouvérois et lorgne un succès à la Japadog, l’un des premiers food trucks de la ville. Créé en 2010, Japadog compte aujourd’hui six emplacements et un magasin à Vancouver, et même deux autres « spots » en Californie.