Les nombreuses voix d’Hapa-Palooza

L’équipe d’Hapa-Palooza au Hapa Family Day 2014, Île de Granville.

L’équipe d’Hapa-Palooza au Hapa Family Day 2014, Île de Granville.


Les métis de Vancouver et d’ailleurs ont rendez-vous dès le 16 septembre pour le coup d’envoi du cinquième festival Hapa-Palooza, le plus grand rassemblement d’Amérique dédié aux cultures mixtes. Dans un océan de voix, cinq jours de partage, de rencontres et d’histoires pour remonter les racines de la diversité et reconstituer le casse-tête de ses origines.

Certaines communautés sont, en apparence, facilement identifiables : les Caucasiens, les Asiatiques, les Africains… Et puis il y a les communautés mixtes. Les hybrides de l’identité, les «sangs-mêlés» aux origines multiples, qui appartiennent à plusieurs groupes ethnoculturels et à aucun à la fois. Hapa-Palooza donne une voix et un visage à ces cultures mélangées et souligne la richesse – et la réalité – d’une diversité qui va bien au-delà des simples apparences physiques.

« Au pays du multiculturalisme, nous avons voulu permettre aux personnes d’ascendances mixtes de dialoguer ensemble, toutes générations confondues », nous explique Anna Ling Kaye, co-fondatrice de l’évènement, qui résume l’esprit du festival par ces mots : « Avec Hapa-Palooza, nous célébrons nos différences mais également la beauté de ce qui rapproche toutes les personnes aux origines multiples ».

Enfants heureux durant le Hapa Day in the Park 2011. | Photo par Jennifer Strang

Enfants heureux durant le Hapa Day in the Park 2011. | Photo par Jennifer Strang

Célébrer cet autre visage de la diversité

Hapa-Palooza se présente comme un festival, un forum d’interactions et de partage, mais aussi comme un porte-voix : il est à la fois un pont entre les cultures mixtes, un ambassadeur auprès du grand public et un phare pour les générations futures. Les évènements disséminés dans la ville sont autant d’invitations à la célébration dans un foisonnement d’expressions artistiques qui mettent en scène littérature, musique, cinéma ou encore arts graphiques, couplés à des rassemblements ludiques et familiaux, comme le fameux pique-nique du Hapa Family Day in the Park, sur l’Île Granville. Et le mouvement ne se borne pas au festival. Comme le précise Anna, « grâce à la création d’une structure à but non lucratif, nous sommes en mesure d’exister toute l’année, plutôt que de ne bénéficier que d’un pic de visibilité durant le seul festival ».

Une programmation 2015 sous le signe de l’éducation

Selon les chiffres de l’Enquête nationale canadienne auprès des ménages, le nombre d’unions mixtes a doublé en vingt ans et représentait 4,6% des foyers en 2011. Ces derniers posent la question de la transmission de cultures et origines multiples aux enfants issus de la mixité.

C’est l’un des accents donnés cette année au festival, avec une rencontre majeure sur le thème de l’éducation et un atelier mené par l’auteure et sociologue Sharon Chang : Responsabiliser les enfants issus de la mixité dans un monde racialisé. « Les jeunes d’ascendances mixtes forment le groupe démographique qui connaît la plus forte croissance en Amérique du Nord », rappelle Anna. Après le combat pour les droits des unions mixtes, vient le temps du combat pour la préservation et la valorisation des identités. Celui-ci passe par la reconnaissance de ses propres racines, leur acceptation par les autres, mais aussi par leur transmission. Or le combat de l’identité est justement celui de la diversité.

À voix nombreuses, nombreux défis

Hapa-Palooza pose une autre question : celle du rassemblement de mélanges culturels souvent uniques et non-assimilables à une « communauté ». Dès lors, comment concilier les cultures et façonner un sentiment d’appartenance au mouvement ? « Nous partageons avant tout des histoires », explique Anna. « Chaque histoire est le produit d’un mélange culturel unique, mais chacune s’inscrit au carrefour de tous nos héritages – et nous interroge ainsi sur nos propres origines. Plus nous les racontons, plus nous nous constatons que nous ne sommes pas si différents, en fin de compte ».

Établir l’existence d’une communauté de différences passe ainsi par l’éveil des consciences au sein même des cultures mixtes. Un phénomène social nouveau qui devra compter sur l’engagement de tous.

Festival Hapa-Palooza
Du 16 au 20 septembre

Programmation et dates : www.hapapalooza.com