En 1972, c’est ce que chantait Donald Lautrec, un cri d’impatience pour que l’autoroute des Laurentides soit complétée, entre Montréal et cette région de villégiature d’été comme d’hiver. Imaginez, on rechignait à payer les 75 cents que coûtaient le péage pour en faire les 47 premiers kilomètres. Sa chanson a eu des résultats, l’autoroute fut terminée en 1974. Aujourd’hui près de 45 ans plus tard, c’est l’autobus qui risque de se faire attendre…encore longtemps, au lendemain de la victoire retentissante du camp du Non dans le référendum sur la proposition de financer les 7,5 milliards requis pour réaliser tous les projets d’infrastructure nécessaires au développement et à la modernisation du système de transport en commun dans Metro Vancouver.
En effet, 61% des électeurs de la grande région ont voté NON alors que 39% ont voté Oui, les mêmes résultats qu’à Surrey. À Vancouver, les résultats sont beaucoup plus serrés, 51% pour le NON et 49% pour le Oui.
Quelle belle victoire ! Car c’en est une n’est-ce pas ? Et quelle joie pour Christy Clark d’avoir tenu parole. C’est elle qui, pendant la campagne électorale de 2013, a fait la promesse de tenir un référendum sur le financement de ces projets, au grand dam des maires des 21 municipalités qui composent Metro Vancouver. Ils savaient bien que de procéder de cette manière était courir vers la défaite. Quelle victoire pour le camp du NON, qui tout au cours des longs mois qui ont précédé le scrutin par la poste ont admirablement réussi à faire complètement dérailler le processus.
Rappelons qu’au début il s’agissait d’un référendum sur la méthode de financement de ces projets incontournables, mais qui a vite tourné en plébiscite sur la confiance, ou plutôt le manque de confiance que les électeurs avaient dans l’administration de Translink. Faut dire que son conseil d’administration, nommé par la province et sur lequel ne siège aucun élu municipal, n’a rien fait pour aider à la cause, en démettant son PDG Ian Jarvis et le remplaçant à grands frais par un intérimaire, tout en continuant de le payer à titre de conseiller spécial. Vraiment, un PDG pour le prix de deux et en prime, un conseiller spécial qui n’a pas la confiance du public, et ce dès les premiers jours de la campagne référendaire! Pour une entreprise qui n’a pas de comptes à rendre aux électeurs et qui souffre d’une image de confiance, voilà qui n’était pas pour les aider à renverser la vapeur ! Il n’en fallait pas plus. La course était perdue d’avance et déjà le clou était dans le cercueil.
N’oublions pas non plus qu’il n’y a pas de Plan B. Il n’y a que de longues files d’attentes de passagers le long des corridors les plus achalandés, peu de service dans la majorité des banlieues sauf pour New Westminster, Burnaby, Richmond, Surrey Central et bientôt Coquitlam, grâce au Sky Train et au RAV où le prix de l’immobilier continuera de grimper. Il est déjà clairement établi que partout où l’accès au transport en commun est facile, c’est un facteur déterminant dans le choix d’une propriété ou d’un logement. Et comme les embouteillages ne sont pas près de disparaître pour ceux qui vont devoir continuer de rouler en voiture, la pression sur les prix dans les quartiers à densité plus élevée va continuer de se faire sentir à Vancouver.
Attendez maintenant que la circulation soit restreinte pendant les 18 mois de réfection du Pont Pattullo en 2016 suivie par la construction d’un nouveau tunnel Massey prévue pour commencer en 2017. Tous ces automobilistes n’auront d’autres choix que de se rabattre sur les ponts Port Mann, Alex Fraser et Golden Ears. Bouchons dites-vous ? Tout ce temps passé sur la route, qui est déjà payer chèrement pour la maison unifamiliale en banlieue avec garage double, deux voitures qui y logent et leur entretien, plus piscine et jardin, vous feront peut être repenser la sagesse d’avoir voté NON au référendum sur le transport en commun dans Metro Vancouver. Tout se paye ! Bien sûr il y aura un allègement quand ces projets (décidés sans référendum) seront complétés, mais la population de Metro Vancouver aura continué de croître et, comme la nature a horreur du vide, ces nouvelles artères se rempliront de nouveau et nous serons revenus à la case départ, mais il n’y aura pas d’augmentation de ,05% de la taxe de vente !
Comme Donald Lautrec aurait pu chanter en 1972
« Oh l’autobus s’en vient par icitte » « Mais la maudite a s’en vient pas vite »*
ndlr *merci Donald Lautrec, et Luc Plamondon