Danser la relation parent-enfant

Photo par Chris Randle

Photo par Chris Randle

À l’occasion de la Fête de la Culture, qui se tiendra du 25 au 27 septembre, sera diffusé un court documentaire : Danser la parentalité. Celui-ci explore le processus créatif d’un groupe de parents et de leurs enfants de 0 à 4 ans, sous la supervision de la danseuse et chorégraphe Julie Lebel.

Une initiative remarquée et une pratique de la danse qui va bien au-delà de sa vocation artistique originelle…

Selon une vision classique, l’artiste crée et le public observe, le professeur enseigne et l’élève apprend. L’approche de Julie Lebel et de son groupe Foolish Operations Ensemble est différente. Elle se distingue par l’absence de leçons pré-définies ou d’apprentissage de techniques élaborées.

« L’ambition est de créer ensemble, en toute liberté, sans distinction d’origines, de générations ou d’aptitudes », nous explique-t-elle.

La démarche de Julie a beau être celle d’une mère, elle a d’abord une vocation artistique :
celle d’une danseuse et chorégraphe pour qui le travail réalisé par les parents a autant d’importance que celui des enfants.

Pour autant, certains n’hésitent pas à y voir bien plus que de simples sessions inter-générationnelles de danse libre.

Du processus créatif au support d’expression

Au cours d’un cycle de conférences, qui s’est tenu en janvier dernier autour du projet Danser la parentalité, Susan Hoppenfeld, Directrice du Karen and Gary Simkin Family Child Development Centre, comparait le travail de Julie à l’approche Reggio Emilia. Il s’agit d’une philosophie de l’éducation, développée au cours des années 60 et basée sur l’absence de hiérarchie et une expérience de l’apprentissage commune au enfants et aux adultes.

« Les participants au projet de Julie sont tous co-constructeurs de leur propre expérience », décrit-elle. « Les enfants ne sont pas des récepteurs passifs : ils font des choix, résolvent des problèmes et explorent leur physicalité seuls et en relation avec les autres sans aucune contrainte extérieure ».

Le corps n’est plus seulement support à l’éducation physique : il est un terrain d’apprentissage, celui de la communication. L’un des fameux « cent langages de l’enfant », qu’évoque le fondateur de la méthode.

À l’heure où le projet artistique de départ se démocratise avec l’ouverture de classes d’introduction publiques, assiste-t-on à l’émergence d’un nouveau courant d’éducation par l’art dédié aux préscolaires ?

Je-Nous-Ensemble

L’approche Reggio Emilia est centrée sur l’enfant. Ce n’est pas le cas de celle de Julie Lebel, qui s’attache d’abord à renouer la relation des parents avec leur corps, par le biais de la danse. Elle insiste sur la « dimension communautaire » de son projet : celle de la création de liens entre des parents et des enfants en-dehors d’une cellule familiale qui peut rapidement se transformer en spirale.

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Danser la parentalité. | Photo par Chris Randle

« Il est facile de vivre nos expériences à travers l’enfant », nous explique Julie, « mais si l’on ne prête pas attention à nos besoins d’adultes, on souffre – et toute la famille en souffre ».

Adresser les besoins des parents est ainsi essentiel à la démarche, car l’enfant n’est pas stimulé si le parent ne l’est pas lui-même. Une formule que Julie emprunte à son mentor, Patricia Reedy, directrice de l’Enseignement et de l’Apprentissage au Luna Dance Institute, en Californie : « Entre les parents et l’enfant, il n’y a pas de nous s’il n’y a pas de je. Et de la même manière, il ne peut y avoir d’ensemble s’il n’y a pas de nous. »

Une autre réponse au rôle de l’art dans la communauté

Le véritable courant actuel est celui de ces artistes qui investissent de leur travail la scène publique et la société civile. De l’Art engagé au Art for Social Change et jusqu’aux Mixed-ability Arts, les pratiques artistiques assument un rôle social qui nous interpelle et nous révèle.

Ces initiatives présentent des dimensions pour certaines politiques, pour d’autres thérapeutiques, ludiques, récréatives ou éducatives.

Dans ce grand orchestre, la danse ouvre une nouvelle voie : celle du développement humain par l’exploration et la réappropriation de leur corps par les parents en même temps que la découverte du leur par les enfants.

Un moment de jeu déstructuré et égalitaire qui les rassemble ici et dans l’instant.

 

Festival de la Culture
Du 25 au 27 septembre 2015
Programmation et dates : www.bc.culturedays.ca