Longtemps perçue comme une singularité anglophone, sur les bords du Pacifique, la Colombie-Britannique s’affiche désormais en championne d’une francophonie épanouie et rayonnante, au-delà même de ses frontières provinciales dans un cadre largement ouvert sur la diversité culturelle. Le Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) de l’Université Simon Fraser (SFU) joue son rôle dans cette louable avancée.
S’investissant dans la diffusion de programmes éducatifs post-secondaires en français, le BAFF a récemment nommé sa nouvelle directrice-adjointe, Mme Marianne Jacquet, spécialiste des questions de politique des pratiques d’éducation multiculturelle en contexte migratoire et francophone minoritaire. Son parcours, nouvelles fonctions, projets et aspirations nous permettent d’apprécier la qualité, l’adaptabilité, et la flexibilité du dispositif et des prestations mises en œuvre par le BAFF ainsi que d’en visualiser les perspectives répondant aux nouveaux enjeux d’une francophonie désormais plurielle.
Une francophonie en mutation et en expansion globale
Depuis plusieurs décennies, le monde connaît d’importantes mutations migratoires et démographiques bouleversant les concepts traditionnels d’homogénéité : identitaires, linguistiques et culturels. L’Organisation internationale de la francophonie recensait en 2014 quelque 274 millions de francophones dans le monde. Alors que la francophonie aurait légèrement régressé en Europe, au Canada, une diversité culturelle éclairée fertilise une francophonie d’une croissante hétérogénéité. En 2011, près de 10 millions de Canadiens déclaraient pouvoir soutenir une conversation en français, comparativement à moins de 9,6 millions en 2006. La Colombie-Britannique compte actuellement quelque 290 000 citoyens qui parlent français, dont 70 000 ont le français comme langue maternelle.
Naissance du BAFF et renouveau de la francophonie en C.-B.
Le Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) a vu le jour en 2004 sous l’impulsion de représentants d’organisations telles que le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF), la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB), Canadian Parents for French (CPF), et en collaboration avec le ministère provincial de l’Éducation supérieure et de Patrimoine canadien au niveau fédéral. La principale mission du BAFF est de favoriser l’accès à des programmes d’études postsecondaires en français en Colombie-Britannique. En outre, l’institution organise régulièrement des activités culturelles visant à promouvoir la langue française tant sur le campus qu’à l’extérieur de l’université.
Au diapason de la communauté francophone du Grand Ouest
Mme Jacquet possède une solide expérience en développement et gestion de programmes universitaires. Parallèlement à sa carrière universitaire d’enseignante-chercheuse, elle a travaillé comme consultante sur des questions liées aux compétences essentielles des immigrants, ainsi qu’à la scolarisation d’enfants issus de l’immigration au Québec et en Colombie-Britannique.
« En tant que directrice adjointe pour les programmes en éducation, il me paraît très important de continuer à tisser des liens de proximité avec la communauté francophone et francophile de Colombie-Britannique… »
précise Marianne Jacquet.
Dans son rôle de directrice-adjointe du BAFF, Marianne Jacquet doit s’assurer que les programmes offerts par la faculté d’Éducation depuis le premier cycle – formation des enseignants-, en passant par le deuxième cycle – maîtrise sur l’enseignement du français en contexte de diversité –, au troisième cycle avec le doctorat en leadership éducationnel sur la gestion de la diversité –, répondent bien aux besoins de la communauté éducative dans la province en particulier, mais également aux besoins des francophones et des francophiles établis dans d’autres provinces canadiennes où le français est minoritaire.
La fonction du BAFF, n’est pas d’être la locomotive identitaire de la francophonie mais de valoriser l’apprentissage du français en Colombie-Britannique, en ouvrant l’accès à un éventail d’études post- secondaires dans cette langue.
Une autre priorité pour Marianne Jacquet est d’être à l’écoute de la communauté éducative afin d’apporter des réponses adaptées aux différents besoins. Notons, dans ce cadre l’organisation par le BAFF d’un atelier Bootcamp à la mi-novembre. Ce court stage comprendra des activités culturelles et linguistiques en français destinées à soutenir la pratique pédagogique des enseignants de français langue seconde.
Nouvelle vision d’une francophonie internationale
Une langue est une manière d’être, de construire une réalité, de percevoir et de penser. Au cours des deux dernières décennies, le visage de la francophonie au Canada semble avoir perdu quelques-uns de ses traits identitaires. La nouvelle francophonie n’est plus nécessairement ancrée dans le maillage traditionnel et séculaire du paysage canadien. Elle change de visage, elle se re-énergise. Marianne Jacquet parle d’ « une francophonie qui est multiculturelle et plurilingue, et même dans une plus grande perspective, une francophonie internationale… »
Désormais, vivre la francophonie ne se limite plus à une tradition, mais à une disposition, un état d’esprit, une volonté d’expression ainsi qu’à une mobilisation vers l’échange et le dialogue, exprimant réellement une autre manière d’être en lien direct avec le monde.